Le saccage du journal Les Echos ce lundi suite à la publication d’une information concernant le guide des Mouchtarchidines, Serigne Moustapha Sy qui serait atteint de coronavirus et interné à l’hôpital Principal, a suscité un flot de réactions. Des réactions de condamnation des organisations de la société civile et de défense des droits de l’homme qui adressent leur pleine solidarité à l’égard du journal « Les Echos ». A l’unanimité, elles ont désapprouvé.
Un tour d’horizon des différentes réactions…
Condamnation du Bureau Exécutif National Synpics
Ce lundi 03 août 2020, la presse sénégalaise a fait l’objet d’une attaque violente avec le saccage du siège du journal « Les Échos » par des éléments se réclamant du mouvement Moustarchidine Wal Moustarchidate de Serigne Moustapha Sy. Au total, on dénombre sept ordinateurs Machintosh et un poste téléviseur de la rédaction cassés et les bureaux mis hors d’usage.
Le BEN du Synpics a pu entrer en contact avec le Directeur de Publication du Journal Cheikh Omar Ndao qui dit garder sa sérénité malgré cette situation horrible et les pertes énormes qu’il vient de subir.
Le BEN marque toute son indignation et condamne sans réserve cet acte inqualifiable, qui dans une République ne saurait rester impunie.
Dans un communiqué signé par les jeunes du PUR, il est clairement indiqué de l’objet de cette attaque qui heureusement n’a pas fait mort d’hommes était d’intimider ou de museler la presse sénégalaise.
Le Synpics qui s’est toujours attaché aux principes de la liberté d’expression condamne avec vigueur ces actes barbares, abjects et d’une autre époque.
Si cette attaque avait pour but d’intimider les femmes et hommes de médias, c’est peine perdue. Les journalistes qui ont fait face à des situations beaucoup plus graves continueront à exercer leur travail d’informer.
Toutefois, le BEN du Synpics invite le gouvernement sénégalais à faire arrêter et juger les responsables de ces actes et les éventuels commanditaires de cette attaque de la rédaction du journal Les Échos. Par cet acte, ces personnes viennent de donner un sacré coup à notre démocratie et à notre liberté d’expression.
Par le Bureau Exécutif National
Réaction de Reporters sans frontières (RSF)
Saccagé pour avoir informé ! Pour avoir publié un article annonçant l’hospitalisation, pour cause de Covid-19, d’un influent chef religieux musulman, les locaux du quotidien Les Echos ont été mis à sac.
Reporters sans frontières condamne une telle attaque et demande une enquête.
#Sénégal : saccagé pour avoir informé ! Pour avoir publié un article annonçant l’hospitalisation, pour cause de #Covid-19, d’un influent chef religieux musulman, les locaux du quotidien Les Echos ont été mis à sac. @RSF_inter condamne une telle attaque et demande une enquête. pic.twitter.com/18tgH47NwP
— RSF en français (@RSF_fr) August 3, 2020
Article 19 condamne une attaque odieuse
L’organisation internationale de défense des droits de l’homme qui défend et promeut la liberté d’expression et la liberté d’information dans le monde entier, Article 19, condamne fermement l’attaque contre le journal “Les Echos” par un groupe d’individus, suite à une publication sur l’état de santé d’un guide religieux qui serait atteint de Covid-19.
Odieuse attaque…
Pour Article 19, des équipements de travail du journal “Les Échos” ont été saccagés lors de cette odieuse attaque qui constitue une atteinte grave à la liberté de la presse et une menace sérieuse à la sécurité des médias et journalistes.
Identifier les auteurs du saccage…
Article 19 demande aux autorités d’identifier les auteurs du saccage contre le journal Les Échos et les traduire en justice afin d’obtenir réparation de tous dommages causés et de mettre fin à la violence contre les journalistes et à l’impunité.
Solidarité…
Article 19 exprime toute sa solidarité au journal “Les Echos” et tient à rappeler le rôle important que jouent les médias dans toute société démocratique. Les journalistes doivent exercer leur métier en toute sécurité. Et la sécurité et la protection des médias doivent être renforcées surtout en cette période de crise sanitaire.
Déclaration de la CAP
Nous, associations de presse regroupées au sein de la coordination des associations de presse du Sénégal (CAP), dénonçons avec la dernière énergie l’agression barbare perpétrée contre le siège du journal les Echos par un groupe d’individus le 03 août 2020.
Cet acte de terreur, lâche et visiblement planifié et coordonné appelle une condamnation de tout patriote soucieux du devenir démocratique de notre pays le Sénégal.
