Comme il est de coutume, les majorettes du lycée John Kennedy ont enflammé la piste de leurs pas de danses dont elles seules, ont le secret. Leur présence est, depuis des années, incontournable, à ce défilé du 4 avril. Malgré le temps, elles ne perdent en rien leur pouvoir d’attraction et continue de nourrir le charme de leur prestation.
Du côté des espaces réservées aux civils-citoyens, l’annonce de la prestation des majorettes riment avec disputes. Personne ne veut rater la danse des collégiennes. Coups de coudes, coups de pied, regards de travers, tout y passe.
Accompagnées des batteurs de tam-tam de la famille de l’initiateur des réputées majorettes de Kennedy Doudou Ndiaye Coumba Rose, elles commencent par marquer le pas, au rythme des tambours. Prenant goût au tams-tams qu’ils battent, les batteurs se laissent, eux aussi, emporter par le rythme. Habillés en robe noir et blanc, assortie de foulards rouges, elles tournent, virevoltent, se lâchent, au mélange de rythmes, comme un condamné à mort, dépourvu d’espoir et qui se retrouve contre toute attente, en liberté.
Marchant en dansant pour gagner la tribune où est assis le président de la République, la première dame et son gouvernement, elles prennent une position qui symbolise la devise de la nation (un peuple-un but-une foi). Juste après cette dite position, elles enchaînent avec des cercles signifiant diverses choses comme : entente avec la sous-région, et sécurité, environnement, ouverture. Les X rapprochés formés, symbolisent l’éducation, la citoyenneté, l’entraide. Yama Diémé Diedhiou, leur accompagnatrice tient vigoureusement une banderole où l’on perçoit : « Sénégal émergent ».
12h passé. Dans l’enceinte de leur école où elles réservent une nouvelle prestation à leurs camarades, le public, fan, est déjà sur place. La danse est un art majeur. Une pratique exigeante qui demande travail et rigueur. Elles nous expliquent que ce résultat est le fruit, de plusieurs mois de répétition. « Nous répétions les samedis, et les mercredis soir, » dit-Ndeye Sokhna. Pour elle, le sacrifice de temps n’a pas été vain. « Non celà ne nous a pas coûté, pas seulement moi, dit-elle, la main sur la poitrine, c’est aussi le cas de toutes mes autres camarades. C’est plus une fierté et un réel plaisir ».
Regagnant la salle qui leur est destiné, elles n’affichent pourtant pas, un air éreinté, bien qu’elles disent avoir passé la nuit ensemble, dans l’enceinte de leur établissement. « Modestie à part, avance-Anta Nar Touré, nous connaissons le pouvoir d’attraction des majorettes en ce jour de fête de l’indépendance. C’est pour cette raison qu’il nous est interdit de ménager nos efforts pour en mettre plein la vue aux spectateurs. C’est un jour de fête, de réjouissances, nous tenons à ce que notre prestation fasse plaisir », dit-elle pressée de courir rejoindre ses camarades.
Elles disent que leurs aînées leurs ont transmis certaines valeurs avec passion. Des valeurs qu’elles ont eu à éprouver durant leurs longues répétitions. Parmi elles, l’abnégation, est ce qu’elles retiennent le plus. Chez les danseurs qui aiment la complexité de l’art, l’effort n’est pas une vertu en perte de vitesse , les majorettes du lycée des jeunes filles ne font pas exception.