L’affaire Alexandre Benalla continue de défrayer la chronique en France et fait trembler la majorité présidentielle et a déclenché plusieurs ouvertures d’enquête. Après le passage du ministre de l’Intérieur Gérard Collomb et du préfet de Police de Paris Michel Delpuech devant les députés. Retour sur une affaire qui continue d’éclabousser le palais de l’Elysée et Emmanuel Macron.
L’identification d’un collaborateur d’Emmanuel Macron sur une vidéo de violences commises le 1er mai à Paris a déclenché, en ce mois de juillet, la plus violente crise politico-judiciaire du quinquennat.
1er mai 2018
Tout a commencé le 1er mai. Ce jour-là, place de la Contrescarpe, dans le Ve arrondissement de Paris, un homme casqué est filmé en train de molester deux manifestants. La vidéo est rendue publique, mais l’identité de l’auteur des violences n’est révélée que plus de deux mois et demi plus tard par le journal Le Monde.
Alexandre Benalla, chargé de mission à l’Élysée, est filmé frappant un jeune homme et malmenant une jeune femme en marge des manifestations du 1er mai, place de la Contrescarpe, dans le Ve arrondissement de Paris. Les deux manifestants sont interpellés puis relâchés.
Censé être présent en tant que simple observateur, Alexandre Benalla est entouré de CRS et accompagné de Vincent Crase, un gendarme réserviste employé de La République en Marche, aux services duquel la présidence de la République fait parfois appel.
L’ancien membre du service d’ordre du Parti socialiste est coiffé d’un casque, porte un brassard de police et manipule un talkie-walkie, alors que ces deux derniers équipements sont normalement réservés aux forces de l’ordre.
2 mai
Le cabinet d’Emmanuel Macron, le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, et le préfet de police de Paris, Michel Delpuech, sont informés des violences commises par Alexandre Benalla.
Le directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, Patrick Strzoda, convoque Alexandre Benalla, qui lui confirme être la personne figurant sur la vidéo qui circule sur les réseaux sociaux. Emmanuel Macron, en déplacement en Australie, est mis au courant.
3 mai
Dans une lettre à Alexandre Benalla, Patrick Strzoda lui annonce sa suspension du 4 au 19 mai en raison de son comportement « manifestement inapproprié ». Il précise qu’à défaut de « comportement exemplaire » à l’avenir, il mettra définitivement fin à ses services à l’Élysée.
18 juillet
Sur son site internet, Le Monde publie un article identifiant Alexandre Benalla comme étant l’auteur des violences de la place de Contrescarpe. L’information est immédiatement reprise dans tous les autres médias de l’Hexagone. L’affaire Benalla débute.
19 juillet
Le porte-parole de la présidence de la République, Bruno Roger-Petit, condamne « un comportement inacceptable » et souligne que la sanction infligée est « la plus grave jamais prononcée contre un chargé de mission travaillant à l’Élysée ». Il ajoute qu’Alexandre Benalla a perdu ses attributions en matière de sécurité des déplacements présidentiels. Emmanuel Macron se contente d’affirmer que « la République est inaltérable ».
Le parquet de Paris annonce l’ouverture d’une enquête préliminaire pour « violences par personne chargée d’une mission de service publique », « usurpation de fonctions » et « usurpation de signes réservés à l’autorité publique ». Dans ce cadre, le directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, Patrick Strzoda, est entendu par la police en qualité de témoin. L’Inspection générale de la police nationale (IGPN) est saisie.
Trois policiers, dont deux commissaires, sont suspendus à titre conservatoire pour avoir illégalement transmis à Alexandre Benalla, la veille, des images de vidéosurveillance de la place de la Contrescarpe le 1er mai.
En raison de la colère des députés d’opposition, les interruptions de séance, rappels au règlement et réunions d’urgence se multiplient à l’Assemblée nationale, interrompant de facto les débats sur la réforme constitutionnelle. La commission des Lois obtient le droit de se constituer en commission d’enquête.
20 juillet
La présidence de la République annonce avoir décidé d’engager une procédure de licenciement à l’encontre d’Alexandre Benalla car il « aurait été le destinataire d’un document appartenant à la préfecture de police de Paris et qu’il n’était pas autorisé à détenir », à savoir les images de vidéosurveillance transmises par les policiers.
Les révélations autour des privilèges du chargé de mission, âgé de 26 ans, se multiplient: salaire approchant les 10.000 euros mensuels, voiture de fonction dotée d’un gyrophare, logement de fonction situé dans une dépendance de l’Élysée quai Branly, autorisation de port d’arme…
21 juillet
Les trois policiers mis en cause pour avoir transmis des images de vidéosurveillance à Alexandre Benalla sont à leur tour placés en garde à vue.
22 juillet
Alexandre Benalla est mis en examen pour « violences en réunion n’ayant pas entraîné d’incapacité totale de travail », « immixtion dans l’exercice d’une fonction publique en accomplissant des actes réservés à l’autorité publique », « port et complicité de port prohibé et sans droit d’insignes réglementés par l’autorité publique », « recel de détournement d’images issues de la vidéoprotection » et « recel de violation du secret professionnel ».
Vincent Crase est mis en examen pour « violences en réunion », « immixtion dans l’exercice d’une fonction publique » et « port prohibé d’arme ». Les trois policiers sont notamment mis en examen pour « détournement d’images issues d’une vidéoprotection » et « violation du secret professionnel ».
Emmanuel Macron fait savoir par sa garde rapprochée qu’il juge le comportement d’Alexandre Benalla « inacceptable et choquant », et que ce dernier ne bénéficiera d’aucune « impunité ». Il reconnaît des « dysfonctionnements » et annonce avoir chargé Alexis Kohler, secrétaire général de la présidence, de travailler à une réorganisation des services internes et du cabinet pour qu’une telle situation ne puisse se reproduire.
La fronde se poursuivant à l’Assemblée, l’examen du projet de loi de révision constitutionnelle est suspendu par le gouvernement, annonce Nicole Belloubet, la ministre de la Justice.
23 juillet
Auditionné par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale pendant 2h30, Gérard Collomb rejette toute responsabilité, affirmant que c’était à la préfecture et à l’Élysée de prendre des sanctions contre Alexandre Benalla.