On en parle même plus ou rarement, nos musées. Culturellement, ils sont, disons « un trésor ». Leur présence au sein d’une société rende compte de leur importance. A l’évidence, cette importance est pas ou peu connue vu le constat fait sur le nombre restreint de visiteurs dans ces endroits.
Ce lundi 13 août, nos pas nous ont menés au musée Léopold Sédar Senghor. Nichée sur la Corniche Ouest, la maison du défunt premier Président fait face au Monument de la Renaissance. La première chose qui nous frappe lorsque l’on accède à l’intérieur, c’est que l’endroit, qui a été une demeure du Président-poète a su conserver l’esprit de son illustre occupant. Une vaste demeure ocre de style soudano-sahélien, un ovni architectural contrastant avec les villas et ambassades aux murs blancs de Fann-Résidence.
A quand remonte l’effervescence dans ces lieux d’histoires ? L’on se pose la question, l’on demande, des réponses claires et précises peinent à sortir. Les visiteurs ne s’y bousculent pas. Mme Mbengue, muséologue de formation, ancienne responsable du musée de l’Institut fondamental d’Afrique noire (IFAN) confirme : « Effectivement ces lieux sont aujourd’hui assez peu fréquentés, » regrette-t-elle. La principale raison est sans doute le fait que la plupart des gens ne s’y intéressent pas. Il y’a un réel manque d’appétence des sénégalais pour les musées, » avance-t-elle. Interpellée sur le fait que les entrées payantes soient un motif de rareté des visiteurs, elle affirme : « Les prix sont abordables. De plus, le musée a un budget constitué par des recettes et des dépenses. L’objectif est d’équilibrer les deux pôles de ce budget. La vente des billets, constitue une petite entrée d’argent, permettant au lieu de vivre. Il faut des animations, de la médiation avec les écoles, les lycées, les universités, des expositions thématiques, des colloques. Il faut privatiser le lieu pour des séminaires (banque, grands groupes financiers, ou des manifestations privées). Le budget couvre le personnel, les collaborateurs et intervenants que l’on paye aussi. Donc il faut un peu d’argent pour gérer un tel établissement, qui a le mérite d’exister, et a besoin de tous pour concrétiser des projets. »
Mme Mbengue se réjouit tout de même, que ce lieu encore peu fréquenté concoure à animer la vie culturelle dakaroise.
Du rez-de-chaussée à l’étage, le Musée Senghor conserve l’esprit de son immortel occupant. Des souvenirs offerts, tout au long de sa vie, par des hôtes de marque et de toutes origines. Des livres, par dizaines : classiques grecs, latins et de la littérature africaine-américaine poèmes de Ronsard et de Verlaine, œuvres d’Alain et de Hemingway, sans oublier une série de dictionnaires. Et, au détour de chaque couloir, de chaque espace privé, le portrait en noir et blanc de Philipe Maguilène.
Tout pour appâter en tout cas, un intéressé de la culture.
A quelques mètres de là, se dressent le musée de la femme Henriette Bathily. Ici aussi, même constat, rareté des visiteurs. A croire que les musées ne font même plus partie des endroits ludiques très prisés. Chaque musée revêt un sens qui lui est propre. Ici, c’est en partie parce que c’est un hommage à toutes. Femmes d’ici et d’ailleurs, porteuses d’histoire et animatrices de l’éducation permanente. « L’objectif principal de ce musée, dit-Mme Mbaye,membre de l’administration, c’est de faire connaître le Sénégal par la place et le rôle de la femme sénégalaise dans la communauté, les rites et les arts populaires et traditionnels. » A cet effet, des portraits et statuts de femmes historiques font le décor de ces lieux. Malgré une affluence qui, visiblement, fait défaut, le lieu semble vivant.
C’est alors officiel, les musées de la capitale sénégalaise souffrent d’ébullition. Rappelons donc l’importance de ces « joyaux » culturels dans une société, pas en tant que meubles décoratifs, mais moyen d’éducation.
Aujourd’hui le musée n’est pas seulement un conservatoire, il est un foyer de vie intellectuelle qui se manifeste par son rôle éducatif et culturel.
Le musée doit servir au public le plus vaste, aux chercheurs, aux amateurs, à ceux qui étudient, mais peut être davantage aux enfants qui seront les savants et les artistes de demain, et à tous les adultes avertis qui ont le droit d’être initiés à la science et à la beauté. L’approche et l’apprentissage de l’art doivent se faire dès le plus jeune âge. La mise en contact avec l’art favorise l’ouverture au monde et à soi-même. L’art est le langage des sens et de l’apprentissage de l’émotion. L’importance de l’éducation artistique dans le développement de l’enfant, c’est de donner des clés d’accès aux savoirs et c’est aussi un facteur de réussite scolaire, car cette dimension favorise la réflexion et l’imagination, source d’équilibre et de plus grande confiance en soi.