De Youssouf DIMMA, Ziguinchor
Depuis son inauguration le 20 février 2015 par le chef de l’Etat, Macky Sall, l’hôpital de la Paix de Ziguinchor traverse des crises internes par intermittence. Ce sont des mots d’ordre de grève décrétés tantôt à la va-vite par des travailleurs qui ne savent plus à quel saint se vouer. Du coup, prennent les populations de court. Tantôt en les prévenant à leur manière sans s’en expliquer suffisamment, en étalant simplement les difficultés dont souffre cet établissement de santé, à défaut du port de brassards rouges. Selon les informations reçues ce mardi 19 septembre, vers les coups de 21h 30min, « une réunion extraordinaire a été convoquée ce mercredi 20 septembre, dans après-midi au ministère de la santé pour statuer exclusivement sur le cas de l’Hôpital de la Paix de Ziguinchor ». Rien n’y a encore filtré.
Les difficultés rencontrées
Ces difficultés tournent presque toujours autour des mêmes points depuis 2015. Il s’agit notamment de l’étanchéité qui ne retient plus les eaux de pluie, et ce, depuis plusieurs mois maintenant, malgré les travaux commandités par la direction via la principale entreprise en charge de ce volet. Selon le directeur, cette entreprise y est venue récemment, elle y a même laissé quelques matériels pour revenir terminer les travaux de réparation. Mais cela n’a pas satisfait les travailleurs qui parlent de « semblants de réparation ».
Les travailleurs dénoncent aussi le non-paiement de leurs indemnités. Certaines primes et indemnités sont dues depuis le mois de juin 2017, d’autres depuis sept mois maintenant. Le directeur reconnaît cela, mais promet de « payer l’ensemble des primes et indemnités dès que possible ». Pour lui, « cette situation n’est pas nouvelle, mais la direction de l’hôpital s’en acquitte toujours et est bien disposée à le faire. »
Les travailleurs de l’hôpital de la Paix exigent d’autre part le versement de près d’un an de cotisations sociales, notamment à l’Institut de Prévoyance Retraite du Sénégal et à la Caisse de Sécurité Sociale. Sur ce, le directeur de l’hôpital de la Paix a informé avoir prévenu les travailleurs, leur disant que cette situation était prévisible puisqu’il avait pris sur lui la responsabilité de payer tous les salaires à l’approche de la Tabaski. Fadel Sarr a indiqué que cette autre situation devrait être dépassée sous peu.

En plus des griefs relatifs à leurs propres situations, les travailleurs brandissent d’autres se rapportant à leurs conditions de travail. C’est le cas, selon Dr Valentin William, interrogé par teranganews.sn, « du défaut d’assainissement et de voirie, de l’éclairage défectueux, du tapis herbacé qu’il faut enlever de la cour de l’hôpital, des ruptures incessantes de médicaments et de produits de laboratoire, etc. ».
Le directeur Fadel Sarr a indiqué à propos des médicaments et des produits de laboratoire, avoir « déjà passé une commande livrée depuis vendredi dernier par la Pharmacie Régionale d’Approvisionnement » avant de préciser que l’éclairage et la voirie dépendaient de la tutelle.
De temps en temps, les travailleurs qui s’en prennent tant au ministère de la santé que de la direction de l’établissement, en rajoutent une ou deux, au gré des différentes mises à jour qu’ils opèrent sur leur plateforme revendicative.
Si du côté de l’autorité, le ministère de tutelle reste aphone, le directeur de l’hôpital de la Paix, M. Fadel Sarr est, au contraire, prompt à répondre à tous les griefs portés contre l’organe qu’il dirige. Ce qu’il fait tant bien que mal.
La lutte monte d’un cran
C’est, notamment, le cas cette semaine avec le changement de stratégie des travailleurs de l’hôpital de la Paix qui ont initié un mouvement d’humeur depuis le 8 septembre 2017, et qu’ils déroulent en deux temps.
En effet, ces travailleurs ont d’abord mis la pédale douce du 8 au 17 septembre, soit pendant 10 jours, en arborant simplement des brassards rouges aux heures de travail. Selon leurs dirigeants interrogés par teranganews.sn, « le port de brassards rouges avait un double objectif : alerter à nouveau la direction de l’hôpital et prévenir les patients ».
Et, ces travailleurs semblent avoir atteint ce double objectif. Au sens où non seulement les Ziguinchorois ont été largement mis au parfum que quelque chose n’allait toujours pas dans ce joyau aux carreaux brillants, mais aussi la direction avait immédiatement réagi en les invitant à la table des négociations. Seulement, les négociations escomptées n’ont finalement pas été engagées. La pomme de discorde avait été l’objet de la rencontre.
Le directeur de l’hôpital de la Paix, Fadel Sarr avait prévu de revenir « sur l’état des lieux en rapport avec les possibilités financières » de l’établissement de santé ; une manière pour lui remettre sur la table ce qui pouvait être supporté et ce qui ne le pouvait pas. Les travailleurs, représentés par leurs dirigeants, qui ne sont autres que les différents secrétaires généraux des cellules locales des syndicats du système de santé de notre pays, optaient eux, pour que la discussion porte exclusivement sur les points listés sur leur plateforme revendicative.
Pour « montrer leurs muscles » et contraindre le directeur de l’hôpital de la Paix à revenir à la table des négociations, les travailleurs ont décrété ce lundi 18 septembre 2017, « un mot d’ordre de grève de 24 heures renouvelables » ; ceci, à l’issue d’une assemblée générale tenue dans l’enceinte de leur établissement.
En réponse, leur directeur les convoque à la table des négociations le même jour, précisément à 16 heures. Au sortir de leur rencontre ayant duré toute l’après-midi du lundi, la consternation se lisait sur les visages des représentants des travailleurs. Cela augurait déjà de lendemains incertains quant à une issue heureuse de leur mouvement d’humeur.
Ce mardi 19 septembre 2017, ces derniers ont rendu compte à leurs « mandants » lors d’une deuxième assemblée générale. La « déception » est le sentiment le mieux partagé chez les travailleurs qui demandent qu’au lieu « d’un mot d’ordre de 24 heures », ce soit « un mot d’ordre de 48 heures renouvelables autant de fois que nécessaire » qui soit décrété. Leurs dirigeants les ont évidemment suivis.



