Bien que le Sénégal se prévaut d’une expérience électorale centenaire, il n’est pas pour autant épargné par la violence politique en générale et électorale en particulier. En effet, à une semaine du scrutin législatif prévu le 30 juillet, une série de violences continue d’émailler la campagne électorale. Des gourdins, des couteaux, et même des armes à feu sont de plus en plus utilisés par « de gros bras » ou de nervis recrutés par certains candidats pour assurer leur sécurité.
Le 18 juillet 2017, la situation a dégénéré à Rufisque entre militants de la majorité conduite par le ministre de la pêche Oumar Gueye et ceux de la coalition Mankoo Taxawu Sénégal. Après Rufisque, c’était au tour de « Osez l’avenir », dont la liste est dirigée par la socialiste et maire de Podor, Aissata Tall Sall, d’être attaqué à Oréfondé à Podor, où une voiture et du matériel de sonorisation ont été saccagés. Des violences similaires avaient déjà éclaté quelques jours plus tôt dans différents quartiers de Dakar notamment à Grand Yoff, quartier réputé être le fief du maire de Dakar et tête de liste nationale de Mankoo Taxawu Sénégal en prison ; localité où il y a eu affrontements entre ses partisans et ceux de la coalition Benno Bokk Yaakar. De plus l’utilisation de nervis, ces affrontements entre différents partis ne sont que des moyens pour intimider l’adversaire politique.
Déjà l’ancien Président Abdoulaye Wade, tête de liste nationale de la coalition Gagnante Wattu Sénégal appelle à marcher le mardi 25 juillet à Dakar de la place de l’indépendance à la place Washington, pour réclamer la distribution des cartes nationales d’identité avant le jour du scrutin. Appel qualifié par certains responsables de la majorité d’incitation à la violence, alors que certains partis de l’opposition adhérent à cette initiative.
Et pourtant en 2012 sous le régime libéral, Ousmane Ngom, alors ministre de l’Intérieur avait sorti un arrêté pour interdire toute manifestation devant le ministère de l’Intérieur.
Ainsi donc, ces élections présentent ce paradoxe d’être à la fois une source d’instabilité, mais aussi un facteur de paix et de stabilité en ce sens qu’elles peuvent fonder la légitimité du pouvoir des futurs députés qui vont représenter le peuple à la 13ème législature.
Mais comment comprendre le comportement de la plus part des candidats à la députation, face à cette recrudescence de la violence dans le paysage politique ? Ces candidats qui aspirent à opérer une rupture radicale d’avec la 12ème législature qualifiée par certains députés sortants de la majorité (Moustapha Diakhaté) de plus nulle de toutes les législatures.
Ces violences constatées depuis le début de la campagne sur toute l’étendue du territoire national si l’on n’y prend garde, pourraient compromettre l’avenir même du processus de démocratisation, car elles limitent la participation politique, sur-sollicitent les forces de l’ordre et ébranlent la confiance du citoyen ordinaire dans la trajectoire démocratique.