Chaque 6 février de l’année, est célébrée la Journée Mondiale contre l’excision. Cette journée a pour but de mobiliser un maximum de personnes, ensuite de les conscientiser contre un rituel jugé archaïque qui est un moyen d’inférioriser davantage les femmes à l’égard des hommes. C’est en ce sens qu’en 2012, l’ONU, a mis en place la Journée Mondiale contre l’excision. Les mutilations génitales féminines (MGF) désignent l’ablation partielle ou totale des organes génitaux féminins externes pour des raisons non médicales.
La pratique de l’excision est ancrée culturellement ou motivée par des raisons religieuses.
Ces interventions sont réalisées très souvent sans anesthésie, et dans des conditions sanitaires désastreuses, impliquant très souvent des complications médicales de type infections et souvent conduisant l’excisée à la mort.
Mais d’autres conséquences peuvent briser la vie de ces jeunes filles, d’un point de vue physique et psychologique : douleurs, saignements, problèmes urinaires, menstruels et sexuels, risque lors d’accouchements et risques d’étouffement pour les bébés, traumatismes, dépression, anxiété, stress post-traumatique.
Les pays les plus touchés par les pratiques de l’excision sont essentiellement en Afrique, dans 27 pays, ainsi qu’en Irak et au Yémen.
Quelques chiffres sur la pratique de l’excision dans le monde.
200 millions de femmes et de filles dans le monde ont subi l’une ou l’autre forme de mutilation génitale féminine.
Si cette tendance perdure, 3 millions de jeunes filles risquent de subir des mutilations génitales féminines chaque année.
44 millions de jeunes filles âgées de moins de 14 ans ont subi des mutilations génitales féminines, principalement en Gambie (56%), en Mauritanie (54%) et en Indonésie, où environ la moitié des filles âgées de moins de 11 ans ont subi cette pratique.
Les pays qui présentent le plus haut taux de prévalence de cette pratique parmi les filles et les femmes âgées de 15 à 49 ans sont la Somalie (98%), la Guinée (97%) et Djibouti (93%).
130 000 millions d’adolescentes et de femmes vivent aujourd’hui avec une MGF.
70 millions sont menacées de l’être car en âge d’être excisées. D’un pays à l’autre, les jeunes filles sont excisées à différentes périodes de leur vie : entre 10 et 16 ans au Kenya, avant 5 ans au Ghana, au Mali, et au Nigéria !!
Les mutilations génitales féminines provoquent des saignements importants et des problèmes de santé tels que des kystes, des infections, l’infertilité, des complications à l’accouchement ou des risques plus élevés de décès chez le nouveau-né.
Les mutilations génitales féminines sont pratiquées principalement sur des jeunes filles entre la petite enfance et l’âge de 15 ans.
Les mutilations génitales féminines violent les droits fondamentaux des femmes et des filles.
Les objectifs de développement durable, et plus particulièrement l’Objectif 5, appellent à mettre un terme aux mutilations génitales féminines d’ici à 2030. La cible 5.3 vise à « Éliminer toutes les pratiques préjudiciables, telles que le mariage des enfants, le mariage précoce ou forcé et la mutilation génitale féminine. »
La lutte au plan international
L’élimination des mutilations génitales féminines a fait l’objet de nombreux appels de la part d’organisations intergouvernementales, notamment l’Union Africaine, l’Union Européenne et l’Organisation de la Coopération Islamique. Elle a également fait l’objet de trois résolutions de l’Assemblée générale des Nations Unies.
Pour lutter contre ce rituel ancestral, différentes actions peuvent être entreprises : sensibilisation à grande échelle, formation des professionnels de santé qui, bien souvent, acceptent encore de pratiquer ces mutilations, collaboration avec les autorités locales, notamment la police, afin de faire respecter la loi. Dans bien des cas, les organisations luttant contre l’excision se heurtent aux praticiens locaux traditionalistes.
Parmi elles, une ONG luxembourgeoise, PADEM, a lancé un projet de défense, d’aide et de soutien aux jeunes filles du Sénégal de la région de Matam. Leur projet consiste à sensibiliser la population locale afin de changer les mentalités, à accompagner les victimes d’un point de vue médical, juridique et psycho-social, à créer des comités de veille et d’alerte afin de repérer et protéger les enfants victimes potentielles, et à reconvertir, si besoin de force avec un appui judiciaire et policier, les exciseuses de la région. Ce projet touche plus de 22 000 personnes.
Résultats sur le terrain.
Grâce aux dispositions prises et aux nombreuses campagnes de lutte contre, la pratique des MGF est de plus en plus décriée dans le monde.
Des interdictions dans 25 pays
Les vingt-cinq pays des trente les plus concernés par la MGF ont adopté des lois ou décrets pour enrayer ces pratiques. Pourtant les politiques de lutte sont loin de toujours porter leurs fruits. Tout d’abord, il semble que dans certains pays à forte prévalence, la pénalisation croissante entraine plus une baisse de la déclaration de la pratique qu’une réelle diminution de cette dernière. Le risque de stigmatisation sociale et d’exclusion du marché matrimonial des filles non mutilées – réputées « sales » ou « obscènes » – peut l’emporter sur les risques de sanction morale (culpabilité de faire subir une telle violence à leurs filles) ou juridique.
Une tendance très variable à la baisse de la pratique
La baisse est d’autant plus marquée que la pratique n’est pas généralisée dans le pays. Ainsi la proportion de femmes mutilées âgées de 15 à 49 ans a chuté de 43 % à 24 % entre 1994 et 2010 en République centrafricaine. Au Kenya, où la pratique minoritaire a notablement reculé, une majorité de femmes sont dorénavant des partisanes de l’abandon de la pratique. Inversement, la résistance est forte dans les pays où les MGF sont une norme à laquelle il reste difficile de déroger, et où les femmes mutilées sont, elles-mêmes, beaucoup plus favorables à la poursuite de la pratique que les autres. Au Mali, en 17 ans, la prévalence n’a reculé que de cinq points (94 % à 89 %). En Égypte, en 19 ans, elle est passée seulement de 97 % à 92 %.