De Adama SENE, Saint-Louis
Après l’affaissement d’un pan du mur de protection à Santhiaba et le risque permanant d’envahissement de la mer de la Langue de Barbarie, l’agence de promotion du réseau hydraulique national et les autorités locales ont organisé une audience publique pour la validation du rapport de l’étude d’impact environnemental et social des travaux d’urgence de protection côtière des quartiers de la Langue de Barbarie. Une occasion pour les populations impactées et les associations de quartier de s’interroger sur les nombreuses incohérences de l’étude, même si le cabinet a tenté de les rassurer pour la suite du projet.
L’exposé des experts du cabinet en charge de l’étude d’impact environnemental et social des travaux d’urgence de protection côtière des quartiers de la Langue de Barbarie n’a pas convaincu les populations impactées. Les participants à l’audience publique n’ont pas été satisfaits et l’ont fait savoir à ces derniers. Pour certains intervenants dont des conseillers municipaux et des représentants d’associations de Guet-Ndar et environs, il y a beaucoup d’incohérences dans l’étude. A en croire le conseiller municipal et natif de Santhiaba, Abdoulaye Ndiaye, le rapport d’étude d’impact environnemental et social présenté au public n’est pas complet. « Les aspects les plus importants ne sont pas pris en compte dans le rapport. Pour preuve, le cabinet ne s’est prononcé ni sur le nombre de maisons à déguerpir, ni sur les indemnités qui seront allouées aux familles impactées par le projet. C’est pourquoi nous sommes restés sur notre faim parce que les consultations faites sur le terrain devraient au moins permettre au cabinet d’avoir une idée sur ces données. Pourtant si ces questions ne sont pas réglées en amont, elles peuvent être demain les sources de blocage ou de tension dans l’exécution des travaux » a-t-il averti. Sur ce même ordre d’idée, le représentant du conseil de quartier de Guet Ndar, n’a pas cherché loin pour charger le rapport des experts du cabinet qui a effectué l’étude. Selon lui, le rapport a « oublié » de mentionner où seront arraisonnées les pirogues après la réalisation de l’ouvrage. « Le garage du pêcheur, c’est la plage. Malheureusement entre Guet-Ndar et Goxu mbacc, il n’y a plus de plage puisque la mer a tout englouti. Mais les exposants se sont tus sur ce point, alors que des milliers de pirogues sont concernées. Aucune association de pêcheurs n’a été consultée pour recueillir son avis sur la question. Donc avant de valider quoi que se soit, il faut rectifier le tir parce que cette situation n’augure rien de bon » a déclaré M. Fall. Les femmes des sous quartiers de la Langue de Barbarie, ont également déploré la non prise en charge de leurs préoccupations par le rapport d’étude d’impact environnemental et social des travaux d’urgence de protection côtière de la localité. Pour la représentante des femmes transformatrices, leur site de travail sera fortement impacté par le projet et rien de concret n’a été mis entre leurs mains pour la poursuite de leurs activités économiques. « Nous ne sommes pas rassurées par le rapport. Certes nos vies sont en menace avec l’avancée effrénée de la mer, mais on devrait nous dire exactement où nous serons relogées et les mesures d’accompagnements prévues pour sauver nos activités » a-t-elle martelé. Le sort des enfants des familles impactées par les futurs travaux, a été mis sur la table par la conseillère municipale Ngoné Thioune. Selon cette dernière, le déplacement d’enfants en âge d’éducation nécessite un accompagnement social qui n’a été nullement évoqué par les experts dans leur présentation. Pour toute réponse aux nombreuses interpellations, l’ingenieur, Aly Tounkara et ses collègues ont promis d’œuvrer pour que toutes les personnes touchées par le projet soient bien indemnisées. Il faut signaler que les travaux consistent à la construction d’une digue de protection sur 3,5 km entre entre Guet-Ndar, Santhiaba et Goxu mbacc, en attendant ceux programmés par le gouvernement et ses partenaires financiers.