De Adama SENE, Correspondant TerangaNews à Saint-Louis
Une trentaine de professionnels des médias de l’association des journalistes en santé, des membres du comité technique pluridisciplinaire, dénommé la Task Force et leur partenaire Population Council, sont en conclave de deux jours à Saly pour partager sur l’avortement médicalisé issu de viol ou d’inceste. Une occasion pour les journalistes de discuter et de s’éclairer auprès des experts sur les volets sanitaire, juridique, religieux de l’avortement médicalisé afin de porter un plaidoyer pour l’application de la loi déjà votée et du protocole de Maputo ratifié par le Sénégal depuis 2004.
Pourtant la Constitution du Sénégal, à l’article 98 dispose que « Les traités ou accords régulièrement ratifiés ou approuvés ont, dès leur publication, une autorité supérieure à celle des lois ».
Malheureusement la loi pénale sénégalaise constitue un frein et considère toujours l’avortement provoqué comme une infraction grave. D’ailleurs en son article 305 du Code pénal, il est prévu des amendes de 50.000 à 1.000.000 F.CFA pour tout participant de près ou de loin à l’acte. Une situation qui est en grande partie responsable des avortement à risque, puisqu’à cause de l’interdiction et, n’ayant pas d’autres solutions légales, les femmes et les adolescentes porteuses de « grossesses imposées », ont recours à l’avortement clandestin ou l’infanticide. A en croire le consultant, Amadou Hassan Sylla, des études réalisées par l’Institut Guttmacher et publiées en Avril 2015, ont montré que le nombre d’avortements provoqués au Sénégal est évalué à plus de 51.500 cas.
« Pour l’année 2012, le taux d’avortement est largement plus élevé dans la capitale à Dakar qui affiche 23,5 pour 1000 femmes contre 14,1 pour 1000 femmes dans le reste du pays. Malheureusement plus de 55% des femmes ayant recours à l’avortement non médicalisé connaissent des complications qui nécessitent des interventions médicales et 42% de ces dernières n’ont pas les moyens de se prendre », a soutenu le chercheur. Des statistiques alarmants, qui ont été renforcés par le rapport de l’Association des Juristes du Sénégal, réalisé en partenariat avec le Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme sur la situation carcérale des femmes au Sénégal et publié au mois de mars 2015, où l’infanticide constitue 19% des causes d’incarcération des femmes et l’avortement en constitue 3%. D’où l’urgence pour les autorités à harmoniser les textes et lois de la législation sénégalaise aux traités et protocoles internationaux signés ou ratifiés par les gouvernants pour arrêter « l’hécatombe » des femmes ou filles victimes et les sauver du triangle de feu à savoir, la prison, le cimetière ou le handicap à vie.
Puisque le Code de déontologie des médecins n’autorise l’avortement que « lorsque la vie de la mère est gravement menacée » et qu’elle ne pourra être sauvée que par cette intervention, il exige en outre que cette menace soit attestée par écrit par trois médecins (le médecin traitant et deux médecins consultants) dont l’un doit être sur la liste des experts agrées auprès des tribunaux. (Art. 35 Décret n° 67 –147 du 10 février 1967 constituant le code de déontologie médicale).