Sainey Senghor avait 18 ans lorsqu’il est sorti manifester avec les autres étudiants de sa classe. Depuis ce jour, il est handicapé et se déplace grâce à des béquilles : « On a été interceptés par des soldats. Ils ont commencé à nous tirer dessus. Et j’ai été touché à la jambe. »
Sainey espère que la Commission Vérité et Réconciliation, prévue d’ici la fin de l’année, établira clairement ce qui s’est passé : « On veut que tout soit défini clairement, ce qui s’est passé, qui a donné l’ordre de tirer. Pour l’instant, c’est dur de tourner la page et aller de l’avant. »
Mais les victimes commencent à perdre patience, à l’image d’Abdou Karim Jammeh, lui aussi touché par balle à la jambe, il y a dix-huit ans : « On avait de l’espoir, on pensait qu’ils allaient faire quelque chose pour nous. Et l’ambassade de Turquie nous a offert des visas et des soins gratuits dans leur pays. Notre gouvernement avait juste à nous payer les billets d’avion. Et depuis, rien, on continue à leur demander ce qui se passe. »
Pour la députée du Parti populaire progressiste (PPP), Fatoumatta Njai, il faut aussi agir contre la loi créée en 2001 et qui protège les forces de l’ordre contre les poursuites : « Malheureusement, j’espérais que des représentants du gouvernement soient présents. Je pense que cette loi sur l’indemnisation (Indemnity Act) instaure l’impunité. Comment peut-on protéger un criminel ? On ne peut pas leur donner le droit de tuer leur propre peuple et ensuite les protéger de leurs actions. »
Les victimes souhaitent également qu’un mémorial soit installé dans la ville, pour que ces violences ne soient jamais oubliées.