La beauté à un prix dit-on et des conséquences parfois et c’est le cas du tatouage. C’est à la mode, le tatouage fait des émules chez les femmes qui se font dessiner des figures sur leurs peaux. Une beauté superflue. Tatouer des mains, des pieds est devenu le gagne pain de bons nombres de jeunes sénégalais. Mais aussi bien les femmes et les tatoueurs ignorent les dangers qui peuvent découler parfois de cette pratique. Les produits mélangés peuvent être à l’origine toxiques.
Il répond à notre interpellation. Son nom Cheikh, teint noir, taille moyenne, habillé en jean trop serré pour un homme sans doute pour se coller à la mode. Rencontré au détour d’une rue du marche HLM. « Grand tu veux te tatouer ». Ma réponse est « non », je lui explique l’objet de ma venue au marché HLM de Dakar en cette mi-journée de ce mardi 5 décembre 2017.
Moi : « Je suis journaliste et je fais un reportage sur le tatouage ».
Lui : « Allons voir mon patron ».
Cheikh est un jeune homme et il est tatoueur au célèbre marché HLM. A peine une ruelle traversée dans ce grand bazar où les véhicules et les taximens se disputent la rue avec les piétons et autres personnes car la chaussée est transformée en étals depuis par les marchands tabliers et ambulants. Nous arrivons à la place de son patron en cette fin de matinée ou le soleil zénithal darde ses rayons. Les lunettes noires, une casquette sur la tête, Adama s’active dans le tatouage depuis six ans. Il l’a appris nous rassure d’emblée. « Le tatouage éphémère comme celui qui dure je l’ai appris et je gagne ma vie avec ça ».
A question de savoir quels sont les mélanges qui entrent dans le produit qui est utilisé pour le tatouage. Adama est explicite dans sa réponse, pas de produit toxiques, « il n »y a pas de produit toxiques, on n’utilise du henné mélangé avec de l’eau uniquement. Je lui rétorque, et les femmes et jeunes filles qui ont des problèmes de démangeaisons après leur tatouage ? Non, ce sont des femmes et des filles qui ont la peau sensible. Ce sont des allergies. Moi qui vous parle ? il m’est arrivé de tatouer des personnes et quelles aient des problèmes de démangeaisons après mais ce n’est pas de ma faute car moi je n’utilise que du henné », rétorque-t-il dans une assurance les yeux cachées par des lunettes de soleil.
Les explications d’Adama, le maître des lieux assis sous une tente dressée à quelques mètres de la rue principale qui va directement vers la mosquée Masalikoun Jinane, sont confortées par son apprenti Cheikh « tu vois nous, on utilise que du henné et rien d’autre que ça ».
A côté d’Adama est assise une jeune dame de teint clair, une casquette qui cache ses cheveux, Alima légèrement maquillée où l’on distingue sur ses sourcilières un fard noir, conforte les propos des deux tatoueurs. « Moi je fais le tatouage des sourcils mais, il ne m’arrive rien pourtant, c’est un problème d’allergie je pense pour certaines peaux et rien d’autres », explique cette demoiselle le visage rond, le front un peu en avant, le leggings quelle porte bas au niveau de la taille laisse apparaître son nombril et les rondeurs de ses hanches.
Et, pendant tout ce temps, Cheikh est en train de s’activer sur les mains d’une jeune fille de teint clair, elle aussi. Elle s’appelle Hassanatou, le voile sur la tête, un jean et un body qui descend jusqu’aux hanches pour ne rien dévoilé de sa forme. Hassanatou en compagnie de sa grande sœur Mariama, est venue se faire tatouer les mains et les pieds. « Elle s’est mariée il y’ a sept mois et son mari doit venir, il est émigré en Guinée Equatoriale ». D’origine guinéenne, Hassantou n’a aucune idée des conséquences dangereuses qui pourraient découler des produits toxiques quelle est en train de verser sur son corps. « Non, c’est juste un petit tatouage, rek nous livre la grande sœur. Elle choisie la couleur rouge mais sa sœur la dissuade tu as une peau claire le noir te vas bien elle fait ressortir la beauté de ta peau. Je ne pense pas que c’est grave c’est du henné même nos mamans l’utilisent. Mais nous sommes venues ici, car on ne sait pas faire ces dessins qui sont beaux sur la peau », souligne Mariama.
Resté sur notre faim, nous poursuivons notre enquête à un jet de pierre de la place d’Adama est assis sur un banc Aly, le teint clair le bras gauche marqué par un tatouage de couleur marron un dessin dont lui seul peut expliquer, occupe tout l’avant bras jusqu’au coude droite. Il s’active sur les mains de Mame Boury, une femme mariée qui venue en cette fin de matinée au grouillant marché HLM pour se faire belle. Elle est à son troisième enfant. Depuis mon premier accouchement, « je récupère vite après. C’est pourquoi, je suis sortie pour venir me faire tatouer juste les mains et les pieds histoire de se faire belle pour jeudi, jour de mon baptême. Et, tu connais les substances utilisées par ces tatoueurs. ? Non c’est du henné simplement. Et, il ne t’ai jamais arrivé d’avoir des complications de peau après ? Non, répond avec assurance, cette femme, le voile sur la tête, le teint noir ». Durant tout ce temps, Aly lui a les yeux rivés sur son art qu’il a certainement appris sur le tas. « Tu vois, c’est seulement le henné, il se trouve maintenant que certaines femmes ont des problèmes de peaux », précise ce profane.
Jolis mais dangereux, le tatouage est prisé par les femmes et ça leur donne une certaine beauté. Mêmes, si certaines personnes jugent ces produits trop toxiques pour la peau.
Les tatoueurs eux se cramponnent à leurs idées. « Il n’y a pas de produits toxiques qui entrent dans le mélange. Il y a juste des peaux allergiques et sensibles. Rien d’autres ».
Mais pour le Médecin dermatologue Assane Diop de l’Institut d’Hygiène social de Dakar, ex Polyclinique, « certaines peaux peuvent être allergiques au henné si c’est le henné. Et, dans pareil cas, il recommande, aux femmes surtout d’aller voir avant de se faire tatouer, un spécialiste, un dermatologue par exemple pour un test allergologique pour voir si le henné est allergique à la peau de la personne ou pas ».
Toutefois pour éviter ces genres de réactions sur la peau, Docteur Diop conseille aux femmes d’aller se faire tatouer auprès des professionnels et éviter de laisser sa peau à des profanes.