De Adama SENE, Saint-Louis
La mer avance à grand pas dans la commune de Saint-Louis et dans le Gandiolais. Une bonne partie des populations de la Langue de Barbarie a été évacuée vers d’autres lieux pour plus de sécurité. Selon l’avis de certains vieux du populeux quartier des pêcheurs de Saint-Louis, c’est la première fois que de tels événements désastreux se produisent. Pratiquement toutes les concessions qui faisaient face à la mer sont détruites par la furie des vagues. D’ailleurs l’eau a investi toute la Langue de Barbarie atteignant des endroits insoupçonnés de Guet-Ndar à Goxu-mbacc.
Le décor est insoutenable avec les nombreux pans de murs qui sont à terre mais également les tas de bagages et meubles exposés à l’air libre, le tout dans un désordre total. Le désarroi et la fatigue se lisent pratiquement sur tous les visages des habitants de la Langue de Barbarie. L’alerte rouge lancée par l’L’ANACIM avec une houle dangereuse pouvant dépasser les 2,5 m de hauteur sur les côtes sénégalaises, a occasionné beaucoup de dégâts dans ce populeux quartier de pêcheurs avec la destruction de maisons qui font face à la plage. Plusieurs chefs de familles et leurs enfants vivent dans des situations très difficiles. A en croire certaines personnes du troisième âge vivant dans les sous-quartiers de la Langue de barbarie, la furie des vagues n’a jamais atteint de telles proportions. « Des dégâts dus à l’avancée de la mer, on en a connu, mais la force de frappe des dernières vagues qu’on a noté toute la nuit du mercredi 28 février, c’est une première dans l’histoire de la Langue de Barbarie. L’eau a atteint des coins insoupçonnés de Guet-Ndar, ce qui explique la violence des vagues qui n’ont rien laissé sur leur passage » a soutenu un vieux sexagénaire. Avant de poursuivre que les populations sont plus qu’inquiètes pour leur avenir et celui de leurs enfants dans la Langue de Barbarie. « La météo informe que la houle sera sur les côtes sénégalaises jusqu’au vendredi 2 mars ». Pourtant toutes ces familles dorment à la belle étoile et ne savent pas où aller pour se reloger, elles ont tout perdu tous leurs vivres et leurs toits. C’est pourquoi les jeunes de la localité sont entrain de mettre les bouchées doubles pour essayer de sauver ce qui peut l’être durant la journée. Mais dès la tombée de la nuit les vagues reviennent à l’assaut des maisons avec une force dévastatrice terrible. « On apprécie les efforts des autorités, mais on exige qu’elles pressent le pas car la mer n’attend pas et on ne peut pas l’arrêter avec nos bras » a expliqué Makha SENE.
D’ailleurs dans la Langue de Barbarie, les sapeurs–pompiers ont dénombré plus de 50 maisons détruites et une dizaine de familles sans abri, tandis qu’à Tassinére dans la commune de Ndiébène-Gandiole, 20 bâtiments ont croulé comme un château de cartes. Raison pour laquelle, le maire de Saint-Louis s’est rendu auprès des sinistrés de la Langue de Barbarie pour les soulager mais également les apporter les secours d’urgence. « Le recensement n’est pas encore terminé, mais pour les familles sans-abri, le ministère de l’intérieur nous enverra très rapidement des tentes pour les loger en attendant d’améliorer leurs conditions sociales. Dans le cadre du programme des travaux d’urgence de protection de la Langue de Barbarie, l’Etat du Sénégal et ses partenaires sont entrain de tout faire pour sécuriser les populations et leurs biens. D’ailleurs il est prévu de déloger certaines familles vers d’autres sites pour mieux renforcer la digue de protection côtière » a déclaré Mansour Faye. Pourtant une situation aussi catastrophique que celle que vivent les guet-ndariens, se passe à Gandiole.
Les populations des villages du Gandiolais dans le désarroi
Au village de Tassinére, une vingtaine de maisons a été détruite et des centaines de personnes sans abri. Très remontées, les familles sinistrées de cette commune ont tiré à boulets rouges sur leur maire qui n’a même pas daigné venir s’enquérir de leurs difficiles conditions de vie après le ravage des vagues. « Les villages de Doune Baba Diéye et Keur Bernard seront rayés de la carte mondiale, si on n’y prend garde, sous peu ça se sera au tour de Tassinére, de Pilote-Barre et de Mouit-Gandiole de disparaitre à jamais. En attendant les populations sinistrées souffrent le martyr sans aucune assistance. Le maire est toujours abonné absent de sa commune. Depuis combien de temps nous lançons des cris de détresse ? Mais rien n’est fait comme si nous ne sommes pas des citoyens qu’on doit assister. Le comportement du maire de Ndiébène-Gandiole envers ses administrés peut être qualifié de non-assistance à une personne en danger. Ensuite les populations en ont marre des promesses jamais tenues. Lors du dernier raz-de-marée, des promesses fermes de reloger les familles menacées ont été faites par les autorités, mais jusqu’à ce jour, rien de réaliser. Il faut qu’elles comprennent que Gandiole est meurtri. Même le chef de l’Etat est interpellé pour qu’il nous trouve des financements à l’instar de ce qui se fait dans la Langue de Barbarie pour nous sécuriser» a râlé Lamine Fall.