Dans la foulée de l’arrestation de la chanteuse Amy Collé Dieng et de la dame Penda Ba, Amadou Seck a également été placé en détention provisoire. Il est l’administrateur du groupe WhatsApp « Sénégal ak Karim », canal par le biais duquel Amy Collé Dieng a tenu des propos qui l’ont conduit en prison. Certains internautes s’interrogent sur la responsabilité de l’administrateur du groupe Whatsapp.
Si cet internaute pose cette question, c’est qu’en réalité l’administrateur d’un groupe WhatsApp n’a quasiment pas le pouvoir de filtrer les éléments qui sont postés dans le groupe. En effet, l’administrateur d’un groupe Whatsapp ajoute les membres au groupe, anime parfois la discussion, fixe le cadre du groupe et assure la modération. Cependant, si des messages textes sont supprimés d’un groupe, aucun membre ne pourra les lire (à moins qu’il ait déjà fait une capture d’écran). Ce qui n’est pas le cas des fichiers audio et vidéo. Ils sont reçus simultanément par tous les membres du groupe. Il n’a pas le pouvoir de supprimer le fichier audio vidéo que chacun des membres garde dans son smartphone une fois téléchargée.
Ce pouvoir si limité d’un administrateur est la principale raison de l’étonnement de certains internautes. « Nous sommes ou plutôt ils sont en train de donner à l’administrateur d’un groupe what’sapp une responsabilité et un pouvoir qu’il n’a pas » commente un internaute qui fait allusion à l’arrestation d’Amadou Seck par la justice sénégalaise. « Et même la modération est à revoir », renchérit cet autre internaute.
Qu’en dit loi ?
Selon l’avocat Me Bamba Cissé qui s’est exprimé dans les colonnes du journal L’Observateur, « les groupes d’échanges Whatsapp fermés entre amis, ne peuvent être considérés comme publics. C’est plutôt un enregistrement destiné à un groupe de personnes dans un cadre purement privé. » Il rappelle cependant que ce sont ceux qui font sortir un enregistrement pour l’exposer sur la place publique qui doivent être poursuivis. Il poursuit que l’auteur de l’enregistrement dans ce cas de figure, est une victime car ayant tenu les propos incriminés dans un cadre privé.
Pour des raisons liées à leur origine et les causes décrites par la loi, la réforme du code pénal a introduit des dispositions (articles 431-43 et suivants) qui prévoient des sanctions allant jusqu’à 7 ans d’emprisonnement et une amende de 10.000.000fcfa. Si l’écrit émane d’une personne non identifiée par l’enquête, les administrateurs du site sont considérés par la loi comme auteurs principaux des faits.
L’arrestation de personnes ayant envoyé des fichiers dans un groupe Whatsapp n’est pas inédit. Ouleye Mané, journaliste à Lamp Fall Tv, croupit encore prison pour avoir partagé un photomontage jugé obscène, du chef de l’Etat.