Cette tentative de museler la presse sénégalaise intervient dans un contexte où cette vaillante corporation n’a pas fini de pleurer la perte de « soldats de la démocratie ».
La CAP se réjouit de l’élan d’indignation noté chez tous les Republicains et espère promptement que la suite judiciaire qui sera attachée à cette affaire sera assez exemplaire pour que de pareilles agressions ne se reproduisent dans notre espace public.
Enfin la CAP en appelle à la responsabilité du gouvernement de la République du Sénégal afin que la sécurité des journalistes soit une réalité avec le parachèvement des Textes du Code de la Presse.
Fait à Dakar le 04 août 2020
Le Forum civil et Amnesty Sénégal…
Le Forum civil et Amnesty ont réagi suite au saccage des locaux du journal Les Echos par des individus qui disent être des disciples de Serigne Moustapha Sy. Ce, pour dénoncer ces attaques.
«Le Forum civil condamne sans réserve l’acte de vandalisme dont le journal « Les Echos » est victime. Le Forum civil témoigne sa solidarité indéfectible aux travailleurs du journal et à la presse dans toutes ses composantes», a condamné l’organisation de la société civile. Non sans appeler les citoyens à la sérénité et au respect des lois et règles de la République. Le Forum civil demande à la justice à ouvrir une enquête pour situer les responsabilités.
«Nous condamnons fermement l’attaque perpétrée ce jour contre les locaux du journal Les Echos. Nous encourageons les responsables du journal à porter plainte afin qu’une enquête soit diligentée pour identifier les auteurs de cet acte délictueux et les traduire en justice », a réagi Seydii Gassama de Amnesty.
Le Conseil des Éditeurs et Diffuseurs de Presse du Sénégal (CDEPS) condamne et se solidarise
Les réactions de désapprobation s’enchaînent après le saccage du quotidien Les Échos, ce lundi. Après le Forum Civil, c’est le CEDEPS qui s’indigne de l’acte. Dans un communiqué parvenu à Emedia, les patrons de presse dénoncent l’agression survenue à la rédaction du journal accusé d’avoir publié une information selon laquelle le guide des Mouchtarchidines, Serigne Moustapha Sy serait atteint de coronavirus et interné à l’hôpital Principal. Voici l’intégralité du communiqué du CEDEPS.
Les locaux du quotidien LES ÉCHOS ont été saccagés ce lundi 3 août 2020 par des énergumènes qui n’ont pas été identifiés. Les ordinateurs de la salle de rédaction et les machines de la salle de montage ont été détruits par les agresseurs. Le préjudice pourrait s’élever à plusieurs dizaines de millions. Heureusement, aucun dommage physique n’a été déploré pour le vigile, seul présent à la rédaction.
Les auteurs de cette barbarie prétextent de la publication, par le quotidien LES ÉCHOS, de l’hospitalisation pour cause de COVID-19 du responsable moral des Moustarchidines Wal Moustarchidaty, Serigne Moustapha Sy. Le journal, qui n’a fait que relater l’information, a même souhaité un prompt rétablissement à Serigne Moustapha Sy.
Le Conseil des Éditeurs et Diffuseurs de Presse du Sénégal (CDEPS) condamne avec fermeté cette agression ignoble et exprime toute sa solidarité au journal LES ÉCHOS, à ses travailleurs et à sa direction. À chaque fois qu’il y a agression contre les journalistes, les auteurs de ces barbaries refusent en fait à la presse le droit d’informer. La presse est intimidée pour ne pas exercer sa liberté d’informer. C’est là une menace récurrente et permanente pour la liberté de presse.
C’est la énième agression contre les journalistes après la station RFM de Mbacké, le Directeur de publication de Waa Grand-Place, la 7TV… Aucun des agresseurs n’a jamais été pris et il règne une sorte d’impunité d’auteurs de violences contre les journalistes et les maisons de presse. Les forces de sécurité sont restées muettes sur les auteurs de ces agressions contre la liberté de presse. Aucun des forfaits commis contre la liberté de presse n’a aussi fait l’objet de poursuites devant les tribunaux.
L’État a le devoir de protéger les journalistes et les maisons de presse. Le CDEPS en appelle encore au ministre de l’Intérieur, au Gouvernement et au Président de la République pour la protection des journalistes.
La seule condamnation de ces actes ignobles ne suffit plus. Tous les acteurs de la presse et les citoyens doivent se mobiliser pour défendre la liberté de presse menacée au Sénégal.