Dans moins d’un mois, sera célébrée la plus grande fête musulmane. Les préparatifs vont déjà bon train. Pour parer aux dépenses de la fête, ils sont nombreux, demoiselles, dames, comme messieurs, à avoir recours à une forme de micro-crédit : la tontine. Partout, dans des localités, des entreprises, des écoles, l’on s’adonne à cette pratique. Même si les moyens et les mises diffèrent d’un endroit à l’autre, les adhérents y trouvent leur compte.
C’est le cas dans plusieurs localités de la ville. La tontine est soulevée en général, deux à trois mois avant la fête. A Colobane, Mariétou Cissokho, la quarantaine, est gérante d’une tontine spéciale tabaski, depuis trois ans. « Vingt-sept femmes y participent. L’aide qu’elle nous apporte est indiscutable. Les nouvelles adhérentes ont des doutes, révèle-t-elle. Elles en connaîtront la nécessité lorsque les salaires auront fait la moitié du chemin. C’est une banque qui ne tire pas d’intérêt, » nargue-t-elle sourire.
Déguène Bâ, la trentaine, met en exergue une autre forme de cette pratique. « La nôtre est basée principalement sur des ustensiles de cuisine, des tissus de valeurs. Nous avons choisi cette forme car, certaines d’entre nous veulent rattraper les présents qu’elles n’avaient pu offrir à leur belle-famille durant le Ramadan. Cette décision n’a pas été unanime, mais la majorité en a senti le besoin, donc, elle l’emporte. Nous faisons le tri à la dernière semaine précédant la fête, » confie-t-elle.
Les hommes aussi.
Si les hommes s’y mettent de plus en plus, c’est que le bénéfice n’est plus à remettre en question. Issa Faye soutient qu’avec l’aide que procure cette activité, les hommes se sont alliés à cette cause. Habitant de Colobane, il tient une tontine où n’adhèrent que des hommes. « L’idée m’est venue lorsque j’ai vu que certains hommes, la plupart, père de famille accusent des dettes qu’ils traînent plusieurs mois, après cette fête. Comme la tontine est une banque informelle, cela leur permettra, surtout ceux avec de maigres revenus, d’assurer une bonne fête de tabaski à leurs parents, » dit-il avec un soupçon d’enthousiasme. « C’est une première, poursuit-il. Nous l’avons initié cette année. Je crois qu’il en sera de même pour les suivantes car, mes amis ont apprécié. »
De même que les entreprises.
Manager dans une société multi-services, Elodie Raïssa Sarr dit être la trésorière de la tontine soulevée par ses collègues. « Ils ont eu assez confiance pour me confier la charge de gérer leur caisse d’épargne. Cette pratique, ils l’ont débuté en 2014. Personne n’y est sortie perdante, ou pire, avec des regrets. J’en connais, des entreprises qui s’y adonnent, » révèle-t-elle.
Les jeunes filles aussi.
A Liberté six, un groupe de jeunes filles étudiantes ont mis sur pied leur banque informelle depuis le mois de mai dernier. L’instigatrice de cette tontine de classe, Ndeye Sow affirme qu’elles ne s’organisent pas à l’image des dames, elles le font à leur façon, sans aucune contrainte. « Je tiens une grande boîte qui nous sert de caisse. Il n y a pas une somme spécifique exigée à chacune, non ! Chaque personne place la somme qui lui convient, habituellement. Il n’y’a ni jour, ni heure à respecter. A la fin, chacune ne récolte que la somme qu’elle a semé. La plus importante s’élève à soixante-trois-mille, » dit-elle.
De par cet acte, les gens prouvent que la tabaski est la plus grande fête musulmane. Importante du fait de la dimension sacrée et divine qu’elle revêt, mais encore plus de par les dépenses qu’elle sollicite.

