Lors de la conférence mondiale sur l’élimination du travail des enfants, l’Organisation internationale du travail avertit sur les difficultés à mettre fin à ce fléau.
Le constat reste identique quand il est question de l’éradication des formes extrêmes d’exploitation et d’inégalité des enfants sur la planète : la communauté internationale constate les progrès réalisés, mais on reste très loin de l’objectif.
En ouverture de la 4e Conférence mondiale sur l’élimination durable du travail des enfants, qui s’est tenue à Buenos Aires, le directeur général de l’Organisation internationale du travail (OIT), Guy Ryder, a déclaré « Cent cinquante-deux millions d’enfants (152 millions) sont toujours victimes du travail des enfants, soit près d’un enfant sur dix dans le monde. Parmi eux, près de la moitié effectue des travaux dangereux. Nous devons reconnaître que les progrès ont été très inégaux ».
Pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) de l’Agenda 2030, établi en septembre 2015, les Etats membres des Nations unies, les organisations d’employeurs et de travailleurs, ainsi que les organisations de la société civile ont été encouragés à éliminer le travail des enfants d’ici à 2025 et le travail forcé, l’esclavage moderne et la traite d’êtres humains d’ici à 2030. A ces fins, les dirigeants des pays se sont engagés à « prendre des mesures immédiates et efficaces pour supprimer le travail forcé, mettre fin à l’esclavage moderne et à la traite d’êtres humains, à interdire et à éliminer les pires formes de travail des enfants, y compris le recrutement et l’utilisation d’enfants soldats et, d’ici à 2025, à mettre fin au travail des enfants sous toutes ses formes ».
40 millions d’« esclaves modernes »
Le constat est moins encourageant s’agissant du travail forcé. En effet, les dernières estimations de l’OIT, évoquent 40 millions de personnes « prises au piège de l’esclavage moderne », dont 25 millions s’agissant du travail forcé, et 15,4 millions concernant des mariages forcés.
Ces enfants effectuent des tâches particulièrement dangereuses : tri des déchets, trafic de stupéfiants, travail au fond des mines, mais aussi prostitution, esclavage ou participation à des conflits armés. Leur enfance leur est volée.
Malheureusement, aucun continent n’est épargné. L’Afrique sub-saharienne reste, en proportion, la région la plus touchée par le phénomène, avec près de 60 millions d’enfants, soit plus de deux sur dix, qui sont contraints de travailler. La région de l’Asie-Pacifique enregistre, quant à elle, le plus fort nombre d’enfants travailleurs : ils seraient ainsi près de 78 millions à être victimes du travail infantile. L’Amérique du Sud et du Nord, le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord et l’Europe sont également concernés.
La traite des enfants, un fléau inacceptable
La traite et l’exploitation des enfants sont des phénomènes difficiles à évaluer, du fait de leur clandestinité. Néanmoins, aujourd’hui dans le monde, on estime que plus de 20 millions de personnes, enfants et adultes sont victimes du travail forcé. Un trafic qui génère chaque année, 150 milliards de dollars de profits illicites. Les femmes et les filles représentent plus de la moitié de ces travailleurs forcés, et l’on estime qu’il y aurait plus d’1,2 million d’enfants victimes de ce phénomène.
Face à ce phénomène, la résignation n’est pas une option. Partout dans le monde, les Etats, les organisations internationales, les ONG, les associations locales et la société civile se battent pour enrayer l’exploitation des enfants par ceux-là même qui sont censés les protéger : les adultes.
Le travail et la traite des enfants ne sont pas une fatalité. En ciblant globalement et localement les causes de ce mal, nous pouvons les extraire ensemble de ce cercle vicieux. Les enfants qui bénéficient de meilleures conditions de vie et d’une scolarité normale seront demain, les adultes qui à leur tour, offriront toutes les chances de succès à leurs enfants.