Chérif Abdou Aziz TOURÉ Tivaouane.
Le 13 juin de chaque année est dédiée à la Journée internationale de sensibilisation à l’albinisme instituée par l’Organisation des Nations Unies depuis 2015. Quatre années après l’instauration de cette date, ce groupe vulnérable continue de subir une forte stigmatisation partout dans le monde, particulièrement en Afrique où les albinos sont souvent perçus comme des êtres surnaturels voire maléfiques.
L’albinisme est une maladie due à une absence de pigmentation (mélamine) sur les cheveux, la peau et les yeux (albinisme oculo-cutané). Il est rare, non transmissible, et héréditaire. On le retrouve dans le monde entier, indépendamment de l’appartenance ethnique ou du genre. Dans presque tous les cas d’albinisme, les deux parents doivent être porteurs du gène pour le transmettre, même s’ils ne sont pas eux-mêmes atteints d’albinisme. Il entraîne une grande sensibilité au soleil et à la lumière vive.
En Afrique, beaucoup de superstitions sont liées à l’albinisme. En effet dans de nombreuses cultures africaines, les albinos sont considérés comme des êtres surnaturels qui ont le pouvoir de faire exaucer des vœux. Ainsi, il n’est pas rare de voir les communautés d’albinos craindre pour leur survie à l’approche de jougs électoraux. Cette crainte se fonde sur certaines croyances populaires et mystiques d’après lesquelles tuer un albinos ou le fait de verser son sang peut mener le candidat à la victoire. En guise d’exemple, l’association des albinos du Burkina Faso avait récemment diffusé un communiqué pour le respect de leurs droits à la vie et à la protection à l’approche des élections présidentielles. Cet appel est réitéré dans beaucoup d’autres pays africains où ces superstitions sont encore très ancrées dans la croyance populaire. Selon l’ONU, près de 75 albinos auraient été tués en Tanzanie entre 2000 et 2016.
Au-delà de l’aspect culturel, il faut aussi pointé du doigt l’exclusion sociale dont les albinos sont victimes en Afrique. Il est rare de voir des albinos s’intégrer à la société au même titre que les autres pour pouvoir bénéficier pleinement de leur statut de citoyens. Dans la plupart des cas, les albinos africains se retrouvent à mendier, sans un toit et s’exposent à tous les dangers liés à la vie dans la rue.
Mais en dépit de ce tableau sombre, des figures comme le célèbre chanteur malien Salif Keita contribuent activement à déconstruire les préjugés. Et en ce 13 juin 2018, l’Union Africaine, l’Organisation des Nations Unies et la Communauté internationale sont invités à accroitre les initiatives visant à accorder une meilleure place aux albinos dans nos sociétés. Pour un monde meilleur.