On aimerait mettre des mots, sur une chose qui nous échappe. Mais difficilement on y arrive. Parce que les grandes douleurs, la véritable souffrance se vit à l’intérieur de soi. La douleur semblant trop intense pour porter les ressentis au niveau des lèvres, les transformer en mots, avant de les faire sortir de la bouche, on garde le silence. Pour ce qui est de l’endométriose, une maladie qui atteint les parties génitales féminines, conduisant à la stérilité, Juliette Bâ, a réussi le pari de montrer à quel point, elle peut être douloureuse, à travers ce post sur Facebook :
« Etre une personnalité et souffrir de l’endométriose, c’est maîtriser les rouages de la schizophrénie… C’est prendre l’avion pendant 14h pour aller tourner à la Réunion pour TV5monde et te vider de ton sang dans des toilettes de 3m2 en te tordant de douleur tout en gardant le sourire parce que la Réunion ça va être beau.
C’est monter pendant 3 heures dans une jeep Willis et sentir le feu dans ton utérus et tes ovaires mais continuer l’interview avec le sourire.
C’est présenter Génies en Herbe. Habillée par des stylistes renommés. Maquillée par des super MUA. Avec un réal, une équipe au top et des gamins formidables… et sentir le sang couler, couler, couler… mais rester focus sur la caméra et ton réalisateur en gardant le sourire.
C’est devoir te reposer sur tes collègues parce que ça ne va pas. T’allonger sur eux, les envoyer à la pharmacie, changer tout le planning, mettre tout le monde en retard… mais essayer de garder le sourire.
C’est refuser les traitements chimiques que tu absorbes depuis tes 14 ans et une 5e opération. Refuser que l’on t’enlève l’utérus. Refuser Decapeptyl, qui en te mettant en ménopause artificielle, te transforme en vieille dame. Refuser tout celà pour te tourner vers le naturel et ingurgiter des tonnes de poudre et des litres de tisane au goût particulièrement infâme… avec le sourire.
C’est te vider de ton sang dans la baignoire pendant que ton homme te soutient. Et réussir malgré tout, à faire preuve d’humour en gardant le sourire.
C’est regarder tes soeurs, tes amies d’enfance, tes petites cousines, tes voisines, devenir maman… en gardant le sourire.
C’est savoir que l’on ne guérit pas de cette Merde mais malgré tout, se battre au quotidien pour l’information et la sensibilisation, en gardant le sourire… »
Son statut professionnel de journaliste est mis de côté pour un temps. La Juliette Bâ qui s’invite dans nos demeures à travers son émission télévisée, distribuant sourire à tout va, sur un visage, détendu, ne s’adresse pas à nous. Là, c’est une Femme, sensible, à la douleur au quelle elle fait face qui se présente à nous. A travers ces écrits, qui laissent percevoir la sensibilité, les efforts, le combat, la douleur, de cette femme, l’on ne peut que… comprendre cette maladie qui se révèle alors tellement existante.
Une journée lui est dédiée
La communauté internationale a célébré mercredi 13 mars, la journée dédiée à l’endométriose. On en parle pas souvent et on en entend pas souvent parlé, car méconnue du grand public. Mais elle fait des ravages chez les femmes en âge de procréer. Une pathologie gynécologique qui hante le sommeil de nombres de femmes en se manifestant par des douleurs inimaginables, pendant les règles qui, non traitées selon les médecins, peuvent conduire à la stérilité.
Les règles douloureuses peuvent être un signe de l’endométriose qui se révèle être une maladie chronique, généralement récidivante. De l’avis du gynécologue Abdoulaye Diop, les femmes souffrant habituellement de douleurs lors des menstrues doivent se faire consulter par un spécialiste. Toutefois, il faut préciser que cette douleur n’est pas suffisante pour déceler la maladie chez la patiente. « La douleur demeure le principal symptôme chez le sujet souffrant d’endométriose. La douleur liée à l’endométriose peut-être continue ou ponctuelle, fonction de la localisation des lésions et des adhérences. Liée au cycle menstruel de la femme, elle se manifeste souvent de manière plus aiguë au moment de l’ovulation ou des règles », confie-docteur Diop.
La douleur se manifeste dans plusieurs parties de l’appareil génital de la femme. Des études en santé montrent que la douleur est retrouvée chez 50 à 91% des femmes. Elle est ressentie lors des règles (dysménorrhée), pendant les rapports sexuels (dyspareunie), douleurs pelviennes ou lombaires, abdominales (ombilicales), douleurs pelviennes ou lombaires pouvant irradier jusque dans la jambe (cruralgie). « Cette douleur n’est pas une dysménorrhée primaire qui passe avec du paracétamol. Il s’agit bien souvent d’une douleur invalidante entraînant une incapacité totale ou partielle pendant quelques jours, voire, pour les cas les plus sévères, permanente, et nécessitant le recours à des antalgiques puissants et même morphiniques », analysent-des spécialistes de la santé. Cependant, deux situations ont pour effet de réduire ses symptômes : la ménopause, qui assure le plus souvent un soulagement définitif, et la grossesse, qui les soulage temporairement.
Un traitement ?
Aucun, de manière définitif. Selon les médecins, il n’existe pas aujourd’hui de traitements définitifs de l’endométriose, même si la chirurgie et l’hormonothérapie peuvent endiguer l’évolution de cette maladie durant plusieurs mois, ou années, selon les cas.