Le cardinal australien Georges Pell est mis en examen pour agression sexuelle. L’annonce a été faite ce jeudi 29 Juin. L’Australie s’est réveillée en état de choc. Le cardinal, actuellement numéro 3 de l’église catholique, a été chargé par le Pape François, de veiller sur les finances du Vatican. Il est préfet du secrétariat pour l’économie, équivalent du « Ministère des Finances ». En Australie, son inculpation était attendue avec impatience par les victimes de prêtres pédophiles.
La police australienne n’a pas encore détaillé les faits qui sont reprochés au cardinal Pell. « Selon les médias australiens, il s’agirait d’accusations déjà portées contre le cardinal, devant une commission d’enquête. Celle-ci est chargée depuis quatre ans, d’entendre les victimes des crimes pédophiles, perpétrés dans toutes les institutions australiennes. Le rôle de cette commission n’est pas de punir les coupables. Mais dans certains cas, la police saisie des dossiers pour poursuivre des agresseurs présumés, » a expliqué la correspondante de Rfi à Melbourne, Caroline Lafargue.
Le quotidien australien « The Age » a affirmé que le cardinal Pell fait l’objet d’au moins trois plaintes pour crimes sexuels, dont une plainte pour viol. Parmi les plaignants, deux hommes, aujourd’hui âgés d’une quarantaine d’années, auraient subi des attouchements de la part de George Pell, lors d’une séance de jeux dans la piscine de Ballarat, près de Melbourne. C’était dans les années 70. Et à l’époque, George Pell était encore prêtre.
Pour sa défense, le cardinal du Vatican a toujours nié ces accusations. Il se dit victime d’une chasse aux sorcières orchestrée par les médias australiens. Dans une courte déclaration, le cardinal s’est ainsi montré offensif, exprimant sa hâte de pouvoir aller au tribunal, le 18 juillet pour, a-t-il déclaré, « laver son nom », a expliqué le correspondant de Rfi au Vatican, Olivier Bonnel. « L’idée même d’un abus sexuel m’est odieuse », a soutenu le cardinal Pell. Il a précisé avoir régulièrement informé le Pape François, ces derniers mois, au sujet des accusations qui pesaient sur lui. Le Pape a donc accordé un congé à son ministre de l’économie, pour qu’il puisse aller se défendre.
Dans un communiqué, le Vatican a dit exprimer son respect pour le système judiciaire australien, et rappelle que le cardinal Pell a collaboré dans le passé avec les autorités de son pays.
Cette inculpation est dans tous les cas un coup dur pour le pape François, qui avait confié à l’Australien, la charge de remettre de l’ordre dans les finances du Vatican.
Si le cardinal de 76 ans a expliqué avoir parlé avec ses avocats et médecins d’une date de retour à Rome, il n’est pas certain que le Pape souhaite ardemment ce retour. Dans le communiqué paru ce matin, il est dit que le Pape « a pu apprécier l’honnêteté du cardinal Pell durant ces trois années de travail à la Curie romaine ». Des mots, rédigés au passé, qui ne sont pas une invitation à démissionner, mais peut-être une mise à l’écart, en douceur.

