Pour comprendre la crise socio-politique qui secoue le Mali, il faut remonter en 2012 avec la rebeillion Touareg et Al-Qaïda au Maghreb islamique. Des bandes armées qui ont fini de faire du Mali leur terrain de jeu. Des événements qui ont précipité la chute du président d’alors Amadou Toumany Touré en mars 2012 renversé par un groupe de soldats dirigé par Amadou Haya Sanogo. Depuis lors, le Mali traverse une crise sécuritaire sans précédent. Élu en 2013, Ibrahim Boubacar Keita s’était engager à restaurer l’honneur du Mali bafouée dans le Nord, mais IBK peine à unifier le pays. Une mission difficile qui risque de le faire couler, lui qui est à son dernier mandat à la tête du Mali.
Le pouvoir d’Ibrahim Boubacar Kéita dit « IBK » vacille. Élu en 2013 et réélu en 2018, pour un mandat de cinq ans, le président malien traverse des périodes difficiles de son magistère avec des contestations et un conflit armé dans le nord alimenté par des terroristes qui ont presque fini de partitionner le pays en deux.
Alors qu’il ne lui reste que trois ans à la tête du Mali, l’ancien leader de la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (FEANF) doit faire preuve de diligence car le temps presse et la rue réclame sa démission avant terme. En effet face aux échecs répétés, car n’arrivant pas à trouver des solutions contre une crise multidimensionnelle que traverse le Mali avec la rébellion terroriste dans le Nord Mali, à cela vient s’ajouter la rupture du pacte confiance entre lui et ses opposants qui ont depuis boudé la table du dialogue, IBK est dans une impasse politique.
Dans son discours d’apaisement des tensions du 8 juillet dernier, à la suite des violentes manifestations à Bamako notamment, le président Ibrahim Boubacar Keita a tenté de désamorcer la bombe en appelant au calme et donner des assurances aux contestataires qui exigent sa démission à la tête du pays.
« Il a certes reconnu que les résultats des élections posés problèmes dans certaines zones du Mali et a formulé des propositions de sorti de crise notamment : la dissolution de la Cour constitutionnelle, la reprise des élections dans les zones ou cette même Cour avait annulés les résultats et la mise à la mise en place d’un gouvernement d’union nationale.
« L’arbitrage du dernier scrutin par la Cour constitutionnelle a posé problème et continue à poser problème », a reconnu IBK, tout en écartant l’éventualité d’une dissolution de l’Assemblée nationale. Une telle décision constituerait selon lui « une injustice » pour les députés élus sans contestation et risquerait de créer « un vide constitutionnel ». Non sans donner des nouvelles du leader de l’opposition Soumaila Cissé enlevé dans le centre du pays, le 25 mars passé alors qu’il battait campagne pour sa coalition lors des élections législatives.
Un discours qui ne semble pas répondre aux attentes de la coalition M5-RFP qui exige entre autres mesures fortes la dissolution de l’Assemblée nationale.
Mais ce qui a surtout galvanisé les contestataires du régime d’IBK, c’est l’irruption brusque de l’imam Mahmoud Dicko, un influent homme religieux, très écouté par ses sympathisants. Déterminé à faire plier le président Keita, le Mouvement du 5 juin et ses alliés, le Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) réclament la dissolution de l’Assemblée nationale et la reprise du scrutin dans les zones, ou il y’a eu des contestations des résultats par l’opposition.
Imam Dicko, le religieux qui bouscule IBK…
Mahmoud Dicko est l’imam à la tête de la coalition qui réclame le départ du président malien. Éminente figure religieuse et homme fort de la contestation, Mahmoud Dicko est un des principaux responsables de cette coalition du Mouvement du 5 juin (M5-RFP) qui veut pousser à la démission le président IBK. Autrefois proche du président Keita, cet imam récemment entré en politique est devenu un critique virulent du pouvoir. Aujourd’hui, c’est l’homme au tour de qui s’organise la contestation contre le régime en place au Mali et l’un des principaux interlocuteur des facilitateurs pour le retour à la normale au Mali.
La CEDEAO pourra t-il sauver le pouvoir d’IBK ?
Très préoccupée par la situation de tensions au Mali, la CEDEAO a dépêché une forte délégation dirigée par l’ancien président du Nigéria Goodluck Jonathan, afin d’arrondir les angles entre les deux camps autour de la table de négociation pour trouver une issue heureuse à la crise socio-politique qui secoue le Mali, déjà mal en point avec la crise sécuritaire dans le Nord.
Pourtant son élection en 2013, avait suscité beaucoup d’espoirs avec notamment la promesse de restaurer l’honneur du Mali dans le Nord bafoué par des bandes armées qui ont fini de créer une sorte de scission du territoire malien. Un espoir qui semble s’envoler aux yeux des manifestants anti-Ibrahim Boubacar Keita. Il lui reste trois ans à la tête du Mali, trois longues années, s’il arrive à tenir face à cette vague déferlante de protestations qui réclament sa démission…