Le temps d’un weekend, les dakarois ont envahi les plages de la capitale histoire de changer d’air et sortir des maisons étroites. Et, pour ça il n’y a pas de meilleur endroit que la plage pour supporter cette chaleur de plomb…Mais en cette période de crise sanitaire, à la plage, il est difficile de faire respecter les gestes barrières particuliement la distanciation physique…
« Ici c’est la plage, on vient pour s’amuser. On oublie tout, coronavirus, port du masque et distanciation physique. », lance Alassane, étudiant dans une école privée en Licence informatique, short rouge, torse nue, le corps recouvert de sable fin de la plage, reconnait que c’est difficile de respecter les mesures barrières alors que la pandémie augmente chaque jour au Sénégal.
« Bon on fait avec. Le président a dit qu’on doit vivre avec le virus. Tu sais moi d’ailleurs ces histoires de virus commencent à me fatiguer, je pense que les autorités veulent nous faire peur mais y’a rien. De toute façon elles ne peuvent pas nous obliger à rester dans les maisons en cette période de forte canicule alors que nous sommes en vacances », lance cet habitant de Fass.
En ce dimanche, la plage a affiché le plein en cette journée de canicule sur la capitale, Dakar.
« Nous sommes en famille mes nièces, neveux et petits frères, j’ai la lourde tâche de veiller sur eux, les esprits sombres rodent par ici, c’est la plage on y rencontre toute sorte de personne. « Bon on se lâche un peu. Nous sommes restés deux mois sans sortir avec les mesures d’état d’urgence et de couvre-feu. Mais depuis la levée, pour moi c’est la première fois que je viens en famille à la plage. Il fait trop chaud dans les maisons, il faut qu’on sorte pour humer l’air pur au bord de la mer quand même, c’est le minimum. En fait Pascal, travaille comme logisticien et le temps d’un weekend, il en profite pour sortir. « Oh, c’est difficile de respecter les gestes barrières regarder là-bas désignant du doigt les autres qui se bousculent et que les vagues ballottent, les corps se touchent, ils ne savent même plus s’il y’a ou pas une maladie qui est là. » C’est impossible de faire respecter quoi que ce soit ici grand me désignant. C’est la plage on est venu pour s’amuser. Même si nous sommes très conscients que nous courons un grand risque parce qu’on ne sait jamais. », conclut-il sur un ton moqueur avant d’aller rejoindre ces amis qui l’invitent à une partie de football.

Pour Mame Fanta, lunettes de soleil bien vissées, trouvé sous une tente qu’elle a loué avec ses amis, partout dans toutes les plages de Dakar, c’est comme ça, on ne peut pas faire respecter la distanciation physique ou encore le port du masque pourtant obligatoire. «Nous sommes l’a pour passer de bons moments, profiter de la mer, car il fait une chaleur de plomb dans les maisons. Chez moi, je porte le masque, je respecte autant que je peux la distanciation physique mais ici je me relâche, le temps d’un weekend. Vous ne pensez que c’est dangereux et que vous jouez avec le virus ? : « Si mais comment faire. Il faut vivre. Il faut profiter du temps qu’on a aussi. On ne peut pas être otage de ce virus. », explique cette jeune dame qui travaille comme commerciale dans une boutique en centre-ville.
« Le corona (pour désigner le nouveau virus) ne peut pas gâcher nos vacances. Je refuse cela, ajoute une autre jeune dame allongée sous la tente pour se couvrir du soleil estival qui pointe en cet après-midi sur la plage ».
Très étroite, la plage Terrou-Bi, accueille les populations environnantes qui viennent généralement de Fann-Hock, Gueule-Tapée Fass, Médina ou parfois beaucoup plus loin comme Grand Dakar ou encore Ben Tally et Niarry Tally.
Assise avec ces deux amis autour d’une table, Khardiata qui vient de Grand-Dakar, n’est pas là pour se baigner mais pour déguster un bon menu de poissons braisés bien assaisonnés. Bon nous avons nos masques tirant un masque de fabrication locale de couleur bleue de nuit. En venant les policiers nous ont arrêtés pour vérifier si on portait nos masques, heureusement pour nous et pour le taximan aussi. Tu sais on ne peut pas faire respecter toutes les mesures barrières surtout à la plage quand même. », remarque cette jolie demoiselle habillée en jean déchiré et haut assortis.
