De Abdoulaye Faye, envoyé spécial de Téranganews
En ce jour, où la communauté mouride commémore le 68ième Magal de Mame Diarra Bousso, mère de Cheikh Ahmadou Bamba Khadimou Rassoul, fondateur du mouridisme.
Sokhna Mariama Bousso dite Mame Diarra naquit en l’an 1250 de l’Hégire (1833) fille de Serigne Mouhamadou Bousso et de Soxna Astou Waalo Mbacké. Elle disparut en l’an 1283 (1865).
Élevée par ses deux parents, Mame Diarra restitua à dix (10) ans oralement et par écrit tout le Coran. A dix-neuf (19) ans, elle termina l’étude des sciences religieuses comme la théologie et la jurisprudence et fit, à vingt (20) ans, ses premiers pas sur le dur chemin du soufisme. Avec l’aide de DIEU, elle franchit la dernière étape symbolisée par l’âme parfaite (Nafsun kaamila).
Éduquée dans cette atmosphère de piété et de spiritualité, Soxna Mariama Bousso fit de la prière, du jeûne, des dons pieux et du travail son viatique. En tout temps et en tout lieu, elle obtempérait aux prescriptions divines, source de bénédictions et de félicité et évitait tout interdit, source d’immoralisme et de déchéance. De même, elle accomplissait consciencieusement ses devoirs conjugaux et sociaux.
Boroom Poroxaan se singularisa ainsi au sein de sa famille par sa douceur, sa gentillesse, son affabilité et sa disponibilité envers grands et petits. Le décret divin, qui est à l’origine de tout, lia cette sainte créature au grand érudit et homme de Dieu le Cadi Momar Anta Saly Mbacké. Ils eurent quatre enfants : Serigne Mame Mor Diarra, Cheikh Ahmadou Bamba, fondateur du Mouridisme et Serviteur du Prophète (P.S.L); Serigne Abiboullahi et Sokhna Khady qui disparurent dès leur jeune âge. Elle sera donnée au Cadi au Cadi Serigne Momar Anta réputé pour sa probité morale et sa piété.
Sokhna Diarra détenait par-dessus tout une force spirituelle rare chez une femme, force qui lui permit de percevoir très tôt et de taire les miracles qui se manifestaient en la personne de son fils Cheikh Ahmadou Bamba, Khadimou Rassoul. Elle fit même tout pour les cacher à son entourage et ne finit par s’en ouvrir sur son insistance! qu’à son oncle Tafsir Mbacké Ndoumbé qui avait perçu chez son jeune neveu des signes et des dons exceptionnels.
Le surnom de Diâriyatul Lâhi (Voisine de DIEU) qui donnera le diminutif Mame Diarra que lui valurent ses nombreuses qualités spirituelles et humaines est attribué à juste titre à cette vertueuse créature qui vécut et se complut, sa vie durant, dans l’entretien de relations conviviales et chaleureuses avec tout son entourage.
Assurément, Sokhna Diarra mérite tous les égards et les hommages que lui rendirent hommes et femmes de plusieurs races et ethnies de tous horizons et surtout ceux des poètes comme Serigne Moussa Kâ et Serigne Mbaye Diakhaté. Le premier lui lance cet éloge: » Tu étais l’épouse modèle quand les autres étaient source de soucis. O championne, tu triomphas dans l’arène où exultaient les fils des différentes épouses dites vertueuses. C’est pourquoi leurs fils se font domestiques alors que le tien se tient, lui, sur un piédestal ». Sur la même lancée, Serigne Moussa renchérit : « Tu fis ce que nul ne fit ni ne put. C’est pourquoi nul n’aura après toi une telle récompense, O Mame Diarra ».
Quiconque se rend dans sa ville de Porokhane, où elle repose, avec sa grande mosquée, son imposant mausolée et son Magal annuel uniques pour une femme dans l’Islam et son institut islamique qui accueille des centaines de jeunes filles toutes homonymes de la sainte mère de Serigne Touba, se rendra à l’évidence. C’est l’occasion de rendre hommage au regretté Serigne Moustapha Bassirou Mbacké dont les réalisations immenses à Porokhane connurent leur consécration avec l’édification d’une résidence Mame Diarra qui abrite plusieurs appartements qui portent les noms de la famille de Cheikhoul Khadim.
Serigne Mbaye Diakhaté, quant à lui, s’écria: » Tu n’étais point usurière et tu n’étais point source de conflits. Tu ne disais que la vérité et tu t’y astreignais. Permets-moi, Bousso, que je te tire la révérence ».
Si « l’immensité du résultat » obtenu en une si courte vie (33 ans seulement!) devant « la petitesse des moyens permet de mesurer la grandeur » de Sokhna Diarra, tenter de suivre ses traces nous permettra, à nous autres jeunes femmes mourides, de poser le pas sur le chemin qui nous mènera vers l’ascension spirituelle.