De Youssouf DIMMA, Teranganews Ziguinchor
Avec officiellement 1863 morts et 64 rescapés, le naufrage du bateau Le Joola restera certes gravé dans la mémoire collective sénégalaise, mais surtout dans celle directement concernés à savoir les victimes. Dix-huit ans après le naufrage du bateau Le Joola dans les eaux gambiennes, les rescapés nous confient leur difficile reconstruction et le sentiment d’être livrés à eux-mêmes… Jean Diédhiou un survivant témoigne… Président de l’Association des rescapés du Joola… Il en est sorti indemne. Enfin presque. Car pour lui comme pour bon nombre de survivants, les blessures et les plaies invisibles restent encore béantes.
» C’est un pléonasme de dire que ce naufrage que nous avons vécu de l’intérieur est l’un des pires que le monde ait jamais connu. Imaginez un peu ce que nous devrions ressentir après juste une modeste et unique prise en charge psychologique de l’Etat et puis c’est fini, tout est jeté aux oubliettes ».
Pour M. Diédhiou » nous sommes tous rongés par cet épisode de notre vie, malades et n’arrivons pas à oublier les atrocités que nous avons vécues dans l’océan ».
Un accompagnement nécessaire
Malgré tout, rajoute-t-il, » nous crions sur tous les toits, que nous avons encore besoin d’un accompagnement psychologique, cela tombe dans l’oreille d’un sourd. Pis encore, aucun semblant de réponse ne nous est servi. »
La conséquence est doublement dramatique pour ces rescapés du Joola. En effet, selon leur président Jean Diédhiou » nous ne sommes même plus au complet : quatre sont décédés et cinq ne jouissent plus de leur faculté mentale, c’est inconcevable ! ».
Pour Jean Diédhiou, » nous avons certes reçu l’indemnité donnée aux familles des victimes du Joola, mais ce n’est absolument rien comparé à ce que nous voulons. «
Ce qu’ils veulent, les rescapés, ce sont deux choses. » Il s’agit d’une prise en charge psychologique totale et entière pour ceux qui jouissent encore de leur faculté mentale et psychiatrique pour ceux ne jouissent plus de leur faculté, nous tiendrons l’État responsable de tout ce que qui nous arrivera un jour ou l’autre ! » a-t-il martelé.
» Il nous faut le renflouement du Joola, il nous le faut pour des raisons que l’Etat maîtrise bien ».
» L’État n’a jamais tenu ses engagements sur plusieurs sujets mais surtout sur ces deux-là. Or, 18 ans, ce n’est pas 18 mois ni 18 jours encore moins 18 heures » a-t-il rappelé.
»’ Le jour J, il n’y a pas eu de secours et ce secours n’est toujours pas là : c’est 18 ans de promesses et rien d’autre » a-t-il dit.
» On nous a laissé à nous-mêmes » nous pensons que c’est vraiment injuste.
» Le renflouement du bateau nous tient vraiment à cœur, car la mer n’est pas un cimetière et l’État le sait bien. » a-t-il conclu.
Jean Diédhiou vit à Dakar. Chaque 26 septembre, il fait tout pour se déplacer sur Ziguinchor afin de participer à la commémoration du naufrage du Joola.