Astou, vendeuse de poissons braisés au bord de la mer est d’avis que c’est une impossibilité de faire respecter de telles mesures de prévention à la plage. « C’est mon gagne-pain surtout en cette période de grande vacances, je fais venir presque tous mes trois enfants pour qu’ils m’aident j’emplois aussi un jeune homme, tu vois on a pas mal de clients et ce n’est pas encore le grand rush, beaucoup préfèrent la soirée en compagnie pour venir déguster nos poissons braisés tout juste sortis du feu. Quant aux respects des distances physiques ou encore le port du masque, Astou qui s’affaire autour d’un grand fourneau pour surveiller les dorades et autres poissons pense que chacun est responsable de sa santé maintenant.
Difficile d’entendre les paroles, une sono distille de la musique, relayée par deux baffles. « Ici, on sort du quotidien respectif de la Covid-19 », reconnait Mme Koné. En compagnie de ses deux enfants en bas âges, cette secrétaire de bureau avoue avoir pris un risque. « Regarde-moi, c’est hors de question de franchir le portail de mon entreprise sans masque, je ne m’approche même pas des gens j’évite comme je peux les foules mais à la plage, c’est compliquée. J’accompagne mes deux enfants, je leur avais dit qu’on irait à la plage ce weekend et même s’il y’a ce risque qui plane sur nos têtes ».
« Ce sont des groupes d’amis qui se connaissent et se rassemblent sur la plage. Ils sont entre eux on n’y peut rien nous sommes des maitres-nageurs on surveille la plage pour éviter les gens aillent loin dans l’eau pour éviter les noyades même si on fait parfois office d’agent de sécurité pour faire respecter l’ordre et le respect car il se passe des choses dans l’eau entre les baigneurs. Mais on ne peut pas les forcer de quelques manières que ce soit à respecter la distanciation physique. Quand on vient à la plage, c’est histoire de se relâcher pour passer de bons moments. Les gens s’en foutent de coronavirus ici. », lâche Ouzin maitre-nageur.
« Oh, c’est vous qui me le rappelait, « corona sonal nagnou grand » traduisez littéralement « coronavirus nous fatigue », déclare sur un ton moqueur Ahma, un jeune médinois qui profite du pic du soleil. « Ah non le coronavirus ne peut m’empêcher moi de venir chaque weekend à la plage. D’ailleurs je commence à croire que ce sont des histoires inventés par les autorités pour capter des financements de l’étranger. Imagine chaque jour deux, trois quatre morts. De qui se moque-t-on finalement. Moi, je porte plus de masque d’ailleurs même si je l’ai tout le temps avec moi. Je conduis une moto et les policiers peuvent m’arrêter pour demander le masque sinon je ne vais pas gaspiller mes sous pour juste acheter des masques. On est fatigué avec ces histoires de virus. »

Silhouette affinée, deux pièces à fleurs, Anta qui dévoile une forme explosive dit fuir son quartier de Grand Dakar pour cette plage bondée d’inconnus même en pleine crise sanitaire. « Il est impossible de passer du bon temps à Grand Dakar. C’est trop exigu sans parler du bruit qui sort de partout, partout je te dis. C’est pourquoi on profite du weekend pour venir à la plage avec les amies. « Je sais qu’il y’a le virus qui est là mais on s’en remet à Dieu. Lui seul peut nous épargner de cette maladie. Tu sais moi je prends chaque jours les cars rapides pour aller au marché mais rien, aucun danger. Je suis saine et sauve. Je ne dis pas que le virus n’existe pas dé mais il faut être optimiste et croire en Dieu et c’est tout ce qui doit arriver arrivera par la volonté de Dieu. », sermonne-telle.
Baye Zale est du même avis lui qui est un habitué de la plage Terrou-Bi, « nous sommes des croyants on doit s’en remettre à Dieu s’il arrive quelque chose. La vie ne s’arrête pas. Et ce n’est au virus là de donner un coup d’arrêt à la vie bien au contraire. Tu vois on dit toutes sortes de choses mais tu le constates toi-même rien a changé, la plage est bondée de monde. On ne vient pas à la plage et se dire qu’on va respecter des mesures de distanciation physique ou encore de port du masque, ça n’a pas de sens.»
Même si la Police est au niveau du Rond-point de la Cour suprême, à quelques mètres de la plage, les éléments sont là pour veiller à la circulation et au respect du code de la route en ce dimanche, ou il y’a une forte ruée vers la plage.

