De Alioune Badara SALL, Rufisque
A quelques jours de la fête de la Tabaski, les moutons se font encore désirer à Rufisque. Les quelques que l’on retrouve dans les différents quartiers de la ville ont été élevés par leurs propriétaires depuis des mois pour leur commercialisation. Des HLM au rond-point Dioutiba en passant par la cité Imprimerie, Santa Yalla et autres, ce sont des moutons beaux à voir parce que propres, bien entretenus qui sont présentés aux acheteurs. Ces derniers sont rétissents à l’achat puisque les prix sont pour le moment trop élevés. Ces moutons communément appelés « xaru yar » ne sont pas à la portée de tout le monde. Il faudra casquer entre 2OO.000f à 300.000f et plus pour avoir un bélier.

Non loin de la gare routière de Rufisque, Niang vend des moutons qu’il a élevés chez lui et d’autres qu’il a payés dernièrement pour l’occasion. Chez lui, le marchandage commence à partir de 160.000f pour les moutons moyens, il explique la cherté par les efforts qu’il a concentis pour les élever de plus ils coûtent chers à l’intérieur du pays. Sur place, l’imam Fall, n’a pu se payer le mouton qu’il voulait car le propriétaire lui a dit qu’il coûtait 800000frs. Un gros bélier noir et blanc, couché à même le sol. Venu avec son chauffeur, il est rentré bredouille.
Aux environs du stade Ngalandou Diouf, des tentes sont déjà dressées par des vendeurs qui ne s’installent pour avoir une place avant que ces espaces ne soient pris d’assaut. Petit à petit, les vendeurs prennent place même sur les trottoirs . Aux HLM de Rufisque, le long de la route, des moutons sont attachés sûrement pour permettre aux passants de les voir et éventuellement d’acheter. Là aussi, le constat est le même, les moutons coûtent chers. Pour en avoir, il faut casquer fort entre 200.000frs et 300.000frs.
PF est intrangigeant sur le prix des moutons qu’il vend. Il se justifie par le fait que ce sont des moutons élevés dans les maisons. Donc normal, pour lui, que ça coute cher.
A la cité Imprimerie, une tente occasionnelle est érigée le temps de la période d’avant tabaski. Ici, à la vue seulement des moutons, vous pouvez vous faire une idée du prix. De gros béliers bien entretenus qui bèlent juste sur le trottoire qui jouxte la route donnant sur l’autoroute à péage.
La cherté du prix du mouton est dûe en grande partie, selon les acheteurs, à l’élevage de moutons dans les maisons. Ces éleveurs aussi s’y adonnent pour ne pas éporouver de difficultés à l’approche de la Tabaski. Pour les revendre, ils haussent le prix pour ne pas perdre tout ce qu’ils ont investi pour l’élever. Des pères de famille ne savent plus à l’heure actuelle où donner de la tête parce que préoccupés à trouver un bélier pour la fête de l’Aid-El Kébir prévue au début du mois de septembre. Ces « goorgoorlu » pour la plupart espèrent que le bon Dieu leur vienne en aide pour ne pas avoir honte aux yeux de leurs voisins, puisque la société est tel qu’on vous taxerait de pauvre ou vous verrait d’un mauvais œil lorsqu’au moment d’égorger un mouton vous n’en avez pas. Ce qui fatigue bon nombre de personnes.
Au moment où certains sont perturbés, d’autres comme S.ND peuvent dormir du sommeil du juste pour l’avoir prévu depuis l’année passée. Il élève chez lui un mouton qu’il avait acheté à 25000frs au forail de Rufisque. Aujourd’hui, ce petit mouton est devenu un bélier rien à envier aux autres qui coutent 200.000frs. Seulement, il a dû lui consacrer du temps et de l’argent pour en arriver là. Entre cartons, pailles, piqure, tout y passe pour le garder en bonne santé et en forme jusqu’à la fête de Tabaski .
A défaut de se procurer un mouton en ce moment, certains préfèrent attendre l’arrivée des maures ou les « tefanké » qui ne tarderont pas à venir approvisionner le marché.
Des inquiétudes planent également sur l’insuffisance de moutons, même si 22756 moutons sont entrés dans le pays, selon les autorités.
Comme il est de coutume, la fête de Tabaski est une occasion pour certains de faire de bonnes affaires, de promotion tabaski et autres au moment où d’autres perdent le sommeil. Une régulation du marché pourrait aider les pères de famille à ne plus s’inquiéter à chaque approche de fête. Cette régulation du marché passerait selon certains à baisser le prix des aliments pour le bétail permettant aux éleveurs dans les maisons de pouvoir vendre moins cher leurs moutons. Le constat aujourd’hui est que le marché du mouton tend à être l’affaire des sénégalais éleveurs de « xaru yar » car leur nombre ne cesse de croître.



