Le syndicat des professionnels de l’information et la communication (Synpics), la Convention des jeunes reporters du Sénégal (Cjrs) et la conseil pour l’observation des règles d’éthiques et de la déontologie (Cored) s’érigent contre les dérives du directeur général du quotidien national Le Soleil Yakham Mbaye. Dans un communiqué conjoint ces trois entités dénoncent la décision de mise à pied pour 7 jours à compter de ce 13 octobre, de la journaliste Dié Maty Fall, membre du Tribunal des pairs des Journalistes du Sénégal.
Selon ces organisations « cette décision, de nature disciplinaire faisant suite à une demande d’explications qu’elles ont parcouru est surprenante, avilissante et disproportionnée en ce qu’elle sanctionne dans les faits, un retard de 30 minutes à une réunion de rédaction et le refus de l’intéressée de couvrir l’actualité politique nationale, malgré l’invocation par ses soins de sa clause de conscience ».
En prenant en compte plusieurs considérations dont l’éthique et la déontologie de la profession de journalisme, un courrier mail en date du 3 septembre 2020, moyen par lequel, Dié Maty Fall a dûment informé sa hiérarchie de son option d’invoquer la clause de conscience pour ne plus traiter de l’actualité politique nationale par honnêteté intellectuelle, ces trois entités dénoncent la mise à pied, marquent leur solidarité à Die Maty Fall.
Les organisations disent aussi rappeler au directeur du soleil Yakham Mbaye, que son statut de Journaliste devrait l’amener, au-delà de l’exercice de son pouvoir à aménager au sein de son entreprise un climat de respect strict des principes et fondements du journalisme, nonobstant toute autre question de personne.
En se réservant le droit de défendre par tous les moyens et à tous les niveaux requis, les principes sacro-saints qui guident le métier de journaliste, le Synpics a demandé aux journalistes du Soleil et au membre de la section syndicale de l’organe qui ont déjà initié des démarches à l’interne de l’entreprise à continuer de défendre les droits et libertés sacro-saints du journalisme, au-delà de toute autre considération.
La réponse de Yaxam Mbaye n’a pas tardé
Le directeur du quotidien national Le Soleil Yaxam Mbaye, a réagit dans les colonnes du journal Le Quotidien. Et dans sa réplique il se dit animé « par un sentiment de surprise, d’indignation et d’inquiétude » : « le CORED est censé être une entité de régulation, un tribunal, et dit être à équidistance. Même dans les pays de dictature, les tribunaux entendent la version du présumé coupable. Comment le CORED peut s’associer à un communiqué me condamnant sans pour autant prendre ma version en violant les règles les plus élémentaires : l’éthique et la déontologie. Il faut recouper. Dié Maty est membre du CORED et du Tribunal des pairs.
Comment peut-on être juge et partie ? Il y a un membre du CORED qui m’en veut personnellement, je ne citerai pas de nom. S’ils pensent qu’ils peuvent me faire peur avec ces communiqués, c’est du vent. Dié Maty Fall a acté sa clause de conscience le 12 octobre 2020, juste après avoir reçu sa sanction de mise à pied. Si ces gens m’avaient appelé, je leur aurais donné la bonne information. Le Code de la presse dit que le journaliste peut évoquer la clause de conscience si on l’assigne à une tâche qui entrave sa dignité, enfreint les règles de l’éthique et de la déontologie. Jamais, pas une seule fois, Dié Maty Fall n’a été dans cette situation. Le problème de Dié Maty est de dire qu’elle est journaliste sénior, et qu’elle est indigne de faire des reportages et des communiqués. C’est une insulte à toutes les centaines de reportages et de communiqués. Le SYNPICS et le CORED disent qu’elle est venue avec 30 minutes de retard. C’est faux, elle est venue une heure de temps après. Cela veut dire qu’elle a manqué à ses obligations. Je rappelle à Dié Maty Fall que la période du baronnât et des journalistes intouchables, c’est fini. Je l’ai sanctionné et quand elle reviendra et qu’elle récidive, je vais la sanctionner de manière radicale et définitive. Personne, à part Dieu, n’y peut rien. Le Soleil n’a rien à voir dans ses engagements politiques. »
Dans le même sillage, la section SYNPICS du Soleil se démarque du communiqué conjoint, dénonçant « avec vigueur » la publication du document : « nous sommes au regret de noter une immixtion à outrance du BEN (Bureau exécutif national) du SYNPICS, dans les affaires de la section Le Soleil. Il est hors de question que le BEN du SYNPICS nous supplée avant qu’il ne soit saisi par nos soins. Notre section a toujours assuré sa mission en essayant de régler les problèmes auxquels elle est confrontée en toute responsabilité et en toute sérénité ».