Adama SENE (Saint-Louis)
Pour rallier la citée religieuse et célébrer le grand Magal de Touba, les talibés mourides ont pris d’assaut les différents lieux de départ de la ville tricentenaire. Une occasion qui a été mise à profit par certains rabatteurs et chauffeurs véreux pour augmenter les tarifs au grand dam des pèlerins. A la gare routière de la commune ou dans les garages occasionnels, il faut se jouer des coudes et débourser le double du tarif normal pour trouver une place à bord des taxis 7 places, mini-cars ou bus en partance pour la ville sainte de Touba.
Pour rien au monde, les talibés mourides n’ont voulu rater la célébration du grand Magal de Touba. Raison pour laquelle en dahira ou en individuel, ceux de la capitale du Nord ont convergé vers les lieux de départ pour Touba. Au garage occasionnel de Pikine X Tall de Sor, sacs à dos ou valises à la main, les talibés se démènent comme de beaux diables pour trouver une place dans les bus stationnés pour le transport des fidèles vers la ville sainte. Un rush qui n’est pas sans conséquence puisque les clients ont vu les tarifs flamber à une vitesse vertigineusement. Une situation fustigée par les voyageurs qui la jugent anormale. « Depuis presque une semaine, les « coxeurs » et chauffeurs véreux ont mis des stratégies pour augmenter le prix des billets du Magal. Le plus petit sac de voyage est facturé. Chauffeurs et rabatteurs ne font rien pour faciliter le voyage aux pélerins » a dénoncé une dame. En compagnie de deux enfants, Abdou khafor Mbow visiblement excédé par le comportement des chauffeurs, enfonce le clou. « Les chauffeurs des bus et mini-bus n’ont pas de pitié envers les talibés.
Les pratiques peu orthodoxes qu’ils font dans les garages, sont très différentes avec les enseignements de Serigne Touba envers son prochain. Les fidèles peinent à débourser les 7000 à 10.000 F qu’ils nous réclament. En cette période, ils ont plus que doubler le tarif. Cette situation est vraiment regrettable. Est-ce que réellement, les chauffeurs et rabatteurs n’ont pas à la place du cœur une grosse pierre » a-t-il râlé. Pour d’autres talibés, même s’il faut déplorer l’augmentation abusive du prix des billets vers Touba à cause de la rareté de véhicules, rien ne les empêcherait à rallier la ville sainte.
« Les tarifs ont flambé sans aucune raison, mais il est hors de question de rater le grand Magal de Touba. Car c’est l’instant idéal que nous talibés, avons pour communier et prier avec nos marabouts. Et puis un bon talibé mouride n’ose ménager aucun effort pour répondre à l’appel de Serigne Touba, Khadim Rassoul » a soutenu Bassirou Loum.
Indexés par les milliers de pèlerins en souffrance dans les garages, les chauffeurs et autres « coxeurs » relativisent et rejettent énergiquement les accusations portées à leur encontre. Selon certains d’entre eux , il faut qu’ils augmentent le billet pour s’en sortir. « C’est une situation justifiée parce qu’en allant à Touba, on fait le plein, mais pour revenir prendre les clients dans les régions, nous sommes obligés de rouler à vide au retour. Donc il faut que les voyageurs nous comprennent sinon nous ferons de grosses pertes après le Magal. Aucun chauffeur ne travaille pour ensuite se retrouver avec des dettes de carburant », a expliqué Assane Yade, chauffeur de bus de 60 places.