La mise en œuvre des réformes structurelles, l’exécution des projets d’infrastructures et l’amélioration du climat des affaires, sont entre autres les facteurs qui ont assurés la pente ascendante de l’économie du Sénégal.
Le Premier ministre, Mahammad Boun Abdallah Dionne, lors de sa déclaration de politique générale devant les députés, le 7 décembre dernier, s’était félicité des résultats obtenus en quatre ans de mise en œuvre du Plan Sénégal émergent (PSE). Il avait souligné que le taux de croissance du Produit intérieur brut (PIB) se projetait à 7, 0% en 2018.
« Le taux de croissance du PIB a atteint 6,7% en 2016 contre 6,5% en 2015. Il est estimé à 6,8 % en 2017 et projeté à 7,0% en 2018, une première dans l’histoire économique du Sénégal, qui n’a jamais affiché un taux de 6% sur quatre années consécutives », a-t-il fait savoir.
Le budget de la loi de finances en 2017 était de 3 360 milliards de FCFA, un montant qui a été revu à la hausse pour le compte de 2018 à 3 709,10 milliards de francs CFA. Soit une hausse de 349,2 milliards de francs CFA en valeur absolue et 10,4% en valeur relative.
Pour le compte du Projet triennal d’investissement public (PTIP), l’Etat du Sénégal a affecté 6.257,8 milliards de francs pour la période 2018-2020, soit une hausse de 1.466 milliards (30,6%) sur cette rubrique budgétaire pour la période 2017-2019.
Le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI), qui a achevé en décembre la cinquième revue des résultats économiques dans le cadre d’un programme appuyé par l’Instrument de soutien à la politique économique (ISPE), a salué « une situation macroéconomique stable ».
« Le Sénégal connaît une situation macroéconomique stable. La croissance devrait dépasser 6 % en 2017 pour la troisième année consécutive, dans un contexte de faible inflation. Le déficit budgétaire est en baisse progressive sur les dernières années et devrait atteindre 3,7 % du PIB en 2017 », décrit le FMI, dans un communiqué.
Toutefois, le document renseigne que « la dette a augmenté à un rythme plus important que ce que laisserait croire le niveau du déficit, car le Trésor a dû combler les déficits du Groupe La Poste et de la caisse de retraite de la fonction publique, en plus des dépenses au titre des budgets des années précédentes ».
Pas de risque de surendettement
La question de la dette du Sénégal avait fomenté une polémique au niveau de l’opposition et la majorité qui avaient jugé son « niveau élevé’’.
En réponse, le chef de l’Etat avait jugé que le Sénégal n’avait pas de « risque de surendettement ». Il avait d’ailleurs appelé à arrêter les « spéculations » sur cette question. « On ne peut pas passer notre temps à spéculer (…). Le Sénégal n’a pas de risque de surendettement. Il a un surendettement faible », a dit Macky Sall lors de la Revue annuelle conjointe (RAC) 2017.
Expliquant que « pour la dette extérieure sur les exportations des biens et services, la norme est à 20 % alors que le Sénégal est à 9,1%. Nous ne nous endettons pas pour faire du fonctionnement, pour payer des salaires ou pour entretenir un Etat dispendieux. Nous nous endettons pour construire le développement économique et social. Comment voulez-vous construire un développement sans dette ? », a ajouté Macky sall qui a invité à être vigilant sur la qualité de la dette.
En novembre dernier, l’ancien président Abdoulaye Wade s’alarmait de la situation économique et financière du Sénégal, qu’il jugeait « mauvaise ».
« Le Sénégal a aujourd’hui atteint un taux d’endettement de 65 % », avait dit Me Wade, ajoutant : « Lorsque j’étais professeur d’économie, on enseignait à nos étudiants qu’il ne fallait jamais dépasser un taux d’endettement de 17% pour les pays pauvres comme le Sénégal. Ce qui illustre que la situation financière du Sénégal est alarmante ».
Le FMI satisfait du Sénégal mais prévient au sujet de la dette
D’après le FMI, « les résultats du programme à la fin septembre 2017 ont été satisfaisants ». Le Fonds monétaire invite le Sénégal à « poursuivre la mise en œuvre de son programme de réformes structurelles afin de préserver le taux de croissance élevé enregistré ces dernières années ».
« Le pays a progressé dans l’exécution des projets d’infrastructures, mais il doit à présent accélérer la mise en œuvre des réformes pour améliorer le climat des affaires et attirer des investissements privés », estime l’institution de Breton Woods.
Il souligne que « le principal enjeu macroéconomique du Sénégal à court terme sera de créer l’espace budgétaire nécessaire d’une part à l’investissement en infrastructures pour faciliter le développement du secteur privé et, d’autre part, aux dépenses sociales, sans compromettre la viabilité de la dette ».
Le FMI a appelé le Sénégal à continuer à gérer sa dette avec prudence, notamment en faisant preuve de vigilance à l’égard de la dette non concessionnelle.

