Ce 8 novembre 2017 correspond au 18 Safar 1439 du calendrier hégirien, date à laquelle les mourides du monde entier célèbrent le grand Magal de Touba. Cet événement est commémoré de préférence dans la cité religieuse mais les fidèles qui ne peuvent s’y rendre le fêtent à leur lieu de résidence.
Ainsi, des milliers de fidèles déferlent-ils dans la cité religieuse pour répondre à l’appel du Cheikh lancé il y a plus d’un siècle. Ils sont nombreux, les fidèles qui convergent vers Touba pour faire le magal c’est-à-dire rendre « hommage ou magnifier » l’œuvre de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké également appelé Serigne Touba. Le grand magal de Touba célèbre le départ en exil du Cheikh. Cet événement est considéré comme la clé de voûte de sa mission. Ses disciples de l’époque voulaient célébrer son retour d’exil car, ils pensaient qu’ils ne le reverraient plus.
Parmi les nombreux disciples mourides qui arpentent les rues de Touba, foisonnent les pèlerins qui sillonnent les rues avec leurs chaussettes. Une scène qui peut paraitre insolite pour les novices.

« Il est plus pratique de marcher avec les chaussettes surtout quand on doit visiter les mausolées et autres », explique Moustapha Ndiaye. Il est venu de Thiès pour célébrer le Magal de Touba qu’il ne saurait rater sous aucun prétexte. « Tu sais quand on visite (l’ancien ndlr) cimetière, on est obligé de se déchausser, on fait de même pour visiter les mausolées qui sont dans la grande mosquée », explique l’adolescent.
Dans une des rues qui mènent à la bibliothèque de Daraay Kamil, un petit groupe de jeunes forme un cercle autour d’un vendeur de chaussettes. Ils inspectent du regard la marchandise du commerçant puis commencent à marchander avec lui. Après quelques minutes de négociations un jeune homme parmi le groupuscule d’enfants s’en va avec sa nouvelle paire de chaussettes. Le vendeur lui est manifestement content de sa transaction.
« La vente de chaussettes ? Bien sûr que ça marche. Les gens viennent l’acheter parce que c’est plus commode quand on veut faire son ziarrat. C’est la première fois que je vends des chaussettes à Touba et je le referai l’année prochaine. Avant je venais juste en tant que pèlerin », nous explique Matar Diagne devant son tas de chaussettes.

Les chaussettes que vend Matar Diagne varient entre 300, 400 et 500 francs cfa. Celles que portent Mody Fall sont plus chères et sont faites en cuir, « on les appelle kawass hizbut tarqiyya », nous informe-t-il. Nous l’avons trouvé dans la cour de la grande mosquée de Touba admirant ce joyau architectural. «Ces chaussettes je les ai confectionnées moi-même et leur prix varie entre 3 000 et 3 500 fr à Ngaye mais elles sont également vendues ici à Touba », affirme Mody Fall, avant de prendre congé de nous et disparaître dans la forêt humaine de la grande mosquée.

