A quelques jours de la Tabaski, Dakar est comme envahie par des hordes de moutons. Les points de vente essaiment dans la capitale. Ces lieux où sont vendues les bêtes qui seront sacrifiées le jour de l’Aïd El Kabir sont également un endroit où d’autres business périphériques se développent.
Au point de vente du stade Léopold Sédar Senghor, Boubacar Déme est accoudé sur sa canne, interrogeant du regard les passants qui seraient intéressaient par l’achat de ses bêtes. Ils sont arrivés dans la capitale depuis la veille en provenance de Ndioum. Pour le moment, les clients se font désirer, « depuis que je suis arrivé, je n’ai vendu que 3 moutons », se plaint-il tout en caressant du regard ses bêtes.
A quelques mètres de lui, Ndiogou tire fièrement son mouton qu’il vient d’acheter. Pour lui le prix est abordable, « l’année dernière le mouton que j’avais acheté était sensiblement plus cher. » Néanmoins, il trouve ces moutons dits « thiogal » un peu rachitiques. « Ils n’ont pas un embonpoint », dit-il. Un peloton de petits garçons est derrière « l’aidant » à transporter le mouton qui se débat et ne semble pas vouloir quitter ses congénères. En vérité, leur coup de pousse n’a rien de gratuit, ils espèrent une petite récompense de la part de Ndiogou. « Je lui ai vendu la corde à 100 franc », dit un des petits garçons qui semblent satisfait de sa transaction.
Près des cars dits « Ndiaga Ndiaye » qui stationnent près du point de vente, un charretier vient approvisionner les vendeurs de moutons en eau. Il vend le fût à 2 000 francs CFA. « Ici nous avons un énorme problème d’eau, c’est un vrai calvaire. Regarde comment les moutons ont soif », dit Mamadou Ba, vendeur de moutons « thiogal », tout en pointant du doigt une horde de moutons qui se précipitent pour se désaltérer.
Le charretier quant à lui se frotte les mains. En temps normal, il est commerçant, mais a préféré mettre ses marchandises de côté pour se consacrer à la vente d’eau durant cette période de fête. « Je fais près de vingt voyages par jour avec deux fûts remplis d’eau. Je vais aux parcelles assainies pour m’approvisionner puis je viens revendre l’eau en raison de 2000 franc le fût », affirme-t-il avec un large sourire qui laisse apparaître ses dents saumâtres.
Les charretiers vendeurs d’eau ne sont pas les seuls à profiter de la présence des éleveurs, les restauratrices renflouent également leurs bourses. Astou Faye est l’une d’entre elles, nous l’avons trouvée sous un petit hangar lui servant de restaurant. Elle y cuisine différents mets qu’elle vend aux apprentis, chauffeurs et leurs nouveaux voisins, les éleveurs de moutons. « Les affaires marchent bien », dit-elle tout en servant un plat de Thiébou dieune à son client. Ce dernier a déjà commencé à dévorer des yeux le met, le plus prisé des sénégalais.
Les vendeurs de jus de fruit, d’eau et autres profitent aussi de la présence des vendeurs de moutons pour augmenter leur chiffres d’affaires. Cependant, ces derniers ne voient pas d’affluence de la part des clients. Ils espèrent que durant les quelques heures qui les séparent de la Tabaski, les clients rueront vers leurs moutons.