De Alioune Badara SALL, Rufisque
Dans un communiqué en date du 20 septembre 2017, le préfet du département de Rufisque, suite au démarrage du Projet Train Express Régional (TER), somme les personnes affectées par ledit projet et ayant perçu leurs indemnités de libérer l’emprise, conformément aux sommations qui ont été servies, qui expirent le lundi 25 septembre 2017.
Cette mesure n’est pas du goût des populations concernées par cette mesure de démolition. Au quartier Guendel, les habitants prient pour que les autorités reviennent sur cette décision. Entre autres raisons avancées, ces personnes ne souhaitent pas quitter leurs maisons ou concessions dans lesquelles elles habitent depuis belle lurette. Ce qui ne les agrée pas à se soumettre à la mesure prise par l’autorité administrative.
Le vieux Diouf, sur un air de mépris, nous fait savoir que si l’autorité prend une telle décision, il n’y-a rien qu’on puisse faire . Toutefois, il trouve anormal qu’ils se voient obliger de quitter leurs maisons. « foo deukk ba xeuy déé kay yomb na, lii daal moom amougnou ci xalaaat ndax gnakk pexe », se désole-t-il.
Non loin de là, dans la famille Watt, ils ne savent plus où donner de la tête, tellement ils sont surpris par cette mesure de démolition. Ils soutiennent d’ailleurs n’être pas très au faîte de ce qui se passe. Il y a quelques jours, des personnes se sont présentées chez eux pour effectuer des mesures en leur signifiant que la moitié de la maison sera démolie avant de revenir plus tard pour dire que c’est toute la maison qui sera concernée. Cette maison d’environ 300 mètres carrés fera partie de celles qui seront traversées par le projet TER. L’ainé de la famille Watt soutient qu’ils ne peuvent rien faire face à la décision des autorités mais en demande une clémence. « Nous habitons ici depuis des années, nous sommes nés ici et avons grandi dans la maison. Si on quitte ici pour aller ailleurs, le voisinage va changer. L’éducation des enfants sera perturbée. Mon frère, on veut rester chez nous. Mais pour un train qui va jusqu’à Diamniadio, on veut nous faire quitter, c’est dur ». L’inquiétude de ces populations est telle qu’ils sont prêts à refuser toute offre pour rester chez eux. « Même à un million de francs le mètre carré, nous refusons. Où peut-on trouver une maison comme celle-là », se demande-il.
Dans le communiqué, le préfet rappelle les personnes concernées à se rapprocher de la commission départementale de recensement et d’évaluation des Impenses (CDREI). Les recensements se poursuivent tous les jours dans les locaux de la maison TER, installés à la gare de Rufisque.
Mais ces populations ne sont pas d’accord avec ce dédommagement qui ne leur permet pas d’avoir une autre maison ailleurs car selon eux, il leur a été proposé 27 mille francs CFA par mètre carré pour les Titres Fonciers (TF). « Non, ils nous ont plutôt imposés ce prix là », martèle Issa Koné, ainé de la famille Koné dont la maison est concernée par la démolition. Ce dernier, se rappelle-t-il, nous fait savoir que personne n’était d’accord sur le prix par mètre carré. « Après, ils reviennent pour nous parler de dédommagement alors qu’il n’y a pas eu d’accord entre les concernés et les autorités ».
Dans ces familles, les personnes touchées sont aussi préoccupées par la dislocation des familles où certains tirent difficilement le diable par la queue. Au sortir de leur rencontre à la salle des fêtes de Rufisque, un collectif à été mis sur pied pour défendre leurs intérêts. Mais, cela n’a pas empêché les autorités de mettre en application leur mesure.
Les personnes concernées par cette mesure ont jusqu’à ce lundi 25 septembre 2017, délai de rigueur, pour réunir les papiers pour être dédommagés au niveau de la commission sise à la gare de Rufisque. Seulement, certains d’entre eux n’ont même pas encore ces documents qui sont, pour certains, difficiles à réunir. Ces personnes qui sont sur le tracé du TER semblent n’être pas informées car pour certains les autorités leur ont demandé de trouver une location qui sera prise en charge pendant 6 mois par l’Etat. Et au terme desquels, la prise en charge prendra fin, pendant que d’autres soutiennent autres choses.
Dans tous les cas, ces populations ne dorment plus du sommeil du juste car vivent au quotidien sous la menace d’un déguerpissement et de voir leurs maisons démolies.
Ils ne manquent pas de formuler leur volonté : « Qu’ils nous laissent ici. Ou bien qu’ils nous relogent ailleurs mais nous donner de l’argent pour que nous seuls allions chercher des maisons ou des locations, ce n’est pas sûr. Il est difficile de trouver une maison de nos jours. Même à un milliard le mètre carré, nous préférons rester dans nos maisons », s’inquiète M. Watt.
Nos tentatives d’avoir la réaction du bureau du Train Express Régional sont restés vaines..
Passé le délai fixé ce lundi, les opérations de démolition débuteront le mardi 26 septembre 2017, selon les termes du communiqué du préfet du département de Rufisque, Baye Oumy Gueye.