De Chérif Abdou Aziz TOURE, Tivaouane
Son nom est associé à tout jamais à celui de Tivaouane et à la confrérie Tidiane. El Hadj Malick Sy a laissé ses empreintes indélébiles à l’histoire de l’Islam et du Sénégal. Il a transformé beaucoup de disciples en hommes de Dieu capables à leur tour de transmettre à d’autres l’enseignement du Saint Prophète Mohamed (PSL) et de son petit-fils, pôle des saints Cheikh Ahmed Tidiane Chérif (RTA). Retour sur les traces d’El Hadj Malick Sy depuis son arrivée à Tivaouane. Un homme que beaucoup de commentateurs assimilent à une réincarnation de l’imam Malick, fondateur du rite malikite de par sa rectitude et sa science mystique à la dimension incommensurable.
L’origine du nom Tivaouane est liée selon la tradition orale à une prédiction prémonitoire. Le terme qui renvoie à l’expression pulaar « sou waaouane kono maaouane » signifie : « en ce lieu n’existe pas encore, mais il sera ». Il commémore la bénédiction d’un grand homme de Dieu de l’ethnie peulh, très satisfait de l’hospitalité dont il fut l’objet durant un petit séjour dans la localité.
Cheikh Seydi El Hadj Malick Sy donnera à cette prophétie une réalité apodictique en faisant de cet ancien terroir « Tiédos » : païens résolument hostiles à l’Islam, l’un des plus grands sanctuaires de la Tidianiya dans le monde musulman, une cité du savoir, un trait d’union entre l’Afrique occidentale et le Maghreb. Le petit village de Tivaouane devint en 1902, date à laquelle le saint homme s’y fixa, un ardent foyer à partir duquel rayonne et se fortifie la religion islamique au Sénégal. La ville sainte de Tivaouane est ainsi devenue un haut lieu de pèlerinage où affluent chaque année des centaines de milliers de pèlerins pour célébrer le Maouloud qui commémore la naissance du Sceau des Prophètes Seydina Mohamed (PSL). Héritage que les descendants du Cheikh : fils et petits-fils ont su consolider, donnant ainsi à la sainte ville toute sa dimension spirituelle.
Dès son installation dans la cité, le nombre toujours croissant de ses adeptes lui donna l’idée d’y construire une mosquée.
Respectueux des règles et de la procédure administrative, il demanda et obtint par l’entremise de Diocounda N’Diaye, le chef de l’escale, l’autorisation d’édifier une mosquée par un arrêté du Gouverneur du Sénégal le 17 février 1903. Il en assura la tracée : un bâtiment long de 16m et large de 11m sur un terrain de 120m² de superficie. Ce fut un véritable projet communautaire à la gloire de Dieu réalisé de main de maître par des ouvriers Lébous et Saint-Louisiens avec la participation de toute la population musulmane de la cité. En 1904, le travail était terminé, El Hadji Malick Sy y effectuait la première prière du vendredi à côté de son imam Ratib, Serigne Atoumane N’Diaye. La tradition rapporte qu’il avait en la circonstance récité la sourate « Yassine ». Aujourd’hui centenaire, ce bâtiment qui résiste encore à l’érosion et aux intempéries présente un intérêt et mérite d’être classé parmi les monuments historiques du Sénégal. L’administration coloniale lui accordait également le 03 aout 1903 l’autorisation d’ouvrir un « Daara ». L’année 1904 marque également la venue au monde d’El Hadji Abdoul Aziz Sy, septième fils du Cheikh avec Sokhna Safietou Niang.