Le verdict du procès Abéhi à Abidjan a été prononcé tard dans la nuit de jeudi 11 janvier. Alors que le commandant de gendarmerie considéré comme un pilier du système sécuritaire de l’ex-président Gbagbo était poursuivi pour « complot contre l’autorité de l’Etat », la cour d’assises l’a condamné, ainsi que trois autres prévenus, à 10 ans de réclusion.
Alors que le procureur général avait requis la prison à perpétuité pour l’ensemble des 12 prévenus, en décembre 2012, finalement les jurés n’auront condamnés à dix ans de prison que quatre des coaccusés, faisant part notamment de circonstances atténuantes.
« On leur reproche de s’être rencontrés à divers endroits d’Abidjan et d’avoir décidé de renverser les autorités du pays ». Ils auraient été prêts à passer à l’action avec l’attaque du camp d’Agban, à Abidjan, « le 23 décembre 2012 » a expliqué Elise Ajavon, avocat du sergent-chef de police Cyprien Lorougnon Dragbo.
Au sortir du verdict, difficile de savoir si maître Soungalo Coulibaly, avocat de l’Etat ivoirien, est satisfait ou pas. « Par rapport à ceux qui ont été acquittés, j’espère que la cour a pensé qu’ils n’étaient pas très impliqués dans le processus de déstabilisation des institutions en place. Ils ont estimé qu’ils bénéficiaient de circonstances atténuantes », a-t-il déclaré.
Raoul Gohi Bi, l’avocat du commandant Jean-Noël Abéhi, lui estime que ce jugement n’est pas cohérent, et manque de courage. Selon lui, soit son client est coupable et doit être lourdement condamné, soit il ne l’est pas et doit être élargi. « Je pense que cette décision manque un peu de courage, a-t-il affirmé. On aurait pu aller jusqu’au bout dans ce courage-là pour arriver à l’acquittement. J’ai le sentiment qu’on a voulu faire, ce que moi, je n’aime pas en droit : donner l’impression que l’on a été gentil en laissant toutefois planer l’accusation. Je ne sais pas ce que signifie avoir des circonstances atténuantes dans ce genre de situation ».
L’avocat d’Abéhi conclut qu’il fera appel de ce verdict ce vendredi 12 janvier. Les quatre condamnés eux retournent en prison, tandis que les huit autres prévenus acquittés retrouvent eux la liberté.
Pour rappel, le commandant Abéhi avait fui au Ghana après la crise post-électorale de décembre 2010-avril 2011 qui a fait environ 3 000 morts et la chute de Laurent Gbagbo. Il y avait été arrêté et extradé en Côte d’Ivoire en février 2013. Il est considéré par ses détracteurs et des ONG comme l’un des principaux responsables d’exactions commises sous le régime Gbagbo.

