Rideaux sur l’année 2017 et ses faits marquants en politique. Et, ce qu’on peut retenir est sans nul doute l’emprisonnement du maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall, suite à l’affaire de la caisse d’avance de la mairie de Dakar qui lui vaut un mandat de dépôt. Il y a aussi la victoire de Benno Bokk Yakaar à Dakar, un revers pour le maire de la capitale Khalifa Sall.
A Rebeuss depuis, le 7 mars 2017. Il est poursuivi pour les délits « d’escroquerie portant sur des deniers publics, de détournement de deniers publics, d’association de malfaiteurs, de blanchiment de capitaux »
Le 3 mars, le procureur de la République de Dakar, Serigne Bassirou Guèye, avait tenu une conférence de presse pour annoncer qu’une information judiciaire allait être ouverte contre M. Sall, évoquant un détournement de plus de 2,7 millions d’euros.
Un rapport de l’Inspection générale d’Etat (IGE) affirme que des fonds d’un montant de 1,83 milliards de francs CFA ont été « pris des caisses » de la ville, « sans justification », avait expliqué le magistrat. « On demande que ce soit justifié » parce que les pièces censées le faire n’ont pas été produites, avait ajouté le procureur.
Le procès du maire de Dakar devenu député entre temps avec les législatives de juillet dernier, est prévu en audience spéciale le 3 janvier 2018 après un premier report du premier procès, le 14 décembre dernier.
« Freiner Khalifa Sall et ses ambitions politiques »
Redoutable adversaire du pouvoir du Président Macky Sall, Khalifa Sall a toujours fait mordre la poussière au camp de Benno Bokk Yakaar, notamment lors des élections municipales de 2014 avec une razzia à Dakar. Avec cette belle victoire, le maire de Dakar est devenu l’adversaire à abattre par le pouvoir. Il fallait freiner Khalifa Sall dans ses ambitions politiques.
Par conséquent, la caisse d’avance de la mairie de Dakar était le ventre mou de Khalifa Sall. Et suite à un rapport de la Cour des comptes et de l’IGE, la procédure judiciaire est vite enclenchée. Une longue procédure qui va aboutir à l’inculpation du maire de la capitale avec plusieurs de ses collaborateurs. Et, c’est dans ce combat politico judiciaire que les avocats du maire entrent en jeu pour obtenir la libération soit provisoire soit sous caution. En vain, leurs aguments ne seront pas pris en compte par les différentes juridictions saisies dont la Cour d’appel de Dakar en sa chambre d’accusation, la Cour suprême sera à son tour saisie. Mais en vain. Toutes ces juridictions vont débouter ou rejeter les arguments des avocats du maire de Dakar.
Déboussolés, les avocats dénoncent « une manœuvre politique »
C’est ainsi que le procureur de la République demande une caution de prés de 2 milliards pour obtenir une liberté provisoire. Démarre alors, pour les membres et proches de sa famille une quête pour réunir la somme de 2 milliards de FCFA.
Une somme qui sera finalement réunie, mais pas en nature mais en biens immobilers. Ce que l’agent judiciaire dit niet et exige des biens en espèce, de l’argent liquide pour être précis.
Et, c’est sur ce, que le procès du maire et ses co-accusés de détenus seront fixés sur la date de leur jugement. Le 14 décembre 2017, un premier face à face avec le juge Maguette Diop qui sera finalement reporté sur demande de la défense du maire. Tout cela après avoir enlevé son immunité sur demande du procureur de la République.
Une demande à laquelle vont accéder les magistrats désignés pour cette affaire qui vont fixer la date du procès en spéciale le 3 janvier 2018.
Mais beaucopup d’analystes politiques sont catégoriques, le pouvoir veut la peau du maire rebel qui a décidé de défier non seulement la ligne tracée de conduite du parti socialiste, mais aussi de faire face au secrétaire général du PS, Ousmane Tanor Dieng. Khalifa Sall sera condamné et il se que lui-même depuis sa cellule a confié à un ses proches qu’il sait qu’il sera lourdement condamné, tel est le vœu de Macky Sall, que ses souteneurs et partisants et sympathisants désignent comme le principal instigateur de cette affaire avec l’aval de Tanor.
