Le Président zimbabwéen n’aura tenu que quelques heures en tant qu’ambassadeur de bonne volonté. Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l’OMS est finalement revenu sur sa décision de nommer Robert Mugabe, ambassadeur de bonne volonté de l’Organisation mondiale de la santé pour les maladies non-transmissibles. Quelques heures après son tweet que l’on peut interpréter comme le « Je vous ai compris » de cette polémique, l’OMS a finalement décidé d’abroger la nomination.
Il faut dire qu’il y a eu une vraie levée de bouclier contre Mugabe. L’OMS était sous le feu des critiques avec cette nomination. Partout dans le monde, des voix se sont rapidement élevées pour demander à l’OMS d’annuler la nomination de Robert Mugabe comme ambassadeur de bonne volonté pour les maladies non transmissibles. Dernière réaction en date : celle du Canada. Dans un communiqué le ministère des Affaires mondiales du pays explique « qu’étant donné la gravité des violations des droits de la personne sous le régime Mugabe, une nomination de ce genre est inconcevable et inacceptable. »
Organisations des droits de l’homme et oppposition au Zimbabwé ont crié au scandale. L’opposition a regretté la nomination parce que, dit-elle, Mugabe lui-même et sa femme se font soignés à Singapour pour n’avoir rien fait dans le domaine de la santé pour leur pays. Selon la presse zimbabwéenne, le système de santé s’est considérablement dégradé sous le régime de Mugabe.
Au niveau international, il y a eu une levée de boucliers de la part de la Grande-Bretagne, des Etats-Unis, etc.
« Le gouvernement américain a imposé des sanctions contre le Président Mugabe en raison de crimes contre son peuple et de la menace qu’il représente pour la paix et la stabilité. Cette nomination contredit clairement les idéaux des Nations unies de respect des droits de l’homme et de la dignité humaine », a affirmé le département d’Etat américain.
Pour sa part, Justin Trudeau, le Premier ministre canadien, avait dénoncé une décision « ridicule » et « inacceptable ».
Après « l’affaire Mugabe », l’OMS a un peu plus terni son image
D’après RFI Afrique, le choix de Robert Mugabe comme ambassadeur de bonne volonté et le tollé qui a suivi marquent indéniablement un faux pas, qui écorne à nouveau l’image de l’OMS. D’autant qu’en revenant sur sa décision, Tedros Adhanom n’a ni expliqué les raisons qui avaient motivé son choix ni exprimé de regrets.
Ce nouveau couac va-t-il précipiter une réforme de l’OMS et plus largement des organisations onusiennes, comme le réclament plusieurs ONG et Washington ?
En tout cas, les critiques se multiplient, comme lors de l’élection de l’Arabie saoudite à la Commission des droits des femmes de l’ONU en avril dernier, ou de la RDC au Conseil onusien des droits de l’homme mi-octobre.
« Nommer l’un des tyrans les plus connus était une décision scandaleuse : Mugabe a écrasé toute opposition, détruit l’économie et le système de santé, témoigne Hillel Neuer, directeur de l’ONG. Je me félicite que le Canada, la Grande-Bretagne et d’autres pays aient dénoncé cette décision, mais ça ne devrait pas s’arrêter là. Nous devons savoir si l’OMS peut regagner la confiance de la communauté internationale; c’est pour cela que nous demandons la mise en place d’une commission d’enquête internationale indépendante pour comprendre comment cela a pu arriver.
Nous appelons aussi le docteur Tedros à exprimer ses regrets, ce qui n’a pas été le cas dans ses déclarations. Nous lui demandons de rencontrer des victimes du régime zimbabwéen, parce que sa décision de la semaine dernière était désastreuse et qu’il faut plus que l’annuler pour la faire oublier. Il faut un geste fort envers les victimes de violations des droits humains au Zimbabwe, » témoigne Hillel Neuer, directeur de l’ONG.
Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré avoir « annulé », ce dimanche 22 octobre, la nomination du président du Zimbabwe, Robert Mugabe, comme ambassadeur de bonne volonté auprès de l’OMS, expliquant que cela était dans l’intérêt de l’agence de l’ONU après la controverse provoquée par sa décision.
Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), dit avoir réfléchi. Son souhait dit-il, « était d’associer tout le monde à l’amélioration des systèmes de soin ». Alors, avec cette annulation, il veut mettre un terme à la polémique. Hier soir dans un tweet il disait déjà « qu’il entendait les inquiétudes ».

