Elles sont toutes les deux présentes dans le syndicalisme depuis des années. Elles ont toutes les deux baignées dans le mouvement syndical encore marqué par une forte présence des hommes au sommet. Elles partagent leurs parcours de femmes syndicalistes avec nous. Il s’agit de Fatou Bintou Yaffa présidente du comité femme de la CNTS (Confédération nationale des Travailleurs du Sénégal) et de Coumba Loum, membre du SUDES (Syndicat Unitaire et Démocratique des Enseignants du Sénégal).
Elles ont adhéré au syndicalisme pour un même idéal : la défense des intérêts des enseignants et l’équité. Coumba Loum, membre du SUDES et secrétaire générale de la mutuelle de santé dudit syndicat, a été fascinée par la figure du défunt Iba Ndiaye Diadji. Elle a d’ailleurs décidé en 1992 d’intégrer le syndicat de ce dernier et d’y militer. Pour elle, les débuts n’étaient pas difficiles car « il n’y avait pas de différence entre les anciens et les nouveaux. »
A contrario de Coumba Loum, Fatou Bintou Yaffa a dû se battre à ses débuts pour se faire une place dans son syndicat, le SNEEL/CNTS. « En tant que jeune à l’époque, j’avais compris qu’on n’avait pas notre place, c’était réservé aux anciens », affirme celle qui a adhéré au Sneel en 1984 avant de commencer à diriger une section en 1990. Fatou Bintou Yaffa a été encouragée par son directeur d’école qui voyait en elle les germes d’une future syndicaliste. Il avait vu juste car elle est devenue aujourd’hui la présidente du comité femme de la centrale syndicale la plus représentative au Sénégal (CNTS), où elle porte également le combat des femmes. « En tant que femme c’est plus difficile, ce sont les hommes qui décidaient pour nous et désignaient celles qui devaient nous représenter » dit-elle. Une donne qu’elle va essayer de changer dès son accession au département des femmes.
La maternité et le rôle d’épouse sont des boulets au pied des femmes syndicalistes qui les empêchent de gravir les échelons de ce milieu encore très masculin. En effet, d’ailleurs elles ratent selon Coumba Loum, certaines réunions qui tirent en longueur pour finir tard dans la nuit. « Elles sont plutôt nombreuses à la base, elles se mobilisent et sont engagées mais sont minoritaires au sommet. Ce sont les hommes qui sont plus présents dans les instances de décision », confie Coumba Loum à propos de la présence et l’implication des femmes dans les syndicats. Elle estime cependant que les choses changent positivement depuis la mise en place en 2007 du département genre et équité.
Selon la présidente du comité femme de la CNTS, par ailleurs secrétaire générale du SNEEL/CNTS, Fatou Bintou Yaffa, les femmes doivent se surpasser et ne pas commettre les mêmes erreurs que les hommes. « C’est la raison pour laquelle je dis que nous sommes plus intelligentes que les hommes en raison de notre capacité à contourner les difficultés. » affirme-t-elle avec un petit sourire moqueur.
« Au niveau du bureau confédéral, on a 33% de représentativité des femmes », informe Fatou Bintou Yaffa. Des chiffres qui corroborent les propos de Coumba Loum qui affirme que les femmes restent minoritaires. Cependant, Fatou Bintou Yaffa affirme que son objectif est d’atteindre au prochain congrès, la barre des 50% de représentativité dans le bureau confédéral.