Tel un déclic, la journée mondiale du diabète a été une occasion de se pencher sur les femmes vivant avec cette maladie. Les connaître, comprendre comment elles vivent nous a poussés à dresser le portrait d’une femme souffrant de diabète.
C’est une demoiselle pleine de vie qui nous accueille dans sa maison aux HLM. Calme en surface, Marie-Claude est en réalité une boule de joie. L’on l’aperçoit posée, l’on l’a découvre bouillante de l’intérieur. Drapée d’une robe blanche sertie de petits dessins en papillon de différentes couleurs, Marie-Claude respire la sérénité. Ses gestes, tout aussi spontanés que ses mots, révèlent l’authenticité de son fond.
C’est entre deux tasses de jus de citron que l’étudiante en master 1 de marketing, s’ouvre à nous.
« La boule de joie » vit avec le diabète depuis cinq années. Elle avait 19 ans lorsqu’on le lui annonce. « Cette nouvelle, dit-elle avec un rire, je l’ai reçu comme un coup de massue. Je maigrissais de jour en jour, je me sentais faible. Cela a commencé à jaser du côté des mauvaises langues qui, n’ont trouvé que la contraction d’une grossesse, à l’explication de ma flagrante perte de poids. »
Un beau jour, sa mère l’a traîné à l’hôpital, et la nouvelle est tombée. « Marie-Claude 19 ans atteinte de diabète du type 2. »
Le début de sa maladie, Marie l’a vécu comme tout début, avec tout ce que cela comporte, d’incompréhension mêlée à de la frustration d’un sentiment d’impuissance faisant un cocktail d’anxiété physique, mentale, psychologique. Comme la plupart des gens, Marie avait une idée toute faite de la maladie. Elle pensait que le diabète n’était contracté que par les personnes âgées. C’était dur pour elle de ne pas être comprise dans ses difficultés de diabétiqus de type 2 par les gens qui l’entourent.
« Comme j’étais toute seule dans la famille à l’avoir, moralement c’était dur. En fait je n’arrivais pas à me faire à l’idée que j’avais une maladie incurable. C’était très compliqué. Mon rapport à la nourriture n’est plus du tout le même. Fini l’insouciance. Fini la belle époque où je pouvais manger sans regarder l’heure, ou ignorer la contenance en glucides des aliments. Fini le beau temps où je pouvais manger sans être obligé de craindre de faire des hypoglycémies. A part ma famille proche, ma mère et mes frères, personne n’était au courant. Je refusais que l’on en parle, » confie-t-elle. Ses gestes, l’expression de son visage traduisent l’étendue de ce qu’elle a dû traverser.
A défaut de s’aimer avec son diabète, elle s’efforce de l’accepter afin de ne plus être bloquée dans ses choix de vies, ses projets, ses rêves, son avenir. « Ma maladie m’a énormément freinée dans mes projets. Parce que, je me sentais dépourvue de force dans bien des moments. Aujourd’hui je me suis assez ressaisie je crois », dit-elle comme requinquée par une magique force intérieure. « Avant d’être diabétique, je suis une femme avec les mêmes préoccupations que la plupart des femmes non diabétiques. Le diabète prend cependant une dimension toute particulière à certaines étapes de notre vie de femme. Des premières règles à la ménopause, notre corps est soumis à de nombreux changements qui ont influence sur le diabète ».
Maintenant que beaucoup savent qu’elle a cette maladie en elle, tels que ses amis, ses parents proches ou éloignés, elle reçoit beaucoup de soutien moral. « Ils me répètent que je suis courageuse. Alors oui, c’est vrai. Mais, je leur mens et en même temps je me mens à moi-même. Je dis c’est pas si terrible, que je me sens bien ou encore qu’on s’y habitue. Honnêtement je ne pense qu’on puisse s’habituer à être malade. L’on ne peut qu’accepter. Je connais bien d’autres malades et je me sens parfois un peu ridicule à côté d’eux, à me sentir si mal pour si peu. Il faut se faire une raison. Je vis désormais avec moins d’anxiété, avec le diabète : du sport, une alimentation équilibrée et toujours mon appareil de mesure de glycémie à portée de main, » dit-elle le regard profond et pétillant.
Etre jeune et vivre avec une maladie n’est jamais tout à fait facile. Seulement, il n’y a rien sur cette terre qui ne soit que dans un sens et pas dans l’autre. Car il est vrai que c’est durant notre enfance que nos plus grands rêves germent dans notre esprit. Mais, c’est pendant le début de l’âge adulte que les réaliser devient une préoccupation. Et c’est dans ce sens que l’attitude de Marie-Claude est plus que compréhensible. S’il existe une personne souhaitant vivre avec une quelconque maladie, surtout à fleur de l’âge, faites la nous connaître. Car, une telle chose est plus susceptible d’agir en stimulateur de démotivation. Comme il est tout aussi vrai, que nous portons tous en nous quelque chose qui agit pire que le diabète ou comme toute autre maladie.

