De Chérif Abdou Aziz TOURÉ, Tivaouane
La frontière entre le sacré et le profane est souvent ténue chez certains artistes sénégalais. Les mélodies deviennent alors un mélange contre-nature où le spirituel est placé au cœur de l’ambiance mondaine, un sacrilège pour certains qui prônent une séparation nette entre la religion et la musique.
Interrogé sur la question M. Sathio Dandio donne son avis. Il affirme : « Je ne n’apprécie pas cette attitude de la part des chanteurs. Quelqu’un comme notre prophète Seydina Mouhamed (PSL) nous a amené l’Islam et nous a permis de bénéficier de notre religion et ici à Tivaouane nous retrouvons El Hadj Malick Sy. C’est grands hommes méritent autre chose que d’être chantés dans des boîtes de nuit. C’est inacceptable ! Ces gens veulent certainement pervertir l’héritage de ces guides religieux et combattre l’Islam. De plus il est très difficile d’apprendre quelque chose à un ignorant. Si ces chanteurs étaient conscients du grand péché qu’ils commettent, ils feraient certainement plus attention. Dans tous les cas, l’Etat doit prendre ses responsabilités, de même que les guides religieux qui doivent sensibiliser leurs talibés (disciples) à travers leurs conférences et autres rassemblements religieux. »
Rencontrée sur son lieu de travail, cette jeune dame abonde dans le même sens : « au Sénégal, on ne fait pas la part entre le divertissement et la religion. Les artistes se permettent tous les abus et c’est dommage. On peut prendre pour exemple le cas de Waly Seck qui s’est permis de chanter Daroul Habibi, un poème sacré de Mame Abdoul Aziz Sy Dabakh sur le saint prophète (PSL). Personne ne devrait pervertir ce genre de chose et le destiner à la danse et au loisir. C’est vraiment regrettable. »
Pour sa part, Oustaz Abdou Aziz Doucouré connu à Tivaouane pour ses prêches dans certaines radios de la place, pense qu’il s’agit tout simplement d’une faiblesse de la part des musulmans. Il s’explique : « un sympathisant de Serigne Babacar Sy ou de Serigne Fallou Mbacké n’a rien à faire dans une boîte de nuit. Maintenant si les chanteurs qui profanent le Coran et les noms des hommes de Dieu étaient sanctionnés, ils n’oseraient pas le faire. Il y a un chanteur qui a chanté Ayatoul Koursiyou et personne n’a levé le petit doigt. On ne voit jamais un chrétien railler la Bible comme on le fait avec le Coran. Mais nous les musulmans on joue avec la prière et le Coran dans les pièces de comédie. Dans tous les cas, ce n’est pas correct de notre part et ça ne le sera jamais. » De l’avis de ce prédicateur, le seul fait de fréquenter une boîte de nuit est un péché donc c’est encore plus grave lorsqu’il s’y ajoute le fait d’y chanter le Coran en jouant de la musique.

