Le rugby est des sports les moins médiatisés au Sénégal, mais des hommes et des femmes se battent pour vulgariser ce sport dans un pays où le football et la lutte sont rois. La maison du rugby est une des institutions qui veulent contribuer au rayonnement de ce sport d’impact auprès des jeunes garçons mais également des filles.
Promouvoir le rugby auprès des jeunes sénégalais, c’est l’objectif de la maison du rugby. Niché à Yoff, elle accueille des jeunes garçons et filles âgés entre 7 et 18 ans. Pape Birame Faye, président de l’association qui gère cette maison nous accueille dans la maison en bleue. Avant de nous recevoir dans son bureau, il s’arrête un moment devant le tableau sur lequel le programme de la semaine est écrit. « Comme vous le voyez, dit-il en pointant du doigt le tableau, nous ne nous limitons pas qu’au rugby. Les enfants suivent aussi des cours de renforcement, bénéficient de couverture sociale et pratiquent même de la natation. » « Ceux qui sont déscolarisés sont inscrits dans un centre de formation professionnelle », ajoute-t-il.
M. Faye nous invite à le rejoindre dans son bureau pour commencer l’entretien. Des trophées gagnés par les membres de la maison du rugby y sont exposés de même que qu’une coupe remportée par les panthères de Yoff, leur club partenaire. En effet, plusieurs membres de ce club sont passés par la maison du rugby. La maison compte 200 membres, « nous tenons à une mixité qu’il y ait autant de garçons que de filles », explique-t-il. Pour lui, la place des filles est aussi importante que celle des garçons. « Le Rugby permet aux filles de s’affirmer, d’avoir confiance en elless. Lors des matchs d’entrainement filles contre garçon, vous voyez des filles qui rentrent dedans les hommes. Ce sport leur permet de ne pas s’écraser devant un garçon » ; affirme Pape Birame Faye.
La pratique du rugby par des filles n’est pas toujours vue du bon œil par la société sénégalaise. Le rugby étant stéréotypé comme un sport de brute, les femmes qui le pratiquent sont forcément découragées par leur entourage. « Si nous n’avons pas de difficultés avec les filles qui sont en petite catégorie, nous avons beaucoup de problèmes pour conserver nos joueuses de la catégorie des moins de 18 ans », nous explique Awa Ndao, la responsable technique et sportive de la maison du rugby. « A cet âge, les jeunes filles deviennent des femmes et c’est difficile de les retenir. Les gens leur disent que le rugby est un sport de contact qui va leur empêcher d’avoir des enfants », poursuit-elle.
Ces remarques et stéréotypes n’ont pas découragés Assy Seydi, capitaine des Lionnes du rugby . Cette jeune femme à la petite silhouette est éducatrice à la maison du rugby mais également internationale dans l’équipe féminine. « On me demande souvent comment je pouvais faire du rugby avec ma petite taille », ce à quoi elle rétorque que « certes on a besoin de certains gabarits à certains postes mais on joue avant tout avec la tête, il faut réfléchir », poursuit celle qui joue comme demi de mêlée. Elle est chargée d’organiser le jeu comme le fait un numéro 10 dans le football.
Selon Assy Seydi, le rugby lui a permis de s’épanouir, de trouver un emploi et de payer son loyer. Elle doit tout à ce sport et compte transmettre son expérience aux générations futures. Son rêve, devenir sélectionneuse de l’équipe féminine de rugby au Sénégal.