Ce lundi, 16 avril 2018; la communauté layéne célèbre le 138ème appel de Seydina Limamou Laye. Un appel qui continue de trouver écho auprès des fidèles de sa communauté mais également au delà de celle-ci. A Cambéréne où est enterré le premier Khalife de la communauté Seydina Issa Rohou Laye, la ferveur est palpable et l’appel toujours d’actualité.
Des flots de fidèles se déversent dans les artères de Cambérène. Tous vêtus de blancs, ils accourent avec ferveur pour répondre à un appel lancé il y a plus d’un siècle par Seydina Limamou Laye. Les voitures du protocole venus pour assister à la cérémonie officielle peinent à se frayer un chemin dans cette foule compacte de fidèles. Des jeunes gens, caféière à la main, servent du café Touba aux fidèles qui ont fait le déplacement.
Ces centaines de fidèles convergent en un seul lieu : le mausolée de Seydina Issa Rohou Lahi. Les personnes qui n’ont pas réussi à accéder dans l’enceinte de lieu Ô combien important pour les layénes, restent debout prêt du mur qui clôture ce lieu sacré. Les fidèles se laissent bercés par les chants religieux distillés par les haut-parleurs. Ils ne veulent non plus rater sous aucun prétexte le sermon de la cérémonie d’ouverture.
Les layènes ne sont pas les seuls à être venus répondre à l’appel de Seydina Limamou Laye. Ce dernier a lancé cet appel vers la fin du 19ème siècle et s’est auto proclamé le Mahdi tant attendu. Un appel qui a trouvé écho au-delà de la communauté layène. Des fidèles d’autres confessions ont effectué le déplacement. C’est le cas Baye Ndiaga War, un disciple mouride qui est venu répondre volonté à l’appel de Limamou Laye.
Cambéréne, est un quartier dont l’histoire est inextricablement liée à celle des layènes. En effet, il abrite le mausolée de Seydina Issa Rohou Lahi, premier Khalife de Seydina Limamou Laye. Il permet également d’accueillir les cérémonies de chants religieux comme c’est le cas lors de ce 138ème appel. Cambérene a été fondé par Seydina Issa Rohou Laye pour loger les fidèles qui commençaient à grossir les rangs de la communauté mais également pour éviter les hostilités de ceux qui rejetaient le message apporté par son père.
Trouvé à l’entrée du mausolée, Mouhamadou Lamine Lô Laye et ses camarades ont quitté Campement Nguékhokh pour venir assister à cette cérémonie. Tout de blanc vêtu, il nous explique la particularité de Cambéréne où il passé toute son enfance. « Ici on ne joue pas de tam-tam, c’est formellement interdit », affirme-t-il d’un air fier. « La cigarette est également interdite ici. Personne n’a le droit d’en fumer même dans sa voiture. Le véhicule des récalcitrants est caillassé. C’est une recommandation des anciens de Cambéréne », explique le jeune layène. « Quand on voit une fille qui porte un pantalon moulant on lui ordonne de nouer un pagne si elle refuse on la bat », ajoute-il.
Une particularité qui ne semble pas être connue par tout le monde. En effet, une jeune fille au teint clair et à la jupe moulante s’est faite sermonnée à l’entrée du mausolée. « Couvre tout la tête ! », lui crie un homme d’un air menaçant qui la pointé du doigt. La jeune dame confuse rétorque un « je ne suis pas venu pour l’appel » à peine audible. Un homme lui tend un foulard qu’il vient d’acheter afin de mettre fin à l’incident.