Le monde est à l’ère du cinéma, c’est un marché porteur, le Sénégal n’est pas en reste. C’est exactement cette pluralité, source de problème maintenant. Récemment, la création d’une série a fait couler beaucoup d’encre. Des problèmes, entre les producteurs de la série ‘’Maîtresse d’un homme marié’’, pour la citer et l’Ong Jamra sont survenus. Face à toute cette polémique, le collectif des journalistes culturels a organisé un débat sur les séries sénégalaises, les défis du contenu et de la technique.
Dès l’entame, Baba Diop, journaliste et critique de cinéma sénégalais a taxé les séries sénégalaises, de ‘’phénomène de mode’’. « Les séries agissent tel un miroir que l’on tend à la société. Et la responsabilité incombent à ceux qui les regardent », lâche-t-il.
Le problème qui se pose, avec cette série en question, c’est que les Sénégalais ne veulent pas voir les tares de leur société mis sur les écrans. Surtout s’ils touchent l’intimité, l’intérieur des foyers. C’est par là que rebondit la modératrice, qui se dit »féministe » s’érigeant en défenseure des droits de la femme. Tout de suite, la discussion vire en débat sur le genre. De l’avis de la féministe, les femmes disposent de leurs corps et donc, elles ont le droit d’en faire ce qu’elles veulent ; en faisant allusion à certains propos, pour parler de sexe, d’une actrice de la dite série.
Mame Mactar Gueye de Jamra se positionne en bouclier, en allant tout contre l’avis de la dame. « Vous croyez que c’est normal d’entendre de tels propos à la télévision. C’est un mauvais exemple pour nos enfants. La télévision doit éduquer, non pervertir », dit-il avec poigne avant de féliciter les producteurs et acteurs de la série pour les messages, qu’ils véhiculent. « Je dois dire ‘bravo’ pour l’esprit de créativité. Bravo, pour le courage et l’audace. C’est vrai, je n’en disconviens pas, pose-t-il, des maîtresses, il y en a, il en existe bel et bien sous nos cieux.
« Le fait qu’ils mettent à nue ce que beaucoup tentent de dissimuler est à saluer. Seulement, tempère-t-il, l’Ong Jamra fustige les paroles déplacées. Nous ne sommes pas là pour nous acharner contre ces téléfilms non », insiste-t-il, bien au contraire, nous tenons juste à ce que les valeurs de notre chère nation soient respectées. »Le kersa, le sutura, sont bafoués dans la série, appelons un chat, un chat, dit-il les sourcils froncés.
« La série est entrain de glorifier la fornication, et c’est là où le bât blesse. Nous n’allons pas interférer dans leur travail, nous leur demandons juste d’avoir à l’esprit la petite jeunesse qui les regarde et qui pourrait très bien en être influencé, » supplie-t-il presque.
Producteurs, peintre, et écrivains, sont des artistes. Pour réussir et s’épanouir de leur art, ils ont besoin d’une certaine liberté. Les freiner dans leur esprit de création, d’imagination, porte atteinte à la qualité de leurs œuvres.
Marième Selly Kane, journaliste à la Rts de dire, que la seule bataille qui vaille est celui du contenu. Pour Madame Kane, il faudrait se demander s’il y a de la formation derrière. « La vraie question c’est : est-ce-que les acteurs des séries ont reçu une formation leur permettant de cerner les rouages du métier ? Parce qu’il est important de savoir que dire ou pas. Il est important de connaître les limites dans toutes choses », argue-t-elle. Selon elle, les responsables de diffusion des programmes télévisés sont autant responsables.
Durant plus de deux heures de temps, ils ont débattu des rouages de la diffusion des séries sénégalaises. D’aucuns ont même pointé du doigt, les responsabilités parentales. « Réduits sont les parents qui surveillent ce que leurs enfants regardent ou pas ou qui leur interdisent la télévision à partir de 21h. Celà aussi c’est un problème », relève-Madame la modératrice. De là, intervient la journaliste Oumy Ndour, prenant la parole comme mère de famille : « J’ai l’impression que le directeur de cabinet du Cnra, M. Sall ici présent vit toujours à l’ère pré-coloniale, dit-elle, provoquant un sourire, chez Mactar Sall. Repoussé l’heure de la diffusion du téléfilm n’est pas la solution. Il y’a toujours internet. Ce que les enfants peuvent avec les appareils numériques, beaucoup d’adultes n’en sont capables », dit-elle. « Ce qu’il faut c’est les éduquer en privilégiant les conseils », affirme-t-elle.
Les producteurs de Pikini production, et Marodi n’ont pas répondus présents à l’invitation. En remplacement, un autre producteur a pris la parole en affirmant que tout ce qui vient de l’esprit doit être respecté. Et en posant une réflexion : « Qui peut juger de la qualité d’une œuvre cinématographique ? »