Ils sont le noyau du Gamou. Et pourtant très peu s’intéressent à cette partie pourtant si indispensable, les habitants de cette citée religieuse de Tivaouane, l’hospitalité sans conteste qu’ils réservent aux fidèles affluents.
A l’occasion du Gamou, ceux d’avant et même ceux d’après, les fidèles prennent d’assaut la ville d’El Hadj Maodo Malick SY. En ce sens, ils prennent domicile, les maisons des habitants de la ville.
A cette heure comme à n’importe laquelle de l’évènement qui les réunit, la ville tremble sous une affluence indescriptible.
Nous entrons dans une maison au hasard. Le propriétaire qui dit avoir plus de 70 années à son actif nous y accueille. L’ air sympathique, il nous apprend : 《Fermer nos portes aux fidèles serait abomination, dit-il sur un ton calme. C’est ici que je suis née. Cette hospitalité est plus que normal et cela nous fait autant plaisir,》 pose-t-il les yeux souriant.
Un peu plus loin, vers la mosquée, le bruit résonnant de la demeure des Gueye nous poussent à y entrer. Des chants religieux qui s’élèvent rythment les vas et vient incessants des gens. Adja Ndoumbé Bâ, la mère de cette famille nous confie que prêter son toit est, pour elle, un acte conscient. 《Je vis ici depuis des décennies. C’est un peu une question d’habitude. dit-elle, nous-tapottant l’épaule, dans un rire dévoilant une dentition toujours éclatantes malgré le poids des années. 《De plus c’est un plaisir, autant qu’un symbole d’hospitalité. C’est notre partition pour le bon déroulement de l’évènement pour, dans ce sens, avoir la reconnaissance de nos guides,》 dit-elle, nous retenant pour une discussion en amenant un autre sujet.
*Les « squatteurs » ont aussi leur mot à dire*
Dans la citée de Tivaouane depuis jeudi 15 novembre, Ndeye Meissa Niang, est paresseusement affalée sur le sofa du salon des Mbengue. Se levant parce que qu’interpeler, elle se dandine telle une signare pour venir à notre rencontre. 《C’est la troisième fois que je viens dans cette maison. Leur disponibilité et leur gentillesse m’ont charmé. Nous cohabitons tout naturellement, dans le respect et l’harmonie,》dit-la dame, visiblement fatiguée.
Dans l’énorme cour faisant office de cuisine, impossible de distinguer invités et membres de la famille. Pourtant, les invités qui s’affairent autour des plats sont bien plus en nombre que ceux habitants la maison. Très souvent, de belles relations naissent de ces quelques jours de partage. Ce que confirme Moussa Yade. 《Mon fils cadet porte le nom du père de cette famille. Une profonde amitié est née le jour où, il y’a une vingtaine d’années, se souvient-il, j’ai demandé hospitalité dans sa maison le temps d’une nuit pour le Gamou. Il était heureux de m’ accueillir, dans sa chambre, me cédant son lit, comme s’il me connaissait depuis toujours. Cela m’a marqué,》 dit-il la main sur le coeur. 《Depuis, nous avons une relation qui perce les frontières amicales,》 nous-confie-t-il.
Les « mberdels », réjouissances qui accompagnent cette hospitalité, constituent des dépenses pour les habitants. Sur cela, les réponses restent unanimes. 《C’est notre devoir que de nous assurer que les invités ne manquent de rien. Ou en tout cas, nous faisons tout, pour qu’il en soit ainsi. Nos guides seront contents de nous. Et notre pouvoir de les satisfaire n’en sera que quintuplé,》 disent-ils presque en scandant. La foi est un pouvoir.