Braves, elles le sont. Leur présence est incontestablement utile à tout moment et dans tout. Tant à la maison qu’à leur lieu de travail. Elles participent au décor de ce monde et pas seulement comme des objets mais comme des actrices qui s’affirment au quotidien dans leurs activités respectives.
À Kédougou, elles sont nombreuses, ces femmes venues pour le service ou pour d’autres activités de commerce. Elles y retrouvent bien d’autres dans la zone, braves, mais confrontées à d’énormes difficultés. Pour les femmes qui habitent la zone, elles voient leur avenir réduit à un quotidien morose limité entre la maison, les djouras (zone d’orpaillage traditionnel) et les activités de jardinage.
Teranganews est allé à la rencontre de deux d’entre elles rencontré deux Femmes, qui, chacune, en ce qui la concerne a bien voulu nous en faire part.
La première est une enseignante. En service à Kédougou depuis 2013, Mme Seynabou Ndiaye (nom d’emprunt) effectue depuis six ans le trajet Dakar-Kédougou tantôt pour rejoindre son poste de retour des fêtes ou pour rejoindre sa famille à l’occasion de celles-ci. Il y’a dix ans, qu’elle a foulé le sol de la région orientale pour les besoins du service.
« L’enseignement, pour elle, est un sacerdoce, une passion » puisqu’elle donne du savoir à des enfants. Cette dame, qui sert dans un établissement, niché dans une sorte de poudrière du fait de la nature du sol qui oblige à tout le monde de s’habituer au linge, rêve de gagner un poste ailleurs près de chez elle à Thiès et d’y servir. À l’occasion de la célébration de la journée du 8 mars, Madame souhaite, entre autres, une discrimination positive à l’endroit des femmes enseignantes. Une discrimination sur les affectations. « Oui, pour les hommes, on peut comprendre. Mais les femmes, elles sont mères de famille qui doivent s’occuper de leur propre ménage » plaide-t-elle.
Des difficultés, elles n’en manquent pas dans l’exercice de ses fonctions. « C’était très difficile au début. L’accès était difficile, on est venus ici, on ne connaissait pas la zone, ce n’était pas évident.
Non loin de là, dans un petit village, nous tombons sur Safy, un surnom qu’elle porte depuis sa prime enfance. Mariée et mère de deux filles, elle est venue voir ses parents et assister au mariage de son grand-frère. Ménagère, elle a abandonné les études en classe de CM2. Contrairement à beaucoup de ses anciens camarades, elle réussit tant bien que mal à s’exprimer en français et nourrit toujours l’amour pour les études. Elle fût d’ailleurs la meilleure de sa classe. Hélas, comme beaucoup d’autres filles du village, elle a abandonné pour se marier dans un autre village. Quand on lui a demandé ce qu’était le 08 mars, elle ne savait que dire.
En fait, elle savait mais ne savait comment le dire. C’est là qu’une autre fille lui a soufflé un début de réponse. « C’est le jour où on ne frappe pas les femmes » lui souffle-t-elle en langue Malinké. C’est à ce moment qu’elle s’est ouverte à nous. Pour elle, « les femmes de notre village ne connaissent pas la journée de la femme. Nous, nous travaillons tous les jours à concasser des pierres et travaillons dans le jardinage sans oublier les travaux domestiques. Les légumes que nous cultivons, une partie, on la vend et l’autre est destinée à la consommation. Pour la recherche de l’or, un jour j’ai gagné 4 grammes d’or mais c’est à cause des gendarmes que je les ai perdus ». Comme Safy, de nombreuses femmes se donnent aux activités d’orpaillage pour avoir un tant soit peu à se mettre sous la dent. Ici, la pauvreté se féminise plus qu’il ne se « masculinise ».
À l’occasion de la journée du 08 mars, nos deux dames du jour n’ont pas manqué de faire des revendications. Mme Ndiaye souhaite, elle, une augmentation des parts au niveau de la fonction publique par rapport aux hommes qui en ont plus qu’elles. « Je ne sais pas pour quelle raison mais les hommes ont plus de part que nous. Il faudrait qu’on augmente un peu » lance-t-elle. Elle appelle aussi les femmes à continuer le combat consistant à donner à la femme sa vraie place dans la société et qu’elle ne soit plus confinée aux Seconds rôles. Safy, elle, qui regrette d’avoir quitté très tôt l’école, appelle à plus de Considération de la femme surtout dans cette zone où les filles sont victimes des réalités sociales. Des réalités qui ont nom: mariage précoce, grossesse précoce, principales causes de l’abandon des filles à l’école.