Ce 4 avril fête l’accession du Sénégal à l’indépendance. Un jour de tout un peuple mais encore plus pour les hommes de tenues, pour qui ce jour est réjouissance et fierté.
Intéressons-nous aux civils venus assister à l’évènement sur la place de la nation.
Pères et mères de famille, venus avec leurs enfants, ou oncles, tenant par la main leurs neveux ou nièces peinent à faire jouir leurs yeux du spectacle. Tôt vers les premières heures les citoyens ont pris d’assaut l’allée du Centenaire qui accueille le défilé. Et constat, ces allées se remplissent assez vite. L’on ne compte que trois rangées. Frustrés, certains ne patientent pas très longtemps. Et les petits de taille souffrent le plus de cette situation.
En repartant dépité, des mots décrivant leur frustration s’échappent de leurs bouches. Dans la foulée, Ndeye Marième Sagna, tenant ses petits tente de se frayer un chemin pour rentrer. 《C’est ma première fois. Je tenais à faire voir le défilé à mes garçons qui me disent qu’ils veulent ressembler aux soldats,》dit-elle les épaules basses. Selon Mme Sagna, l’heure à laquelle elle est arrivée est convenable. 《9h30, j’étais là. A cette heure déjà les premières places étaient prises》, lâche-t-elle comme pour se donner bonne conscience.
Sur la piste les hommes en tenue défilent. Sur les allées aussi les citoyens offrent un défilé de vas-et-vients sans répit.
Cependant, d’après ce qu’ils montrent, cela ne les empêchent pas de profiter aussi du spectacle. Malgré la fatigue, le vent qui fouette parfois le sable sur leurs visages, ils trouvent le plaisir d’applaudir lorsque passent des corps militaires.
De temps à autre, un citoyen arrive, seul ou accompagné, jettent un coup d’oeil, affiche un air surpris, grogne quelques mots inaudibles et repart tenter sa chance ailleurs.
L’accès relève d’un combat titanesque pour beaucoup d’entre eux, surtout les enfants ; le retour dix fois plus. Impossible de trouver un chemin.《Tu viens, tu ne peux rien voir, tu veux ressortir, on te bloque》, se plaint-Momar Diaw, un sifflet des couleurs du Sénégal autour du cou.
Sur des bancs, du haut des murs, ils se hissent, aucune solution n’est de trop pour avoir un oeil sur ce qui se passe. Les écrans géants ne semblent pas les satisfaire.
Ceux qui, ont la chance de le voir de près ne manquent pas de montrer leur fierté à chaque passage. Cris de fierté et applaudissements leur fait presque oublier leurs pieds et dos qui leur réclament une pause. Au niveau de la rue qui débouche sur la mosquée de Colobane, Elimane Diatta cherche du regard, une place vide.
《Le plus important pour moi est que mon garçon puisse voir le spectacle》, dit-il profitant du départ de quelqu’un pour se faufiler tranquillement dans les rangs serrés. De fait, M.Diatta place son fils au niveau de son cou, pour le faire profiter du défilé. L’engouement des parents à faire voir le défilé de ce 4avril aux enfants intrigue. Interrogé sur la question, Vieux Sarr y trouve une explication : 《A leur jeune âge, les enfants sont fascinés par les hommes en tenues. Tout comme être hôtesse de l’air a hanté le rêve de beaucoup de petites filles, porter une tenue militaire et faire le macho aussi est un rêve pour les garçons. Je crois, poursuit-il, que c’est beaucoup plus une incitation à aimer le droit chemin pour que demain, ils y restent》, argumente-le sieur Sarr.

