Suite au coup de force de l’armée zimbabwéenne survenu dans la nuit du mardi 14 au mercredi 15 novembre contre le Président Robert Mugabe, l’ancien vice-président Emmerson Mnangagwa va prêter serment ce 24 novembre comme nouveau Président de la République du Zimbabwe.
Le Zimbabwe a obtenu son indépendance le 11 novembre 1965. Depuis ce jour, le pays n’a connu qu’un seul Président Robert Gabriel Mugabe qui a été contraint de démissionner après 37 ans de régime autoritaire. Ce vendredi 24 novembre 2017, le Zimbabwe met un point final au règne de Mugabe et ouvre ainsi, une nouvelle page de son histoire. Son successeur, Emmerson Mnangagwa, sera investi lors d’une cérémonie qui se veut grandiose, dans le plus grand stade de la capitale, Harare, le National Sports Stadium, d’une capacité de 60 000 places. Les dizaines de milliers de personnes qui y étaient réunies ont accueilli Emmerson Mnangagwa, qui y est rentré, le poing levé, avec une immense acclamation.
Le parti au pouvoir, la Zanu-PF, a convoqué les Zimbabwéens de tous bords à partir de 8h30. « Venez et soyez les témoins de l’Histoire en marche, nos premiers pas dans une nouvelle ère et un pays meilleur conduit par notre camarade adoré ED Mnangagwa ».
Doute sur la participation de Robert Mugabe
Toutefois, rien ne laisse penser que Robert Mugabe fera partie de la ‘’fête’’. En effet, depuis dimanche, Robert Mugabe n’a pas été vu publiquement. Selon le journal gouvernemental The Herald, Mnangagwa et Mugabe sont convenus que le président déchu n’assisterait pas à la cérémonie d’investiture de son successeur. Emmerson Mnangagwa a assuré à Robert Mugabe que ce dernier ainsi que sa famille seront en sécurité dans le pays, assure encore The Herald.
En 1980, c’est un autre stade de la capitale qui avait accueilli la cérémonie d’indépendance du Zimbabwe, en présence bien sûr de Robert Mugabe, mais aussi du chanteur Bob Marley, du prince Charles et d’une dizaine de chefs d’Etats.
Faste moindre que pour l’indépendance
Pour cette cérémonie, aucun membre de la famille royale n’a prévu le déplacement. L’ancienne puissance coloniale sera représentée par son secrétaire d’Etat chargé du développement, Rory Stewart.
Idem pour Jacob Zuma, le président sud-africain, qui a décliné l’invitation de son pays voisin, au motif qu’il reçoit au même moment son homologue angolais, Joao Lourenço. A la place, il a dépêché son ministre des communications.
Depuis le début de la crise, Emmerson Mnangagwa a prononcé un seul discours dans lequel il a promis de s’atteler rapidement à la tâche. « Nous voulons relancer notre économie, nous voulons des emplois », a-t-il déclaré devant ses partisans, sans détailler son programme.
Son profil tempère toutefois les enthousiasmes. Emmerson Mnangagwa, 75 ans, un fidèle parmi les fidèles du régime, a longtemps exécuté sans sourciller la politique répressive de l’ancien Président.
L’opposition absente de la cérémonie
Emmerson Mnangagwa que les zimbabwéens surnomment « le Crocodile » a pour l’instant montré un visage souriant, promettant d’être le « serviteur du peuple ». Il a imploré jeudi soir les zimbabwéens « à rester patients et à se garder de toute vengeance ». La veille, il avait appelé « tous les zimbabwéens patriotes à se réunir, à travailler ensemble ».
Morgan Tsvangirai à la tête du Mouvement pour le changement démocratique (MDC) n’a pas été convié à la cérémonie. Le chef de l’opposition a affiché sa préférence pour la mise en place d’un gouvernement d’union nationale jusqu’aux élections prévues en 2018, mais a assuré qu’aucune discussion n’était engagée.