Adama SENE, correspondant de Téranga News à Saint-Louis.
L’année 2018 vit ses derniers instants. Des dernières heures, qui jadis étaient célébrées avec faste dans la capitale du Nord. Malheureusement depuis quelques années, l’ambiance des grandes fêtes de fin d’année a connu un net recul. Plus de bals entre amis, plus d’animations culturelles en centre-ville, d’ailleurs cette situation est diversement interprétée par les populations saint-louisiennes.
A part quelques avenues décorées par la municipalité, la fin d’année ne se sent plus dans la vieille cité. En cette période de l’année, il était difficile de passer dans une rue sans y noter les préparatifs de bals du Saint-Sylvestre entre copains. Des moments de retrouvailles et de détente entre amis de même âge, qui ont tendance à disparaitre de plus en plus. « Les jeunes d’aujourd’hui, n’ont plus la même vision que leurs ainés. A notre époque le 31 Décembre était une fête que nous préparions pendant 12 mois pour se retrouver entre copains. Même ceux qui étaient hors de Saint-Louis, revenaient pour le bal annuel parce que nous cultivions le sens du partage. Malheureusement, les jeunes n’ont plus ce sens et l’individualisme a dominé leur monde. Très influencés par les réseaux sociaux, au lieu d’un grand bal populaire, ils préfèrent de loin être dans leur coin individuellement avec leurs copines » a soutenu Alpha Bâ, la cinquantaine bien sonnée. Avant de poursuivre qu’en dehors de l’individualisme montant chez les populations de Ndar, les autorités locales sont pointées du doigt dans le recul de la célébration des fêtes de fin d’année. « Au moment où les jeunes organisaient leurs bals de quartiers pour « enterrer » l’année en beauté, pour l’animation la municipalité ornait la ville et déroulait des manifestations culturelles en centre-ville pour les personnes âgées et les tout-petits enfants. Mais depuis quelques années, pour les festivités de fin d’année, elle ne décore que le pont Faidherbe. Elle ne soutient pas les structures artistiques et culturelles, le fanal ne sort plus en fin d’année, faute de moyens financiers des initiateurs. Raison pour laquelle, la fête a perdu son lustre d’antan dans la capitale du Nord » a-t-il ajouté. Pour d’autres, les motifs du recul de la fête sont à chercher ailleurs. A les en croire, la situation socio-économique du pays y a beaucoup contribué. « Pour faire la fête, il faut avoir les moyens financiers. Tout chef de famille aimerait voir ses enfants être dans une bonne ambiance. Mais les temps sont durs et la vie est devenue trop chère pour les responsables de famille. Nous sommes des « gorgorlou », donc il est impensable de faire des folies pour une nuit et pour ensuite peiner à assurer la dépense quotidienne des jours suivants. C’est pourquoi certains préfèrent organiser une petite noce en famille et regarder la télévision pour le reste de la soirée » a expliqué Bocar Ndiaye. Quant à Cheikh Baidy, les religieux ont également joué sur la balance. Pour lui, à travers les émissions religieuses dans les médias, ils sont parvenus à sensibiliser les populations musulmanes à ne pas fêter la fin d’année. « Certes on n’a pas touché tout le monde, les populations ont perçu nos messages que le musulman a ses propres fêtes qu’il peut célébrer dans la sunna du prophète, Mouhamed (PSL) a-t-il signalé.