La lutte contre la corruption doit être érigée en priorité, car il s’agit du plus grand obstacle au développement économique et social et à l’épanouissement de la jeunesse. C’est par ces mots que le souverain marocain Mohammed VI a démarré son message aux chefs d’Etats réunis à Nouakchott, capitale de la Mauritanie pour les besoins du 31ème sommet de l’Union Africaine (UA) sous le thème « vaincre la corruption: une voie durable pour la transformation de l’Afrique ».
Le Souverain a relevé que ce fléau n’est pas une fatalité africaine, ne représente pas l’apanage du continent et qu’il constitue “un phénomène mondial qui sévit dans les pays du Nord, comme dans ceux du Sud, et il risque de mettre à mal la réalisation des Objectifs du Développement Durable (ODD), décidés à l’échelle internationale”.
Selon le roi Mouhammed VI, « la lutte contre ce fléau requiert une mise en synergie de toutes les expériences et des expertises, dans le cadre d’une vision commune que partagent tous les partenaires, a poursuivi le roi, notant que cette lutte “ne peut en aucun cas devenir une nouvelle forme de domination et de pression” et que “le bien de nos peuples passe par la prévention et la responsabilisation de tous les acteurs de nos sociétés ».
« La corruption est un mal endémique qui ronge les sociétés, mine les efforts qui conduisent vers l’émergence, et grève le pouvoir d’achat des citoyens, et notamment des plus pauvres, notant que dans «certains secteurs d’activité, elle représente 10 pc du coût de production », a-t-il souligné dans son message lu par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Nasser Bourita.
A l’en croire « la corruption pervertit les règles de la démocratie et sape l’Etat de Droit ; elle dégrade la qualité de vie et favorise la criminalité organisée, l’insécurité et le terrorisme”, a dit le roi, faisant remarquer que dans le combat sans relâche contre ce fléau, «certains pays de notre continent, et ils sont nombreux, obtiennent de meilleurs résultats que d’autres, parfois plus développés. Ces modèles nous engagent tous à suivre la même voie».
« Toutefois les réformes institutionnelles entreprises au sein de l’Union africaine contribueront également à faire émerger une culture de lutte contre ce fléau, a estimé le Souverain, se disant convaincu que le Président de la République fédérale du Nigéria, Muhammadu Buhari, désigné champion africain de lutte contre la corruption à l’occasion du 30e sommet de l’UA, marquera de son sceau cette nouvelle étape », a relevé le texte royal.
Le Maroc, conscient des effets dévastateurs de la corruption, a décidé, selon le chef de la diplomatie du royaume chérifien de ne ménager aucun effort pour en venir au bout. Ainsi, s’est-il doté en 2015 d’une stratégie nationale de lutte contre la corruption dont la mise en œuvre a été confiée à une Commission nationale anti-corruption.
« S’étalant sur dix ans, elle (la stratégie) vise à l’horizon 2025, à inverser la tendance de manière visible et irréversible, à renforcer la confiance des citoyens et enfin à améliorer l’intégrité et le climat des affaires, tout en renforçant le positionnement du Royaume à l’international », a dit Bourita.
Parallèlement, le Maroc a constitutionnalisé l’instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption, élargissant ainsi ses prérogatives et renforçant sa mission de veille.
« Conformément à la nouvelle législation, elle renforcera l’action pluridimensionnelle menée concomitamment par le gouvernement et le pouvoir judiciaire en ce domaine », a conclu Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du Maroc.
A noter que le roi Mohammed VI est parmi les absents de ce sommet.