Matam – Ramadan : Le marché se fait avant le lever du soleil

Thierno Baye Diène, Matam.
Le ramadan poursuit son bonhomme de chemin et les marchés se sont aussitôt adaptés à son rythme. Les habitudes des femmes sont bousculées, désormais le marché se fait à une heure très matinale. « Je suis sur place dès 06h30 et je vois mes premières clientes une dizaine de minutes plus tard » renseigne de prime abord Daya, une vendeuse de poisson.
En effet, en ce mois de privation pour les musulmans, le marché ouvre très tôt ses portes. Les femmes pour la plupart quittent leur domicile juste après la prière de l’aube à l’image de Thioula Hott, 43 ans, seconde épouse de son mari, : « ça fait aujourd’hui plusieurs années que je fais mon marché aux premières lueurs du jour, en période de ramadan. En temps normal, je pars au marché au-delà de 08 heures, c’est-à-dire après que mes enfants soient déjà partis à l’école. Mais avec le ramadan, j’ai changé mes habitudes. » Explique-t-elle et d’ajouter en guise de justification « c’est plus commode d’enchainer que de se rendormir après le repas qui marque le début du jeûne. En cette période de ramadan, si tu te rends au marché à 09 heures, tu ne trouveras rien du tout. » Fama abonde dans le même sens « quand tu viens au marché au-delà de 09 heures, tu ne trouveras que des restes c’est pourquoi pour éviter tout cela, je viens très tôt mais surtout pour avoir des légumes de qualité. »
Il est 10 heures lorsque nous sommes arrivés au marché de Thilogne. Les étals sont loin d’avoir un aspect reluisant et certaines vendeuses avaient même commencé à plier bagages. Daya, elle n’a pas encore commencé à ranger ses affaires, il lui reste quelques poissons et elle veut rester un peu encore pour tout écouler. « J’ai déjà vendu les 1/3 de mes poissons avant 09 heures, mais puisque j’ai des dépenses à effectuer, alors je reste dans l’espoir de tout vendre avant de rentrer ». La chaleur des rayons de soleil se fait de plus en plus sentir et une nuée de mouches voltigeait sur ses poissons. En réalité, elle a écoulé ses meilleurs produits, « les premières clientes ont acheté mes poissons de qualité, alors pour ne pas avoir d’invendus, je casse le prix ».
C’est au coucher du soleil qu’il est autorisé de manger en cette période de ramadan mais déjà durant tout le mois c’est une véritable course aux légumes à laquelle se livrent les femmes du Fouta.