Adama SENE, correspondant à Saint-Louis.
Dans quelques jours, les enseignants, les parents d’élèves et les élèves seront au rendez-vous pour la rentrée des classes, avec le slogan « Ubi tey, Jang tey » dans des établissements de Saint-Louis qui présentent toujours un visage très hideux. Une rentrée qui sera marquée par la fermeture de certaines écoles et l’indisponibilité pour d’autres à cause leur dégradation très avancée. Comme quoi la rentrée des classes 2018/2019 est partie pour suivre les pas de ces devancières avec leurs lots de ratées.
La situation « dégueulasse » des établissements ne rassure pas les parents d’élèves. Pour le président de la fédération régionale des parents d’élèves de Saint-Louis, la vétusté et l’insalubrité de certaines écoles sont trop inquiétantes. « A moins d’une semaine de la rentrée, si des établissements sont encore dans ce stade de saleté, il y a de quoi s’alarmer. Il faut que toutes les eaux soient évacuées des cours d’école, que les fosses septiques soient vidées et les salles nettoyées et désinfectées. Pour nous parents d’élèves, notre seul souci c’est qu’on mette nos enfants dans des conditions humaines afin que le concept Ubi tey, jang tey soit effectif dès le jour de la rentrée » a soutenu Mamoudou Déme.
La vétusté des écoles, une réelle menace des occupants
D’ailleurs ils ont été unanimes pour déplorer la dégradation généralisée des infrastructures scolaires surtout dans l’élémentaire où la majeure partie des écoles a été construite pendant la période coloniale. Pour les autorités académiques et l’association des parents d’élèves, les vieilles écoles sont devenues de réelles menaces pour leurs centaines d’occupants. Parmi les plus exposées, on peut citer Khayar Mbengue, Justin Ndiaye de Pikine, Ndiawar Sarr de l’Ile, entre autres. Mais on note à côté des écoles élémentaires, des collèges et des lycées qui sont dans des états de délabrement trop avancés. Pourtant la situation de ces établissements scolaires a fait l’objet de plusieurs rapports de la part des autorités académiques, qui ont alerté les pouvoirs administratifs de la région de même que l’Etat via le ministère de l’Education. Ainsi pour prendre les devants, certaines écoles ont été fermées par le préfet du département de Saint-Louis pour des raisons de sécurité. C’est le cas du CEM Amadou Dugay Clédor et de l’école élémentaire Ndiawar Sarr dans le quartier Sud. Mais la vétusté des infrastructures scolaires n’est pas la seule responsable de la fermeture des écoles dans la vieille cité. Dans la Langue de Barbarie, l’avancée de la mer a entrainé également la fermeture partielle ou totale de certains établissements. Un phénomène qui a été enregistré à Guet-Ndar avec les écoles de Cheikh Touré, d’Abdoulaye Mbengue Khaly et au CEM Abbé Boilat à Ndar-toute.
Ecoles fermées, un fort taux de déperdition scolaire noté
Des fermetures qui ne sont pas sans conséquences, car une nouvelle configuration de la carte scolaire s’est dessinée avec ses lots de désagréments. Les élèves de l’élémentaire de la Langue de Barbarie sont redéployés dans les écoles de l’Ile entre Ndatté Yalla, Alioune Babacar Sarr et Léontine Gracianet. Dans les établissements d’accueil, c’est le système de l’alternance qui est instauré avec des effectifs pléthoriques dans les classes. Une situation qui a engendré des contre-performances scolaires des élèves déplacés. « Malgré toute la bonne volonté des enseignants, les conditions d’enseignement et d’apprentissage ne sont jamais réunies pour atteindre le quantum horaire exigé. Les directeurs des écoles fermées peinent terriblement dans la gestion des leurs troupes éparpillées dans différents sites. L’éloignement entre les résidences des enfants et les écoles d’accueil participe négativement à la performance des potaches déplacés parce qu’ils ne sont pas habitués à parcourir autant de kilomètres. Le résultat final de cette situation, c’est la déperdition massive des enfants » a regretté le président du CGE de l’école cheikh Touré. Avant de souligner que le taux d’abandon est plus élevé dans les rangs des élèves déplacés au site de Khar Yalla. Pourtant des directives ont été données par l’IEF/Commune pour que tous les élèves victimes de l’avancée de la mer soient accueillis dans les écoles des quartiers environnants du site.
Malheureusement, a signalé, Cheikh NDiongue, du bureau Com de l’IEF, de nombreux élèves n’ont pas résisté et ont abandonné pour de multiples raisons dont les plus récurrentes sont d’ordre économique des parents. Ainsi pour que les choses bougent plus rapidement, le plaidoyer est porté par les populations. D’ailleurs elles ne ratent plus aucune occasion pour demander aux autorités étatiques d’arrêter les promesses, mais de s’atteler à la réhabilitation des écoles vétustes et la construction de nouvelles infrastructures scolaires à Saint-Louis.