Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a annoncé un durcissement du contrôle de l’État sur le secteur aurifère, après la révélation de pertes financières colossales liées aux exportations illégales d’or. Lors du Conseil des ministres tenu le 12 novembre, il a ordonné la mise en place rapide d’un Comptoir national de commercialisation de l’or, un outil destiné à centraliser et sécuriser l’achat et la vente du métal précieux.
Cette décision fait suite à une étude de l’ONG suisse SWISSAID, qui estime qu’entre 36 et 41 tonnes d’or ont quitté le Sénégal clandestinement entre 2013 et 2022. Une fuite représentant un manque à gagner situé entre 2,38 et 2,71 milliards de dollars pour le pays. Le rapport souligne que l’essentiel de cet or provient de l’exploitation artisanale, souvent écoulé hors du circuit officiel via le Mali, où des acheteurs indépendants proposent des prix plus attractifs.
Selon des acteurs du secteur, seule une petite partie—environ 10 %—de l’or artisanal transite aujourd’hui par les comptoirs agréés par l’État. La taxe de 4 % imposée aux importations depuis 2018 aurait également encouragé les producteurs à rester dans l’informel, un phénomène qui complique le contrôle public.
En 2022, la production industrielle d’or a atteint 14,9 tonnes, tandis que l’exploitation artisanale serait comprise entre 4 et 4,5 tonnes par an, bien que largement sous-déclarée. Pour le premier semestre 2024, le Comité national ITIE indique que le secteur aurifère représente près de 30 % des exportations extractives, avec plus de 106 000 onces produites, soit environ 154 milliards de FCFA.
Pour le chef de l’État, ce renforcement du contrôle ne doit pas se limiter à la lutte contre la fraude. Il souhaite également accélérer la transformation locale des minerais, moderniser l’industrie minière et mieux encadrer les sociétés publiques comme la SOMISEN ou la MIFERSO. Le gouvernement est chargé de créer un Fonds de Réhabilitation minier, un Fonds de Développement des collectivités territoriales, et de lancer rapidement le pôle industriel minier de Matam, qui couvrira l’or mais aussi les phosphates.
Selon Apa News, le président appelle enfin à actualiser la cartographie minière du pays et à surveiller de près l’ouverture et l’exploitation des carrières, afin de renforcer durablement la gouvernance du secteur.
Genèse MOUKAHA

