De Thierno Baye DIENE, Matam
Les populations de Bokidiawé, hommes et femmes et même le 3e âge, tout le monde était drapé de rouge pour rejeter vigoureusement les réformes annoncées par le ministère de l’hydraulique qui consiste à remplacer les associations des usagers du forage (ASUFOR) par des comités de pilotage des forages (COPIFOR). « Non aux COPIFOR, Oui aux ASUFOR ! » C’est le slogan scandé par la marée humaine qui a investi les rues de ce village de 10.000 âmes. En effet, l’office des forages ruraux (OFOR) prévoit de confier désormais la gestion des forages en zone rurale à un comité dont le président serait un investisseur choisi par le maire de la commune. Ce qui n’est pas du goût de ces habitants. Abdoulaye Bocoum portait leur parole « ce forage a été construit par les fils de Bokidiawé d’ici et de la diaspora, nous l’avons entretenu jusqu’ici sans aucune rupture dans la distribution alors il est inconcevable que l’Etat vienne nous l’arracher aujourd’hui pour le confier à des étrangers qui vont se faire de l’argent sur le dos de la population »
Dans cette commune située à 50 km au nord de Matam, la parfaite intelligence de la cohabitation a fini de cimenter les rapports entre soninkés et Hal pulaar de ce gros village. Le forage qui était jusque-là soumis à une gestion communautaire vend le m3 à 175 francs CFA en exonérant les couches défavorisées.
Avec l’installation du COPIFOR, la gestion s’annonce rigoureuse et intransigeante ce qui irait à l’encontre de l’esprit de solidarité prôné par les villageois « les écoles élémentaires du village ne payent pas de facture d’eau, de même que les mosquées et les cimetières. Il y a aussi des tarifs spéciaux réservés aux personnes qui s’activent dans les cultures maraîchères sans oublier la situation des couches défavorisées est prise en compte. Voilà pourquoi nous rejetons le COPIFOR » poursuivant dans la même veine Yaya Sare ajoute « si l’Etat veut réellement installer le COPIFOR, il n’a qu’à construire un autre forage à Bokidiawé, mais de grâce qu’il nous laisse gérer le forage que nous avons construit nous-mêmes »
Après avoir déjà boycotté la cérémonie d’installation du Comité de Pilotage des Forages présidée par le sous-préfet de Ogo, les populations de Bokidiawé prévoient d’autres manifestations d’envergure pour faire plier l’état dans sa volonté de remplacer l’ASUFOR par le COPIFOR.
H24
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