Des déboires judiciaires qui n’épargneront pas un de ses lieutenants en l’occurrence le maire de la Médina Bamba Fall. Mais ce dernier a eu plus de baraka, arrêté sur plainte du comité directeur du parti socialiste suite au saccage de la maison du parti socialiste le 5 mars 2015, Bamba Fall sera placé sous mandat de dépôt avec d’autres leaders et jeunes, tous réputés proches de Khalifa Sall. Bénéficiant d’une liberté provisoire, le maire de la Médina va céder sa place au maire de Dakar, qui va connaitre le début de l’assaut judiciaire avec la caisse d’avance qui va le perdre.

Khalifa Sall perd la capitale Dakar avec les législatives de 2017 au profit de Benno Bokk Yakaaar
Tenu à carreau par le pouvoir de Macky Sall, Benno Bokk Yakaar va enfin gagner les élections législatives à Dakar. Le maire n’a pas battu campagne, mais il hante les leaders de BBY. Et, au soir du scrutin très contesté par le camp de Manko Taxawou Sénégal, Amadou Ba, par ailleurs ministre des Finances crie victoire « Dakar est tombé dans l’escarcelle de Benno Bokk Yakaar », avait la tête de liste à Dakar. Une sortie très décriée par le camp adverse, Manko. Bamba Fall et Barthélémy Dias contre-attaquent en organisant une conférence de presse pour donner leurs chiffres qui les donnent gagnant à Dakar avec une « légère avance ». S’ensuit alors une guerre des chiffres entre les deux camps, car Dakar est disputée à juste raison. Capitale du Sénégal, et regroupant un vivier électoral et bon baromètre pour la présidentielle à venir. Le pouvoir en place n’envisageait pas de perdre. Et, il avait mis tous les moyens pour remporter la victoire au soir du 30 juillet 2017. C’est après que la Commission nationale indépendante va donner BBY vainqueur à Dakar et dans le Sénégal, avec 125 députés, ce qui lui assure une majorité confortable alors que Manko récolte 19 députés.
Une défaite amère pour Khalifa Sall et ses partisans qui perdent Dakar
Ainsi, après le revers des municipales de 2014, Macky Sall s’est voulu clair, pas question de perdre Dakar. Un appel qui n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Les responsables de Dakar vont mettre tous les moyens pour remporter la victoire des législatives du 30 juillet 2017.
Coup dur pour Khalifa Sall et ses partisans. Ainsi, s’achève 2017, avec ses luttes politiques marquées par la crise au parti socialiste avec le leadership fortement contesté par des jeunes aux dents longues qui accusent leur SG Tanor Dieng, de ne plus donner d’importance à ce qui fait un parti politique, la conquête du pouvoir. Une assemblée générale est prévue d’ailleurs ce 30 juillet 2018 et selon certains, le parti socialiste pro Tanor va sceller le sort de Khalifa Sall et de ses lieutenants qui refusent de suivre la ligne tracée par le PS.

L’année 2017, a vu aussi Me Aissata Tall Sall s’éloigner de plus en plus du parti socialiste qui est secoué par une crise de leadership, avec un Tanor très contesté. La mairesse de Podor va mettre sur pied son mouvement « Oser l’avenir ». Avec ce mouvement politique, l’avocate va sillonner le Sénégal à la conquête des suffrages de ses concitoyens pour devenir député. Prouesse qu’elle va réussir, elle siège à l’Assemblée nationale. Dans une interview parue dans un journal de la place, l’ancien ministre de la communication affirme que « quelque chose s’est cassée entre elle et Tanor ». Une affirmation qui confirme le malaise au parti socialiste sénégalais.

