A quelques heures de l’ouverture du sommet climat, l’initiatrice du One Planet Summit, la France devra montrer sa capacité à mobiliser Etats, ONG et entreprises dans le but d’accroître les financements de projets innovants.
Le 12 décembre, près de 4 000 invités sont conviés au « One Planet Summit » voulu par la France afin de remobiliser une communauté internationale sonnée par le retrait américain de l’accord et par l’intensification des phénomènes climatiques extrêmes. Le premier anniversaire de l’accord de Paris sur le climat est passé totalement inaperçu. Les organisateur de ce sommet espèrent qu’il en sera autrement pour les deux ans du texte scellé en 2015, lors de la 21e conférence des Nations unies (la COP21).
Le nouvel écrin culturel ‘’La Seine musicale’’ inauguré en avril sur l’île Seguin (Hauts-de-Seine) est lieu choisi pour abrité le sommet climat. Il s’articulera autour de la présentation de projets innovants, des allocutions de dirigeants et de personnalités, et de la tenue de quatre tables rondes toutes orientées vers les problématiques financières : comment soutenir la transition énergétique des territoires, avancer vers l’économie bas carbone et l’adaptation au changement climatique, mobiliser les financements publics, verdir la finance privée ?
De nombreux représentants de la finance mondiale sont attendus à cette rencontre, des élus locaux, des responsables d’ONG et une cinquantaine de chefs d’Etat et de gouvernement. Elle doit permettre d’enclencher « de nouvelles actions pour le climat, notamment sur le plan financier », argumentait Emmanuel Macron, le 8 juillet, à Hambourg, dévoilant, lors de la conférence de presse de clôture du G20, un secret jusque-là bien gardé.
« Agenda diplomatique très serré »
Le 1er juin, à l’annonce du retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris, l’Elysée avait riposté par un slogan et un site en langue anglaise, « Make Our Planet Great Again », invitant les chercheurs à venir poursuivre en France leurs travaux sur les sciences du climat. Cette fois, ce sont une centaine de pays, du Nord et du Sud, développés ou vulnérables, qui devraient envoyer des délégués à Paris. « Ce ne sera pas un sommet universel, concurrent des négociations de la COP, assure l’Elysée, mais un moment de mobilisation des Etats ainsi que des ONG, des entreprises, des banques de développement ou de diverses coalitions d’acteurs. »
« Avec cette initiative, Emmanuel Macron a entre les mains un atout fantastique pour démontrer que la France est la gardienne de l’accord de Paris et pour faire bouger le monde financier, encore trop frileux sur le dossier climat, estime Teresa Ribera, la directrice de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri). Mais son défi est de se faire entendre et de se dépêcher, car l’agenda diplomatique est très serré. »
Pour faire face à ce délai très court, la France a choisi de partager la coordination du sommet avec la Banque mondiale et le secrétariat général des Nations unies (ONU). L’institution financière dispose depuis le printemps d’une plate-forme consacrée au financement climat, une base de données utile dans la perspective du 12 décembre. La participation de l’ONU au projet constitue un gage de multilatéralisme, précieux lui aussi.
« Il faudra être à la hauteur »
Mais ce soutien politique a eu aussi pour effet d’alourdir considérablement le processus de décision. « C’est un casse-tête », concède l’entourage présidentiel. La préparation de ce rendez-vous inédit a nécessité un important suivi interministériel. Chaque jeudi, le groupe de pilotage a réuni les trois principaux acteurs du 12 décembre : les ministères de la transition écologique et solidaire, des affaires étrangères, de l’économie et des finances. Le secrétariat général du sommet, présidé par l’ancien ambassadeur, Hugues Moret, est hébergé dans les locaux du ministère de Nicolas Hulot.
Pour l’Elysée, le principal danger est de transformer cette caisse de résonance en une coquille vide, un sommet sans message fort ni avancée substantielle. « Le 12 décembre représente un enjeu de solidarité, il faudra être à la hauteur », reconnaît un conseiller, qui promet des annonces pour ce deuxième anniversaire de l’accord de Paris.
« Injecter plus de volonté politique »
Les ONG associées aux discussions préparatoires attendent, du 12 décembre, des gestes des pays riches en direction des Etats moins développés, contraints de s’adapter aux effets du réchauffement planétaire. La France est loin d’être exemplaire en la matière. En 2016, elle n’a consacré que 17 % de ses financements climat à l’aide à l’adaptation. Les organisations environnementales réclament notamment un doublement de l’aide française aux pays en développement.
« Emmanuel Macron doit injecter beaucoup plus de volonté politique pour que ce sommet ne soit pas qu’un affichage et qu’il n’aborde pas seulement la diplomatie du climat mais aussi l’exemplarité de la France en matière de transition énergétique », complète Célia Gautier, de la Fondation pour la nature et l’homme (FNH).
L’abandon du projet aéroportuaire de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) – pour lequel un rapport d’expertise est remis à l’exécutif le 13 décembre – fait partie, selon la responsable climat et énergie de la FNH, de ces points d’incohérence que la France devra résoudre pour espérer jouer les premiers rôles de ce sommet de l’ambition climatique.

